Cette situation a
influé directement sur le prix du kilo de miel qui a grimpé ces derniers jours
pour atteindre les 4500 DA, contre 2500 l'année passée. Si pour les uns cette
régression est due principalement aux changements climatiques où l'absence de
pluie a influé sur la floraison, d'autres par contre l'imputent à l'utilisation
de pesticides que les agriculteurs utilisent pour traiter leurs récoltes.
Amghar Mohamed, un apiculteur de la région de Ténès nous dira que «60% de mon
rucher installé à proximité de terres agricoles et de vergers a été décimé à
cause des pesticides utilisés par les exploitants agricoles». Mais notre
interlocuteur ne minimise pas pour autant l'impact des changements climatiques
sur la production de miel. A ce sujet, il dira : «les années de sécheresse
n'ont pas causé beaucoup de dégâts pour peu que l'apiculteur nourrisse au sucre
son rucher pendant la disette». La preuve, nous confie-t-il, «j'ai pu sauver
plus d'une quarantaine de ruches en les déplaçant aux abords d'une foret loin
des terres agricoles ou de vergers». En effet, de nombreux apiculteurs, après
s'être lancés dans la filière, souhaitent uniquement préserver leurs ruches
dans l'attente de jours meilleurs. Par ailleurs, il faut dire que c'est un
véritable dilemme pour les services agricoles confrontés entre la nécessité
d'assurer une lutte efficace contre les ravageurs des cultures et vecteurs de
maladie par l'utilisation de pesticides de plus en plus performants -par
conséquent dévastateurs pour les abeilles- et la préservation des ruchers. Pour
les apiculteurs, les pouvoirs publics doivent s'engager à réduire les
pesticides pour stopper la mortalité non seulement des abeilles mais aussi les
insectes, les oiseaux, l'air, l'eau, les poissons..et l'homme bien entendu. De
même, il apparaît urgent que des recherches éco-toxicologiques doivent être
entreprises pour deux raisons principales. D'abord pour déterminer l'impact des
pesticides sur les écosystèmes, ensuite pour développer des méthodes
d'évaluation du risque.