Dans le courant de
la première moitié du mois de mars la gendarmerie de Tlemcen (cellule
protection du patrimoine culturel) a alerté l'Office national de gestion et
d'exploitation des biens culturels protégés (Sites et musées de Tlemcen) sur la
découverte d'un site archéologique signalé par un citoyen natif de la région de
Sidi-Medjahed, dans la daïra de Béni-Boussaïd, en l'occurrence M. Ounene
Abdelkader. Celui-ci se dit passionné pour l'histoire et s'intéresse à la
période de la révolution algérienne dans cette région. « Nous nous sommes
rendus sur les lieux en compagnie d'agents de la cellule de protection des
biens culturels et ceux de la brigade de gendarmerie de Sidi Medjahed, en vue
de localiser, identifier et dresser un état des lieux du site a priori inédit.
En effet, sur un éperon -difficile d'accès- formé par un méandre de oued Tafna
et à un kilomètre à l'est environ du village cité, nous avons constaté des
canalisations le long du cours d'eau, puis les vestiges de murs en pierre
taillée de grès et de moellons liées à de la chaux érigés sur les bords de
l'escarpement dominant l'oued au nord et au sud. De nombreuses pierres jonchent
la rive gauche. J'ai relevé une inscription latine gravée sur une pierre de
maçonnerie (VERECVNDE) accompagnée de signes, ainsi qu'une autre marque gravée
sur une deuxième pierre taillée qui sont des marques de tâcherons. Les murs
sont percés d'ouvertures d'accès dominant la rive gauche », a expliqué ce lundi
à notre journal, M. Chennoufi Brahim, archéologue, conservateur en chef du
patrimoine culturel et responsable des sites et musées de Tlemcen. Les
recherches bibliographiques en rapport avec le site ont par la suite attesté la
période à laquelle doivent être rattachées les structures maçonnées. « A la
lumière de ces constats, les structures en pierre dateraient de la période
tardive de l'époque romaine (Ve- VIe siècles). Comparativement aux photos de
l'époque illustrant l'article, le site paraît avoir subi bien des dégradations
qui me paraissent récentes, dues à des labours, entraînant le charriage de
quantités de pierres en contrebas du promontoire sur la rive du cours d'eau. En
conclusion, il s'agit d'une redécouverte d'un site archéologique attesté et
fouillé dans les années 50 mais oublié depuis l'indépendance. Il est à
remarquer qu'en bas de ce plateau incliné de 2 hectares et au niveau du cours
d'eau, les canalisations anciennes et modernes (l'une sur la rive droite et
l'autre sur la rive gauche longeant l'oued) sont hors de ces repères. Autres
vestiges probables : barrage romain (digue) dans le lit de la Tafna au niveau
de la coudée du méandre », a ajouté M. Chennoufi. Ce site, qui vient allonger
la liste des biens culturels de Tlemcen, revêt donc une valeur archéologique
significative et constitue un bien culturel certain qu'il y a lieu de préserver
et de protéger contre toutes formes d'agression ou d'exploitation destructive,
y compris les labours.