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Un complexe au bord de la faillite

par L. H.


L’existence d’un marché national demandeur (3,5 millions de tonnes/an), notamment de ronds à béton pour la construction d’infrastructures n’a pas prémuni le complexe du choc externe de 2008 et la concurrence des pays européens en surcapacité dans un contexte de crise mondiale.

La supression des droits de douanes sur les aciers dès 2009 dans le cadre du démantèlement tarifaire prévu par l’accord d’association avec l’Union européenne avait favorisé les filiales européennes de la multinationale qui s’est tournée vers l’importation pour approvisionner son marché algérien. La production s’est effondrée dès 2008 et en 2012, le complexe était au bord de la faillite. Comme en témoigne les comptes de résultats des années 2009, 2010, 2011 et 2012 d’ArcelorMittal Annaba que Maghreb Emergent a pu consulter sur le rapport établi par PricewaterhouseCoopers (PwC) pour le compte de Cevital. Ces comptes ont été mis à disposition de PwC à l’ouverture d’une dataroom dans les locaux d’ArcelorMittal à Saint-Denis (France), les 25, 26 et 27 juillet 2012. Les capitaux propres d’ArcelorMittal Annaba ont fondu de 2007 à 2012, passant de 30,4 milliards de DA (378 millions USD) à 8,4 milliards de DA (105 millions USD).

Ils ne sont positifs que grâce à la réévaluation des actifs intervenue en 2010 dans le cadre de la réforme comptable en Algérie car, ils ne dépassaient pas les 5 milliards de DA (62 millions USD) hors réévaluation alors que la filiale ployait sous une dette de 6,7 milliards de DA (84 millions USD). «Si le complexe manque de compétitivité, c’est parce qu’ArcelorMittal n’a pas respecté ses engagements de 2001 et n’a pas fait assez d’investissements», a indiqué Smain Kouadria, député du Parti des travailleurs (PT) et ex-secrétaire général du syndicat d’ArcelorMittal Annaba jusqu’au mois de mai 2012. L’Etat, a-t-il ajouté, s’attendait à ce que la multinationale fasse des investissements pour moderniser les installations, développer l’activité sidérurgique en Algérie et créer de l’emploi. Mais, ArcelorMittal, a-t-il martelé, n’a pas tenu ses engagements. Avant la signature du nouveau pacte d’actionnaires en octobre 2013, les investissements d’ArcelorMittal se sont limités à 170 millions USD dédiés principalement à la maintenance. La réalisation d’un laminoir ronds à béton en 2004 pour 70 millions USD et la rénovation des actifs d’ArcelorMittal Pipes and Tubes Algeria (un laminoir 14 pouces et un laminoir 8 pouces pour environ 5 millions USD) sont les principaux investissements de capacité réalisés.