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La tripartite et l’«effet d’accordéon»

par Hassan H.

La tripartite qui s’ouvre après demain domine l’ac-tualité de la ren-trée 2014. En tête des préoccupations et des commentaires depuis déjà plusieurs semaines, l’abrogation de l’article 87 bis est un succès symbolique pour l’UGTA qui porte de longue date cette revendication et qui n’a pas été à pareille fête depuis de nombreuses années. Pour beaucoup de travailleurs algériens (au moins 1 million d’entre eux et sans doute beaucoup plus), il s’agit de bien plus qu’un symbole :une bouffée d’oxygène annoncée à la sortie d’un été caniculaire et meurtrier pour les bourses modestes.

Ceci n’empêche pas cela : le patronat dit redouter un «effet d’accordéon» sur l’ensemble de la grille des salaires et beaucoup d’économistes tirent le signal d’alarme. Combien va coûter la mesure ? les estimations varient de 1 milliard de dollars à plus de 10 milliards. Une preuve supplémentaire de la qualité et de la précision de nos outils d’analyse économique. N’empêche, les économistes ont sans doute raison. Au bout du compte les augmentations de salaires risquent d’ouvrir un nouveau cycle de croissance des importations au moment ou le précédent, entamé en 2011, commençait à épuiser ses effets. Le problème c’est que 2014 n’est pas 2011. Nos marges de manœuvres financières n’existent plus.

L’excédent commercial considérable d’il y a encore quelques années a fondu comme neige au soleil et la balance des paiements est déjà déficitaire au premier semestre. Un bon sujet de réflexion pour la tripartite…
Autre sujet de réflexion, la préférence de l’Etat algérien pour le secteur public ne se dément pas. Après avoir banni le privé du secteur bancaire, il s’emploie avec persévérance à lui interdire l’accès aux branches industrielles réputées «stratégiques». Cevital dans la sidérurgie ? jamais semblent avoir juré nos décideurs économiques ( voir notre article sur les circonstances de la renationalisation d’El-Hadjar). Pour donner une nouvelle crédibilité à cette démarche et sauver le secteur public industriel, les autorités algériennes ont trouvé une nouvelle panacée : le partenariat international.

En attendant de voir les résultats que produira cette nouvelle démarche inaugurée grâce à des alliances industrielles entre des groupes publics algériens et des géants industriels comme Renault, Lafarge, ou Massey Ferguson, on peut déjà méditer sur les expériences en cours à El hadjar ou encore dans la pétrochimie où Sonatrach elle-même (voire notre article sur l’industrie des fertilisants) ne semble pas avoir négocié très avantageusement les partenariats conclus ces dernières années.