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Bouteflika met fin à toutes ses fonctions : Belkhadem, la répudiation

par Abdelkrim Zerzouri

Alors qu'on croyait à son retour en force aux affaires à la tête du parti, le président de la République en a décidé autrement, hier, en mettant fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem, le désormais ex. conseiller spécial à la présidence.

De retour sur la scène politique depuis sa nomination, au mois de mars dernier, comme conseiller à la Présidence, l'ancien patron du FLN, Abdelaziz Belkhadem, nourrissait l'espoir de prendre une revanche sur le sort et revenir occuper le poste de secrétaire général du FLN, à la faveur des nouvelles compétences qui lui sont confiées, à la plus haute hiérarchie du pays, la présidence en l'occurrence, là où se décident tous les affranchissements. Contre toute attente, donc, on a décidé, en haut lieu, de stopper net l'élan de Belkhadem. Un véritable séisme dans les arcanes du pouvoir, lorsqu'on sait que l'homme faisait partie du sérail, depuis l'ère Boumediene, et qu'il doit, certainement, avoir parmi ses mentors, des gens très haut placés. La dépêche laconique de l'APS, qui se réfère à des sources émanant de la présidence de la République, indique que le Président Bouteflika « a pris un décret en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem, en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu'à toutes ses activités, en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat». Autant dire qu'on vient de décréter d'une manière brusque, sa mort politique, confortée par le prolongement de cette décision qui va jusqu'à mettre fin aux fonctions de Belkhadem, au sein du parti.

La même source a précisé, par ailleurs, «que contact a été pris avec M. le secrétaire général du parti du Front de Libération nationale (FLN) à l'effet de prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem, au sein du parti et interdire sa participation aux activités de l'ensemble de ses structures». Rien de moins.

Des avis largement partagés, sollicités par nos soins, pour donner leurs impressions à chaud, sur le sujet, trouvent que la décision de mettre fin aux fonctions de Belkhadem, à la présidence de la République, même si elle peut surprendre, on ne peut que reconnaître que cela s'inscrit, en droite ligne, des prérogatives du président de la République.

«C'est le président de la République qui l'a nommé à ce poste, et c'est à lui que revient la décision de mettre fin à ses fonctions», nous dira M. Kassa Aissi. Interrogé sur sa réaction, en tant que porte-parole d'une aile du parti qui n'a cessé d'appeler à la tenue d'une session extraordinaire du Comité central du FLN et de soutenir la candidature de Belkhadem, au poste de secrétaire général du parti, M. Kassa Aïssi nous avouera qu'il ne lui appartient pas de commenter la décision du président de la République, qualifiée de «souveraine».

Mais, non sans émettre des réserves sur l'authenticité de l'information, il dira que «si cela s'avère vrai, la décision d'écarter Belkhadem des structures du parti dépasse le cadre présidentiel, car le parti a un cadre statutaire auquel il faut se référer, avant de décider quoi que ce soit, contre l'un de ses cadres».

Et, bien évidemment, la nouvelle aura tout, bonnement, satisfait les détracteurs de Belkhadem, au sein du parti FLN, dont Amar Saâdani et les membres de son Bureau politique. Enfin, au-delà de la décision, en elle-même, c'est le ton «alerte» qui aura surpris nos interlocuteurs.

Un ton qui met presque l'homme «aux gémonies», considère-t-on. Il est fort probable, relèvent des observateurs avertis, que cette finalité ait été envisagée eu égard aux visées de Belkhadem, qui n'a jamais caché son ambition de «présidentiable», dans le cas où le poste est abandonné par Bouteflika, allant jusqu'à déclarer, publiquement, sur une chaîne de télévision privée qu'il serait «indifférent à la présence de dirigeants militaires qui s'opposeraient à son ascension au pouvoir». Fallait-il ainsi supprimer un homme qui devient, au fil du temps, très gênant?