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La grogne des libraires parisiens

par Omri Ezrati

Le livre brûlot de Valérie Trierweiler continue de faire des vagues dans le petit milieu   parisien. Certains libraires refusant même de le vendre !

Le livre Merci pour ce moment de Valérie Trierweiler bat tous les records de vente depuis une semaine. Mais de plus en plus de libraires, à Paris, refusent de vendre le témoignage de l’ex compagne de François Hollande, estimant souvent que la librairie n’a pas vocation à servir de «dépotoir post sentimentaux» des compagnes de chefs d’Etat. Le phénomène est tel que le puissant syndicat de la librairie française, d’ordinaire si discret, de sortir de sa réserve et de mettre en garde les trublions. Dans un communiqué diffusé mardi dernier, le Syndicat de la Librairie Française tient à se désolidariser des libraires qui refusent de vendre Merci pour ce moment, l’ouvrage de Valérie Trierweiler publié par les Arènes jeudi 4 septembre.

«Ces réactions existent mais elles sont tout à fait isolées, écrit le syndicat. Elles ne peuvent être présentées comme étant celles de la profession dans son ensemble.» Tout en indiquant que «le cœur du métier de libraire est d’opérer des choix entre les 60.000 nouveaux titres qui paraissent chaque année et les 700.000 qui sont disponibles sur le marché français», le communiqué tient à exprimer tout rejet de la censure, «fût-elle commerciale», rappelant le fondement juridique du refus de vente. «Les libraires sont au service de leurs clients, précise le SLF. Que l’on vienne en librairiepour un titre précis ou pour se laisser surprendre, les librairies sont ouvertes à tous les lecteurs et à tous les livres.» A deux mois des prestigieux Prix d’automne, prenons les paris.

Nous avons encore un peu de temps avant la proclamation des lauréats des principaux prix littéraires. L’occasion pour moi de céder à la tentation des pronostics !

Pour le Goncourt, deux prétendants sur la quinzaine arriveront en finale en novembre chez Drouant. Mon favori est le jeune Adrien Bosc et son extraordinaire Constellation paru chez Stock. Mais comme le Goncourt a besoin de favoris qui ont de la «bouteille», je verrais très bien David Foenkinos avec Charlotte remporté le prestigieux prix. Parmi les grandes surprises de cette édition 2014, la victoire de Kamel Daoud serait une extraordinaire et méritée consécration.  

Pour le Flore, la jeune Frederika Amalia Finkelstein et L’oubli a toutes les chances d’être consacrée !

Pour le Renaudot, Kamel Daoud, l’écrivain franco-algérien, chroniqueur au Quotidien d’Oran et auteur du magistral Meursault, contre-enquête est mon favori.

Emmanuel Carrère reçoit le Prix du Monde

A défaut d’être nominé dans les différentes sélections des prestigieux prix d’automne, l’auteur du Royaume pourra se consolé avec le Prix du Monde qu’il a brillamment remporté cette semaine. Le Royaume est actuellement le livre le plus vendu de la rentrée littéraire.

Le livre de la semaine : la condition pavillonnaire, de Sophie Divry paru aux Editions Noir sur Blanc.

La condition pavillonnaire nous plonge dans la vie de M.-A., avec son mari et ses enfants, dans sa petite maison. Tout va bien et, pourtant, il lui manque quelque chose. L’insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les exutoires: l’adultère, l’humanitaire, le yoga, ou quelques autres loisirs, tous vite abandonnées. Le temps passe, rien ne change. L’héroïne est une velléitaire, une inassouvie. Je vous recommande la lecture de ce roman profond, dont la profondeur et la sensibilité sur la condition humaine ne pourront que vous toucher.