La prolifération
tentaculaire du commerce informel dans les espaces publics de Ali-Mendjeli
commence sérieusement à faire mal aux commerçants en activité réglementée ainsi
que les habitants qui voient leurs quartiers se transformer en un vaste
bourbier, harassant pour celui qui cherche à se reposer chez soi. Toute la
nouvelle ville en souffre, mais les commerçants d'un centre commercial
subissent le plus gros des dégâts provoqués par ce phénomène, et avec eux les
riverains des lieux. D'ailleurs, les concernés font circuler une pétition,
signée par les commerçants et les habitants, demandant aux autorités locales de
faire le ménage aux alentours du centre commercial. « Nous allons plaider notre
cause devant le wali. Ces marchands informels détournent outrageusement notre
clientèle, sous notre nez, squattent des espaces publics réservés aux piétons
et aux automobilistes et agressent l'environnement d'un quartier résidentiel et
d'un centre commercial conçu selon des normes modernes et qui attirent la
clientèle de toute la wilaya et des régions limitrophes », signale un
commerçant qui exhibe la pétition. Un autre commerçant avoue qu' « à ce rythme
il va mettre la clé sous le paillasson, car la concurrence déloyale imposée par
les vendeurs informels le mène tout droit vers la ruine ». Des dizaines de
véhicules utilitaires s'installent quotidiennement près des deux entrées du
centre commercial, écoulent toutes sortes de marchandises à des prix très alléchants,
et partent dès la tombée de la nuit, laissant des monticules de déchets et des
commerçants en détresse avec des produits, souvent périssables, entre les
mains. « Bien sûr qu'on ne peut pas leur tenir tête, en affichant les mêmes
prix qu'eux, car les vendeurs informels ne paient eux ni taxe, ni loyer »,
clame un commerçant. Celui-ci affirme que les marchands installés dans
l'illégalité en dehors du centre commercial font de meilleurs chiffres
d'affaires, « le triple de ce que réalisent les commerçants qui paient leurs
impôts », estimera-t-il. « On s'en remet aux autorités compétentes pour
éradiquer définitivement ce commerce informel et nous permettre d'exercer nos
activités dans des conditions meilleures, comme le veut la réglementation »,
déclarent les concernés. Des habitants joignent, aussi, leur voix à celle des
commerçants pour dire que le seuil de l'insupportable est atteint. « Des
vendeurs crient à longueur de journée sous nos fenêtres, où une foule immense
se bouscule, gênant la circulation piétonne et automobile. Le décor est
franchement révoltant, surtout les amas d'ordures laissés sur place après leur
départ », dénonce un représentant des habitants. On rappellera à la mémoire que
des vendeurs informels qui écumaient les lieux ont été délocalisés par la force
publique il y a près de huit mois. Doit-on encore chasser le naturel et le voir
revenir au galop ? Et à quoi bon créer, dès lors, des marchés de proximité si
toute l'activité commerciale est minée par la pratique informelle ?