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Algérie-Portugal : Un sommet de haut niveau annoncé

par G.O.

Les ministres algérien et portugais des Affaires étrangères ont annoncé hier la tenue d'un sommet de haut niveau qui réunira les Premiers ministres des deux pays «à l'effet de consacrer la réalisation de plusieurs accords».

«Le sommet qu'on prépare actuellement se tiendra la fin de l'année ou probablement au cours du premier trimestre 2015 », dit le ministre portugais d'Etat et des Affaires étrangères, Rui Chancerelle De Machette. Des consultations politiques seront poursuivies à cet effet, puisque, ajoute Ramtane Lamamra, «le sommet consacrera la réalisation de plusieurs accords». Les deux ministres rappellent que les deux pays sont liés par un traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération «qui ambitionne de bâtir un partenariat stratégique couvrant l'ensemble des domaines». Le ministre d'Etat portugais a fait part de l'introduction de facilitations pour l'obtention du visa « pour faciliter la circulation des personnes entre les deux pays notamment pour les jeunes qui seront les acteurs principaux pour construire ce partenariat ». Lamamra affirme lui que «cette décision est pour faciliter l'octroi du visa à toutes les catégories qui participent dans le renforcement de la coopération entre les deux pays». Traditionnellement, dit le ministre algérien, «le Portugal est approvisionné par le gaz algérien et Sonatrach participe dans des investissements directs au Portugal». Son homologue portugais note à cet effet que «je crois que ce sera un rôle très important à développer dans le cadre du réseau de canalisations dans la région ibérique et l'Europe, il faut développer ces échanges et Sonatrach pourra augmenter ses livraisons de gaz vers le Portugal».

Un plan quinquennal « promoteur » pour le Portugal

Rui Chancerelle De Machette table pour encore plus sur le nouveau plan quinquennal de l'Algérie pour faire saisir à son pays « les possibilités de coopération entre les entreprises ». En contrepartie, il appelle les Algériens à investir au Portugal « pour que les entreprises nationales soient plus présentes sur les marchés portugais, dans l'énergie et même d'autres secteurs ». Il précisera que « nous sommes ouverts à toutes les économies, nous n'avons pas d'entraves ». Le Portugal se propose aussi d'aider à la formation des Algériens en expertise. « Nous sommes très intéressés », dit leur ministre. Il propose une coopération entre les entreprises publiques et privées des biens et services des deux pays parce que « ce sera aussi bénéfique pour le Portugal de vendre ses produits en Algérie et faire de l'expertise ». Le Portugal veut aussi une coopération scientifique et culturelle « par la réalisation de projets communs ». Le MAE algérien estime pour sa part que « c'est une coopération importante dont les instruments sont garantis par le traité, plusieurs accords ont été signés entre les deux pays ». Coopération qu'il souhaite voir étaler aux PME.

A propos des crises en Irak, en Syrie, des menaces de l'EI, la crise Ukraine-Russie « qui aura des conséquences sur l'économie européenne », le chef de la diplomatie portugaise estime qu' «il faut encourager les aspects les plus sympathiques pour une sortie de ces problèmes». Pour ce qui est de la crise qui oppose l'Ukraine à la Russie, le ministre fait part « d'un dialogue entre les deux pays avec la participation des Etats-Unis ». Il estime que la Russie doit continuer à avoir un dialogue et une coopération avec l'UE. « C'est nécessaire de maintenir ce pont », dit-il. Il pense même que « si l'Algérie pourra maintenir ce pont, ce serait bien ».

La Libye, « un corridor pour le passage des terroristes »

Le diplomate portugais évoquera aussi la Palestine, la Libye, le Mali « notamment pour ce qui est de l'intervention surtout diplomatique de l'Algérie pour assurer une certaine pacification du pays ». Il reste d'ailleurs convaincu qu' « une intervention militaire en Libye n'est pas la meilleure solution, nous pensons que le rôle tenu par l'Algérie est très important pour la connaissance des acteurs pour établir un dialogue ». Il faut, dit-il, que « les armes se taisent pour qu'on puisse parler ». Il appelle l'Algérie a participé dans la coopération Nord-Sud « au nom de la partie nord de l'Afrique (Maghreb) ». Pour ce qui est de l'émigration clandestine, le diplomate portugais affirme que « c'est un fléau pour les pays qui reçoivent les flux migratoires, et qui pose des questions fort sérieuses de sécurité si l'on sait que la Libye est un corridor qui pourrait servir au passage des terroristes, c'est un problème pour l'Algérie et pour l'Afrique du Nord ». L'émigration clandestine pose aussi pour lui des problèmes économiques et humanitaires. S'il indique que le Portugal a une minorité de clandestins, l'Italie par contre vit le problème quotidiennement. « On a pris des mesures avec l'UE mais elles sont insuffisantes ». Lamamra tient à préciser que « c'est un problème de développement, nous avons des sommets réguliers entre l'UA et l'UE (?), il ne s'agit pas de lier l'émigration clandestine ni au trafic de drogue ni au terrorisme, mais au développement économique ». Pour lui, « il faut des solutions équilibrées » et plus « un co-développement pour concevoir ce développement dans le pays d'origine des migrants clandestins et les aider à le réaliser ». Le ministre algérien rappelle au passage que « les pays européens ne sont pas disposés à recevoir des contingents de migrants même si certains d'entre eux optent pour l'émigration choisie et sélectionnée ».