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Le retour en fanfare d’un Etat qui n’a rien appris

par Hassan H.

En prenant un peu de recul, on risque de s’apercevoir de plus en plus que la décennie écoulée, à la faveur du gonflement des revenus pétroliers, aura été celle d’un retour en fanfare de l’Etat dans la gestion des affaires économiques de la Nation… Un peu pour le meilleur, grâce à la mise en œuvre de grands chantiers d’infrastructures économiques et sociales… Mais aussi beaucoup pour le pire. La plupart du temps ces programmes gigantesques sont mal maitrisés. Leurs délais et leurs coûts de réalisation continuent de défrayer la chronique et semblent dépasser les capacités de supervision d’une administration économique dépassée par l’ampleur de la tâche et mal préparée à gérer des programmes aussi massifs.

La plus mauvaise nouvelle dans ce retours en force de l’Etat, c’est qu’il ne semble rien avoir appris de ses échecs répétés des décennies passées. C’est un Etat algérien plus sûr de lui que jamais, omnipotent, omniprésent et omniscient qui a abordé un siècle nouveau. Les entreprises privées les plus performantes ? des concurrentes dont il s’agit de contrarier par tous les moyens un dynamisme qui pourrait être de nature à faire de l’ombre au pouvoir sans partage de l’administration .Les entreprises publiques ? Une énième fois « assainies » financièrement, recapitalisées, bénéficiant de programmes massifs d’investissements, redécoupées, regroupées dans un Monopoly infernal et incessant dont le seul objet semble être de maintenir pour encore quelques décennies la mainmise de l’Etat sur l’économie et sur la société. Une preuve ? La fameuse dépénalisation de l’acte de gestion, toujours annoncée et jamais mise en œuvre. (voir l’article d’Abed Charef).

Le mecano infernal d’un Etat omnipotent, c’est aussi celui des banques publiques dont les velléités d’indépendance et d’orthodoxie managériales ont été réduites à néant au cours des dernières années par des décisions gouvernementales qui leur ont imposé d’abord un financement couteux et obligatoire de la micro entreprise puis au cours des toutes dernières années celui des investissements de Sonelgaz ou des programmes de logements publics qui risquent de les cantonner de façon croissante dans un rôle d’annexes du Trésor public( voir notre article).

Une autre preuve de la suffisance de cet Etat omniscient ? Elle est fourni e par le Bilan de la Banque Africaine de Développement qui à l’occasion de son 50ème anniversaire( voir notre article) et à la suite d’autres institutions multilatérales , rappelle ou apprends à certains d’entre nous, que la politique de désendettement mise en œuvre sans discernement et de façon dogmatique depuis le milieu de la décennie écoulée nous a privé de l’expertise et de l’énorme expérience accumulée par ces institutions multilatérales dans la supervision de la réalisation des grands équipements à un moment ou notre pays en aurait eu le plus besoin…