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Malice au pays de l'oseille

par Ahmed Farrah

Il est vrai que l'écosystème modèle même les attitudes et le comportement des gens dans un environnement donné. Il est aussi vérifié que la pensée, la créativité et l'innovation sont en rapport avec des aires géographiques bien connues, le monde civilisé. Comme on constate que sous certaines latitudes la désolation est totale et partout partagée, dans le monde arriéré. Il est aussi avéré que dans un même pays ethniquement diversifié les coutumes sont plus au moins différentes, le sens de l'hospitalité, par exemple, prend des connotations différentes aussi. Chez certains peuples, comme les Inuits elle est frappante et déstabilisante pour un étranger, chez d'autres elle se limite à partager simplement l'ordinaire du jour. Chez les intéressés, arriérés, incultes ou sous cultivés, elle est sournoisement corruptible à la mesure de son extravagance, mais souvent ses initiateurs ne renvoient que les indignations et le mépris de tous.

Ne dit-on pas de certaines places paumées ?' Bled El Korma ?', pour bien faire passer la pilule aux larbins nés pour servir leur seigneur. Ces narcissiques, qui adorent être bernés, s'accrochent le plus souvent aux lèvres de leur camelot du moment pour entendre ce qu'ils aiment entendre, les boniments.

Pour plaire et recevoir la bénédiction en retour, ils sont très imaginatifs et ingénieux, mais surtout ridicules. Car par leur attitude, ils ne font que ressasser leur propre naïveté. Ils n'innovent rien, l'atavisme est génétique. Ils dépoussièrent seulement et étalent leur vieille pacotille au crédule qui veut les croire.

Dans ?'Bled El Korma'', les sbires ne se font pas prier pour cirer l'asphalte à la petite pointure qui annonce sa venue. Les uns nettoient les écuries, les autres chaulent le sol et badigeonnent les murs, d'autres encore dressent le chapiteau et étalent le tapis. Les fous du roi aiment amuser la galerie en retour des ovations. L'essentiel se dissout dans l'accessoire, jusqu'à ce qu'il ne reste rien. Tout a été dilué dans les panses. Les têtes grisées et ivres de joie, satisfaits des artifices louant la roche-magasin, parce que nul parmi eux n'est mécène.

L'arroseur comme l'arrosé, sont dans une symbiose curieuse. Comment devient-on arrosé puisque on n'a pas encore séché de la pluie d'hier, c'est l'insatiabilité propre au genre. L'arroseur est chose logique, il sème pour récolter et faire profiter sa zmala. Au fait quel était l'affiche de la comédie ou plutôt la tragédie ?! Personne ne le sait, seules des dupes pensent le savoir, tout le monde a oublié. Reste quand même, la pièce qui était tellement intéressante qu'elle sera nominée aux Molières, elle aura le prix de la meilleure mise en scène, de la réalisation, des seconds rôles, du meilleur acteur et de la meilleure actrice. Le public a eu pour son oseille. Et la pièce passera sur les écrans du jour comme ceux du levant, l'orpheline n'est plus seule. Ainsi le monde désargenté aura l'occasion de la voir à ses frais. Dans «Bled El Horma» Le travail est banal, pas de tintamarre ou de charivari. On organise des débats participatifs, la parole est ouverte aux non-spécialistes comme aux experts, le jury rédige les recommandations et les soumet à qui de droit. Le festin et les mondanités n'ont pas de place dans une société fière de contribuer, où le ministre se déplace en vélo et son ministère n'est qu'un simple immeuble comme si c'était un cabinet d'avocat ou de médecin. Il prend et paye ses repas dans une cantine comme lui comme les membres de son staff.

Bled El Horma ou plutôt Bled Les vikings, pardonnez-moi j'hallucine ! Comparaison n'est pas raison.