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La Banque Africaine de Développement veut renforcer sa coopération avec l’Algérie

par Yazid Ferhat

La BAD qui fête cette année le 50ème anniversaire de sa création dispose d’un capital social de 100 milliards de dollars US et compte
80 pays membres dont 54 pays africains.

Le 30 septembre la Banque africaine du développement (BAD) célèbrera ses 50 années d’existence. Pour El Hadj Boubacar Traoré, représentant résident en Algérie de la BAD, Il s’agit d’ «une des plus belles réussites de l’Afrique au cours des 50 dernières années». Tout a commencé lorsqu’une vingtaine de pays, au lendemain même de leur indépendance, se sont mis en ensemble avec les moyens du bord à l’époque (1963), pour créer la Banque africaine du développement. Durant ce demi-siècle d’existence (1964), la BAD a initié de nombreuses actions au profit des pays africains en difficulté. Elle a également participé de façon soutenue à l’effort de réalisation d’infrastructures dans des pays africains aux revenus faibles.

Au cours de son passage à l’émission «l’Invité du direct» de «Radio M», la webradio de Maghreb Emergent, El Hadj Boubacar Traoré a énuméré un certain nombre des actions initiées par la BAD au profit de pays africains en difficulté depuis sa création en 1964. Il y a eu, d’abord, l’Initiative d’effacement de la dette multilatérale. Beaucoup de pays africains, avec la crise du pétrole de 1973, ont connu des problèmes d’endettement énormes. La BAD est venue à leur secours et avec la participation d’autres institutions financières mondiales, elle a mis en place un système visant à réduire la dette de ces pays. C’est ainsi qu’est née cette approche baptisée «Initiative de l’annulation de la dette extérieure». Une opération «gigantesque» qui a permis d’effacer la dette de plus de 40 pays africains. En termes de financements, la BAD a mis un accent particulier sur le financement des infrastructures au cours des 5 à 10 dernières années souligne également El Hadj Boubacar Traoré. Pour 2013, la BAD a financé 317 opérations dans tous les pays africains à hauteur de 6,4 milliards de dollars dont 58% ont été destinés aux infrastructures (routes, eau, assainissement, etc.).

LA BAD AU SECOURS DES PAYS A FAIBLES REVENUS

Sur la procédure d’obtention des crédits, l’invité de «Radio M» a indiqué que «tous les pays africains ont le droit de contracter un crédit auprès de la BAD». L’institution financière continentale distingue trois catégories de pays : Les premiers sont classés dans la catégorie des pays à revenus intermédiaires à l’instar de l’Algérie et l’Egypte. Ces pays n’ont accès qu’au guichet non concessionnel de la BAD. Il y a aussi 34 pays en transition, comme le Nigeria, le Cap Vert et le Congo, et dont les revenus par habitant est estimé à environ 1200 Dollars. Ces pays ouvrent droit au guichet concessionnel. Le prêt concessionnel suppose que sur chaque 100 dollars prêtés à un pays, la BAD fait un don de 80%. Ces prêts sont remboursables sur une période de 50 ans avec des différés d’amortissement de plus de 10 ans. Le taux d’intérêt est relativement faible : soit 0,75%. A noter que la BAD qui a commencé par financer les projets du secteur public, s’est engagée également dans le financement des projets du secteur privé.

LA COOPERATION AVEC L’ALGERIE FREINEE PAR LE DESENDETTEMENT

La BAD s’est peu impliquée en Algérie depuis 2005. Au cours des dernières années, elle se pose en accompagnateur des projets à fort potentiel de croissance et cherche à financer les activités du secteur privé. L’Algérie est liée par un partenariat stratégique d’exception avec la Banque africaine de développement El Hadj Boubacar Traoré explique : «L’Algérie est un pays pivot au sein de la BAD ; Elle est le sixième plus important actionnaire de la Banque et quatrième au niveau africain», précisé M Traoré
Si l’Algérie est un partenaire majeur de l’institution financière africaine en termes d’apport en capitaux, elle a aussi bénéficié de ses financements. «De 1967 à 2013, la BAD a financé plus 40 opérations en Algérie pour 3.2 milliards de dollars», a révélé M. Traoré. Toutefois ce niveau de réalisation est insignifiant vu l’importance des programmes d’infrastructures lancés ces dernières années dans le pays.

L’implication de la BAD en Algérie s’est rétrécie depuis 2005 avec la mise en vigueur par le Gouvernement d’une politique de désendettement. Selon le représentant de la BAD, cette décision souveraine de l’Algérie n’a pas altéré les relations bilatérales. Pour lui, même s’il n’y a pas eu d’activités en termes d’engagement financier ces dernières années, le contact est toujours en cours en termes de conseils et d’appui technique. «Le dialogue n’a pas été rompu», a-t-il affirmé. Et d’ajouter : «Ce n’est pas l’argent dont l’Algérie a besoin. Elle a besoin de conseils et la BAD n’a pas arrêté sa politique de conseil et d’accompagnement du gouvernement algérien».

EN ALGERIE, LA BAD CHERCHE A FINANCER LES ACTIVITES DU SECTEUR PRIVE

Concrètement, la BAD se pose en accompagnateur de plusieurs opérations à fort potentiel de croissance qui sont en cours de lancement. M. Traoré a cité entre autres le projet de la stratégie numérique E-Algérie qui peine à se concrétiser. La BAD devrait participer, selon lui, au projet d’appui au recadrage de cette stratégie gouvernementale ainsi qu’un autre projet d’appui aux jeunes entrepreneurs agricoles. L’institution financière a par ailleurs signé des protocoles d’accord portant sur la modernisation du système de communication au sein du ministère des finances.

Pour M. Traoré, l’implication de la BAD ne sera pas cantonnée dans le seul secteur public, elle sera étendue au secteur privé. Dans ce sens, il a fait part de discussion en cours avec 6 responsables de grandes banques algériennes autour de partenariats qui portent sur l’appui du gouvernement dans le financement de certaines activités du secteur privé.«Nous sommes en train de déblayer le terrain (…) Nous attendons ce qui va se faire avec nos partenaires pour financer l’activité du secteur public, privé et public-privé. C’est l’objectif objectif que nous allons développer», a-t-il précisé.