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Des guerres interconfessionnelles au Moyen-Orient aux bouleversements géostratégiques du XXIe siècle : Les véritables dimensions des conflits armés

par Medjdoub Hamed

Suite et fin

Les pays arabes n'auraient pas vécu ce faste grâce au pétrole. Il n'y auraient eu ni villes modernes (Dubaï, Doha?) ni des infrastructures grandioses réalisées par les Occidentaux et les Asiatiques en Arabie saoudite, aux Emirats arabes Unis, au Qatar? Le pétrole a donc été, après les indépendances, un formidable agent de développement et d'enrichissement pour ces pays. Il a aussi été un puissant stimulant dans la consommation et la création d'emplois dans le monde. Il a permis enfin d'insérer le monde arabo-musulman dans les grands enjeux géostratégiques du monde. On peut dire que si l'Occident et l'Asie ont avancé au double plan technologique et industriel, le monde musulman qui a enregistré un retard dans cette direction a bénéficié en revanche de ses sous-sols pour devenir le plus grand « grenier de l'énergie » du monde. Il y a donc une complémentarité entre les trois mondes. La deuxième raison est pendante de la première. C'est grâce au monde arabo-musulman et les guerres menées en son sein, en particulier la guerre soviéto-afghane entre 1979-1988, qui ont permis d'affaiblir l'Union soviétique dans les années 1980. Grâce aussi aux « pétrodollars arabes » mis à la disposition des banques occidentales que le bloc socialiste de l'Europe de l'Est s'est trouvé endetté. La guerre soviéto-afghane et l'endettement du bloc Est qui a suivi ont mis fin au « bras de fer » entre l'URSS et les USA sur les missiles balistiques nucléaires de moyenne portée américains Pershing et SS-20 soviétiques installés en Europe. C'est le pétrole arabe ainsi que les conflits armés dans le monde arabo-musulman qui ont joué un rôle de « vecteur » dans ce dernier round de désespoir ? l'affaire des missiles ? d'une l'Union soviétique qui s'est senti « encerclée » par une ceinture verte et qui aurait pu? rendre apocalyptique le conflit pour l'Occident. L'Union soviétique et du bloc Est qui se sont écroulé comme un château de cartes sans conflit majeur entre les États-Unis et l'URSS montre si besoin la portée historique qu'ont constitué à la fois la république islamiste d'Iran et l'Arabie Saoudite dans le développement de l'Histoire. Le problème n'est pas dans les régimes politiques islamistes du type absolutiste de ces pays mais dans leur rôle et portée qu'ils ont dans l'Histoire. « Tel événement a surgi parce que cet événement était nécessaire pour faire avancer l'histoire » (Le sens herméneutique).

La troisième raison n'est pas dépendante de la première mais vient en amont. Il faut s'interroger sur le sens des gisements de pétrole du Moyen-Orient dans la stratégie planétaire des États-Unis. Pourquoi cette volonté américaine de dominer à tout prix le Moyen-Orient ? Le Moyen-Orient est-il une région vitale pour la puissance économique, financière et militaire américaine ? Comme on l'entend souvent dans les déclarations américaines. Pourquoi Washington place cette région du monde au centre de sa politique planétaire ? Pourquoi Israël reçoit un soutien indéfectible des États-Unis ? Et dans un certain sens même pour l'Europe et le Japon qui appuie la stratégie américaine dans cette région.

Le problème n'est pas le conflit israélo-palestinien, qui est certes important mais reste à plus d'un titre secondaire pour la superpuissance. Il est certain que les États-Unis, malgré son impérialisme, auraient aimé qu'une paix s'installe entre Palestiniens et Israéliens et que deux États coexistent. Mais ce choix ne peut être imposé, il revient à Israël, et ce pays profite eu égard aux objectifs géostratégiques que la superpuissance poursuit dans la région. Et c'est à ces objectifs américains qui visent les gisements de pétrole des pays arabo-musulmans qu'il convient de comprendre la stratégie américaine. Sans leur compréhension, la situation du moyen en Orient comme elle a évolué et évolue encore reste inextricable, indéchiffrable et donc incompréhensible. « Des guerres dans les guerres seraient sans sens ». Attribuées à Al-Qaïda, au djihad islamique, aux guerres interconfessionnelles, aux rivalités pour le leadership religieux entre l'Iran et l'Arabie saoudite, etc., tous ces acteurs en fait ne sont que la face visible de l'iceberg. Les vraies donnes résident dans l'imbrication des grandes puissances et leur antagonisme sur les enjeux géostratégiques de la région. Et pour les États-Unis, le Moyen-Orient est une région vitale pour sa puissance.

5. Des dollars, des « bons d'enlèvement du pétrole »

Posons-nous la question : « Pourquoi les États-Unis luttent-ils pour maintenir leur emprise sur le Moyen-Orient ? » Est-ce que pour assurer la libre circulation du pétrole moyen-oriental nécessaire à l'économie des pays industrialisés ? Pourtant les pays pétroliers de la région n'ont posé et ne posent aucun problème aux pays importateurs de pétrole et de gaz pourvu que ces pays payent le prix au cours des marchés internationaux et en « dollars ». Mais pourquoi en dollars, et non en euros, en yen, en real brésilien, en yuan chinois, etc. ? Pourquoi cette « clause absolue » que seuls l'Iran et quelques rares pays en conflit avec les États-Unis enfreignent ?

Ce point sur la vente du pétrole en dollars paraît anodin, en réalité, « c'est sur lui que se focalisent toutes les forces, tous les enjeux entre les grandes puissances ». Chaque puissance industrielle aspire à libeller le pétrole en sa monnaie. Il faut se rappeler ce qui s'est passé lorsque Saddam Hussein a commencé à libeller le pétrole irakien en euros. Des vols humanitaires d'Europe et des pays arabes se sont multipliés à destination de Bagdad, portant un coup sans précédent à l'embargo anglo-américain sur l'Irak en 2001. Et ces vols ont continué à enfreindre l'embargo jusqu'à ce que se produisent les attentats du World Trade Center, le 11 septembre 2001. Des attentats qui ont rebattu complètement les cartes non seulement de la région mais du monde.

Il y a là, et on ne peut en douter, un problème à la fois économique, financier et monétaire. L'argent est le nerf de la guerre. On voit mal les États-Unis se lancer dans des guerres au Moyen-Orient sans qu'ils n'aient des intérêts économiques considérables à retirer. Comment comprendre le puzzle des pétrodollars, non pas leur recyclage et celui-ci vient en aval et concerne les excédents des balances de paiements des pays pétroliers, mais leur rôle dans les transactions pétrolières internationales ? Si la vente du pétrole est libellée en dollars, les États-Unis sont tenus de créer des dollars. Non pas des dollars pour financer leur économie comme le font tous les pays du monde qui tentent de financer les leurs sans inflation, mais par un surplus de dollars que ne font pas les autres pays parce qu'ils n'ont pas le « libellé monétaire du pétrole moyen-oriental ». Si ces derniers créaient un surplus de monnaie, les marchés internationaux réagiraient aussitôt en dépréciant leurs monnaies. Car, ce surplus crée est sans contreparties. Ce qui n'est pas le cas pour les États-Unis qui détiennent un contrat sur la facturation en dollars avec les pays monarchiques du Golfe en échange de leur protection.

Que représentent commercialement ces dollars ? Puisqu'ils obligent tous les pays importateurs de pétrole du Moyen-Orient à acheter des dollars soit en échange de leurs monnaies, soit directement des revenus en dollars issus de leurs exportations de biens et services vers les États-Unis. Ce sont donc ces « dollars » qui permettent aux pays consommateurs d'« enlever » les quantités de pétrole nécessaires pour leurs économies. Et comme ce terme d' « enlever » l'indique, les « dollars » constituent en fait des « bons d'enlèvement » du pétrole. Et ces mêmes « bons d'enlèvement », des dollars, permettent en retour aux pays pétroliers arabes d'« enlever » des marchandises d'Europe et d'Asie.

Pour la superpuissance, que ces bons reviennent sur les marchés ne poseront pas de réels problèmes. En effet, ces liquidités pourront toujours être recyclées, de plus octroient un « pouvoir de duplication » aux puissances monétaires en cas d'appréciation de leurs monnaies. Il s'agit bien sûr de la Grande Bretagne, de l'Union européenne monétaire (UEM) et du Japon. De plus, la consommation pétrolière est continue.

Année après année, les pays consommateurs importent du pétrole du Moyen-Orient. Par conséquent, la création monétaire américaine est « continue » et doit toujours répondre aux besoins des pays importateurs de pétrole. Les « bons d'enlèvement » du pétrole resteront donc une constante dans les transactions internationales pétrolières, sauf, bien entendu, si un ou des pays arabo-musulmans entraient en conflit avec la superpuissance, ce qui était le cas de l'Irak, et ensuite de l'Iran.

Ainsi se comprend pourquoi les États-Unis sont dépendants du pétrole moyen-oriental, et explique tous leurs efforts pour garder la mainmise sur la région. Il apparaît donc que les États-Unis ont, à travers les dollars, une « part dans la propriété » sur le pétrole moyen-oriental. Une « propriété bien qu'indirecte » reste une réalité et qui, il faut le souligner, n'est pas sans conséquence pour l'Amérique. Ce point n'est pas à expliciter dans l'actuelle analyse.

Cependant, force de dire que ce libellé monétaire du pétrole par le dollar américain n'est pas négatif en soi. Puisqu'il a permis aux États-Unis de s'asseoir en « première locomotive économique » du monde. Précisément, c'est par ces déficits commerciaux devenus structurels depuis la fin des années 1960, que l'économie américaine dope l'économie mondiale par sa consommation. C'est en référence à la monnaie-centre qu'est le dollar que fonctionnent les plus grandes Bourses mondiales. La politique monétaire de la Réserve fédérale américaine a une influence directe sur toutes les grandes Banques centrales du monde.

Cependant, il y a une ombre dans la politique extérieure américaine. Si le système économique, financier et monétaire international, dominé par les États-Unis, paraît cohérent, l'Amérique ne peut indéfiniment tirer sur la corde du libellé par les guerres. Les guerres contre le monde arabo-musulman remettront tôt ou tard ce consensus, qui déjà se délite via les guerres confessionnelles. Et c'est déjà là un début de bouleversement de la région, ce qui explique la fébrilité de l'Occident et des pays monarchiques de tenter de lutter coûte que coûte contre les forces qui cherchent à changer le rapport des forces dans la région.

6. Conclusion

On comprend pourquoi le Moyen-Orient est une région vitale pour la première puissance du monde. Et ce processus a commencé depuis que le dollar, après 1945, est devenu la première monnaie internationale, et recherchée par l'ensemble des pays du monde. Les deux krachs pétroliers de 1973 et 1979 au cours duquel le libellé monétaire du pétrole en dollar s'est substitué en quelque sorte à l'étalon-or (Gold Exschange Standard) l'a encore rehaussé. Evidemment, cette donne a permis une certaine stabilité à l'économie mondiale, mais la montée en puissance des pays émergents (Brésil, Russie?), surtout la chine devenue deuxième puissance économique mondiale, aura certainement à terme à remettre en question l'ordre financier et monétaire américain dans le monde.

L'influence la Russie et la Chine est considérable au Moyen-Orient. A voir seulement les quatre veto que la Russie et la Chine ont opposé conjointement au Conseil de sécurité aux projets de texte relatifs à la Syrie où le nombre de tués est estimé à 150 000 depuis le début de l'insurrection, en mars 2011. Il est clair que Russes comme Chinois ne sont pas des samaritains, mais défendent leurs intérêts géostratégiques dans la région. Il n'est pas acceptable pour la Russie comme pour la Chine que « la Syrie tombe ». Si la Syrie tombe, il y aura fatalement une rupture de l'axe chiite. Le Hezbollah se retrouvera isolé. Le gouvernement chiite d'Irak, attaqué par les djihadistes sunnites au nord-Ouest et au Sud, se retrouvera lui aussi dans une posture difficile, et qui ne devra s'appuyer que sur l'Iran. Même l'Iran se retrouvera affaibli. Si la situation évolue en faveur de l'axe sunnite, les Russes perdront forcément la base syrienne de Tartous, et les Chinois se trouveront en difficultés au Moyen-Orient.

Il faut rappeler que la Chine ambitionne d'« internationaliser son yuan », et l'utilisation de la monnaie chinoise dans les transactions commerciales avec ses partenaires et « du libellé monétaire sur les matières premières et surtout le pétrole lui donnera forcément une nouvelle stature de grande puissance économique, financière et monétaire ». Et on peut penser que si la Chine s'est joint à la Russie par quatre fois au Conseil de sécurité en opposant son veto aux résolutions contre la Syrie ? le dernier, en date du 22 mai 2014 ?, c'est qu'elle a de grands intérêts dans la région. Et on peut penser qu'il concerne le « libellé monétaire du pétrole iranien, irakien et syrien ». Et il est même possible qu'il soit partagé avec la Russie. Les Russes aussi ambitionnent d'« internationaliser le rouble ».Dès lors se comprend l'importance de l'axe chiite dans la stratégie de la Russie et de la Chine.

Cependant, Il est évident que ce qui se passe dans le monde arabo-musulman n'est que conjoncturel, que tous ces conflits fratricides qui se jouent entre un même peuple musulman, qu'il soit sunnite, chiite ou kurde, vont tôt ou tard se résoudre par épuisement entre les parties. « Il ne pourrait y avoir de solutions militaires car un peuple ne peut vaincre un autre peuple », d'autant plus que nous avons affaire à trois peuples qui ont tous des droits et qui revendiquent leurs droits à l'existence. Et si la guerre a été déclarée entre eux, on peut dire que le conflit, avant même l'intrusion de l'Iran, de l'Arabie saoudite et des grandes puissances dans le soutien des parties, se trouve au sein même de ces peuples. S'il y avait une égalité des droits entre les peuples, que les systèmes politiques qui géraient ces pays étaient justes et accordaient aux peuples d'Irak et de Syrie, dans toutes leurs composantes, les droits qui leur revenaient, les conflits n'auraient certainement jamais eu lieu. Et ni la Syrie ni l'Irak et surtout l'Irak qui sortait d'une guerre qui a commencé en 1979 ? depuis trente ans, elle est traversée par les atrocités de la guerre ?, n'auraient succombé aux conflits intercommunautaires. Sinon pourquoi les pays frontaliers n'ont pas succombé aux guerres fratricides. Ce n'est pas que dans ces pays il y a un ordre politique idéal, les mêmes problèmes se posent, sauf qu'il y a une entente et un sentiment national qui font que les différentes communautés coexistent et se respectent mutuellement.

On peut donc dire que ces pays traversent une phase extrêmement difficile de leur histoire. Et ils ne sont pas les premiers. Des pays aujourd'hui qui sont des pays modernes, y compris les deux superpuissances mondiales et la Chine l'ont traversé avant eux. La révolution bolchevique en Russie a duré plus d'une décennie, la Chine, durant la Grande Marche, les États-Unis, le Nord contre le Sud? L'Algérie a traversé une décennie noire. Et toute guerre, tout conflit relève de causes historiques, et ces causes doivent être résolues par l'Histoire même qui les a générées. En d'autres termes, ces conflits sont appelés à se dénouer, d'une manière ou d'une autre. Et si le sang versé est trop fort, et que les dissensions intercommunautaires le sont aussi, et qu'il y a fracture, le sentiment national à défendre ayant perdu son sens, il est évident que la seule solution est la séparation. Ces peuples ne pourront pas vivre ensemble. Se rappeler la fracture de l'Inde qui s'est scindé, le 15 août 1947, en deux nations, l'Inde et le Pakistan.

Quelle que soit l'aide apportée par l'Arabie Saoudite et l'Occident aux groupes armés sunnites, ou l'Iran, la Russie et la Chine, aux gouvernements chiites, les guerres interconfessionnelles ne règleront pas le problème des gisements de pétrole. Les États-Unis n'auront pas l'emprise totale sur les gisements de pétrole syrien, irakien ou iranien. Trop de sang a été versé. De plus, chaque peuple sunnite, chiite ou kurde aura droit aux champs pétrolifères et au choix de la monnaie de facturation des exportations de leur pétrole. Il est évident que chaque peuple choisira la monnaie de l'Etat qui l'a soutenu. Ce qui signifie que la Chine comme la Russie auront un poids sur les problèmes monétaires internationaux. Donc, à terme, ils auront à influer sur le « système monétaire international ». C'est inéluctable. Et la fin définitive de ces conflits n'interviendra que lorsque ce processus commencera à apparaître et ira concomitamment avec l'épuisement qui aura de plus eu raison des protagonistes. Comme cela fut le cas, lors de la guerre entre l'Irak et l'Iran. L'URSS s'est épuisé aussi dans la guerre en Afghanistan. De la même façon, l'Occident s'épuisera dans cette « guerre par procuration » sans issue.

Mais cet épuisement, s'il ouvrira un règlement définitif des conflits interconfessionnels en Irak et en Syrie, ouvrira aussi une nouvelle ère pour l'humanité. « Même le conflit israélo-palestinien aura à changer de contexte. La politique agressive d'Israël envers les Palestiniens et le monde arabe perdra de son intérêt. » En effet, les bouleversements dans la région et le changement d'attitude de l'establishment américain obligera Israël à prendre une nouvelle direction dans sa politique envers les Palestiniens. Il est évident que ce conflit vieux de plus de 60 ans est intimement lié aux intérêts géostratégiques de la superpuissance. Non seulement ce conflit ne peut perdurer indéfiniment, mais si la région moyen-orientale perdra de son intérêt pour les Américains, cette perte d'intérêt déteindra forcément sur ce qui a prévalu jusqu'à présent : le soutien indéfectible des États-Unis envers Israël. Il y aura accélération d'un processus pour le règlement de la question palestinienne.

Israël, privé de soutien et probablement de l'aide financière annuelle ? les États-Unis devront désormais financer leurs déficits extérieurs par leurs propres ressources (impôts) puisées sur leurs contribuables ? sera forcé à rechercher d'autres voies plus pacifiques pour trouver une solution définitive au conflit qui l'oppose aux Palestiniens. De la même façon pour les djihadistes qui ont instauré dans les régions libérées en Irak un califat islamique. Si l'Irak et la Syrie seront éclatés en trois entités, chaque entité cherchera à se faire reconnaître internationalement. Et le califat islamique, probablement annoncé pour des besoins de la guerre psychologique contre les chiites, ne plaide pas pour une reconnaissance internationale. L'exemple du régime des Talibans en Afghanistan qui a été reconnu par deux ou trois Etats, et qui ensuite a été chassé de la scène internationale, est suffisamment révélateur qu'il y a des normes internationales minimales à respecter si l'on veut faire partie du concert des nations.

Enfin, sur un plan plus général, les crises et les guerres dans cette région ont contribué à maints égards à la stabilité et au développement du monde, sur le plan économique, financier et monétaire. En effet, la guerre par exemple en Irak de 2003 à 2011 a profité à la Chine et aux pays émergents par leurs exportations vers les États-Unis grâce aux formidables déficits jumeaux (budgétaires et commerciaux) américains durant toute la durée du conflit. Et les dépenses militaires de la superpuissance ont joué beaucoup dans ce paradigme.

En arabe, on dira « ouahed eill-eeres, lakhor thhee-res », traduit « l'un fait la noce, l'autre est brisé ». Evidemment, cette affirmation peut paraître incongrue, mais si ce n'est pas le cas, comment comprendre l'intrusion des grandes puissances et les atrocités commises dans ces conflits? D'évidence, il y a des intérêts planétaires qui ont nécessité quatre vetos au Conseil de sécurité contre les résolutions sur la Syrie. Et cela en dit long sur le conflit moyen-oriental. Et si le monde est entré dans une nouvelle « phase de son histoire », qui n'est encore qu'à ses débuts.