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Guide succinct de publication d'articles scientifiques à l'intention des doctorants

par Ali Derbala *



Récemment, le 17 juin 2014, le MESRS, le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, a publié l'Arrêté n° 393 instituant une commission scientifique nationale de validation des revues scientifiques.

Cet Arrêté est même annexé de la composition de la commission scientifique nationale. Avec le nombre grandissant de doctorants-thésards dans les universités algériennes, il est impératif de donner des idées sur la notion d'article scientifique, des conseils sur sa rédaction et sa publication éventuelle.

INTRODUCTION

L'article scientifique est un état naturel dans la fin de tout processus de recherche. Pour des thésards, l'article ne se rédige qu'après la rédaction d'un mémoire de thèse. Il est une connaissance certifiée qui a été soumise à la critique des référés d'un journal ou d'un comité scientifique d'une conférence ou colloque et qui a résisté à leurs objections. Les référés ou arbitres sont des spécialistes pointus dans la matière. Ce sont des scientifiques auxquels le comité de la revue ou de la conférence transmet une copie de l'article proposé pour décider s'il mérite ou non d'être publié. Ils cherchent la preuve, vérité, plagiat, redondance etc.?.

Un article scientifique [1] ne se confond ni avec une libre opinion, ni avec un commentaire, un compte rendu de livre, un essai ou un bilan des connaissances. Il est formé d'un titre, d'un résumé et d'un corps.

Son titre doit être précis et donne en quelques mots une idée sur le problème posé.

Si l'on veut en savoir plus, sans pour autant se plonger dans l'article lui-même, il suffit de jeter un coup d'oeil au résumé qui décrit en quelques lignes, de l'ordre de six ou formé de 100 mots, les expériences réalisées et les résultats obtenus. Il ne doit contenir aucune référence ou les noms des autres auteurs. Le résumé n'est rédigé qu'à la fin de la rédaction de l'article.

Le corps de l'article est composé, par exemple, d'une introduction, d'un développement, d'une expérimentation et d'une conclusion.

Dans le nombre des auteurs que dans la diversité des laboratoires, une garantie de sérieux est gagée, d'autant plus que la renommée de la revue qui a accepté l'article.

Tout article scientifique comporte une conclusion où des perspectives de recherches sont relatées et des références. Les références ou la bibliographie est une liste d'articles que le (ou les) auteur(s) ont cité dans la rédaction. Il faut qu'un espace public de discussion, une communauté scientifique, existe et permet aux chercheurs de discuter entre eux leur travail.

Le scientifique doit se soumettre à la critique de ses collègues s'il veut que le résultat de ses recherches se diffuse et que les connaissances qu'il produit soient crédibles. La rigueur, l'honnêteté, le doute sont des qualités qui tiennent aux scientifiques eux mêmes.

OBTENIR UN RESULTAT PUBLIABLE

Pour publier, on doit obtenir au moins un résultat scientifique de valeur. Pour un jeune chercheur, il faut avoir «lu» ceux qui ont publié, au moins «lu» un auteur qui a publié dans sa spécialité et sur le même thème sur lequel il travaille. Il faut qu'un chercheur imite des précurseurs dans son domaine de recherche sans faire de plagiat. Son premier article, pour qu'il ne soit pas confus, ne doit contenir qu'un seul résultat important. Il doit être de type «notes» d'au plus de cinq pages. Ce n'est qu'après des années de dur labeur et d'acquisition du savoir qu'il arrivera à faire des articles volumineux de « synthèse «de dizaines de pages.

Des bases de données ne retiennent que le premier auteur d'un document. L'indice de citation d'un auteur donné ne prend pas en compte les travaux collectifs auquel il a participé et pour lesquels il n'apparaît pas en première place dans la liste des co-auteurs. Il y a un privilège d'être le premier auteur dans le cas d'un article cosigné par plusieurs auteurs. De ce fait, la liste des auteurs n'est pas et ne doit pas être dans un ordre alphabétique. Le premier auteur doit être le chercheur qui a fourni le plus d'effort, en général le post-graduant et non, par humilité, son directeur de thèse. Certains journaux retiennent comme premier auteur celui qui transmettra l'article au journal et sera en contact avec eux.

LE CHOIX DE LA REVUE POUR PUBLIER SON ARTICLE. QUE DOIT- ON VISITER OU LIRE SUR LE SITE WEB OU UN VOLUME OU NUMERO D'UN JOURNAL ?

Le post-graduant a rédigé une thèse. Il a élaboré un travail qui peut faire l'objet d'un ou de plusieurs articles de journaux scientifiques. Le chercheur qu'il est, doit identifier les revues de renommées «non payantes» qui semblent les mieux appropriées pour atteindre l'objectif visé.

Les articles de journaux payants ne sont pas pris en considération et sont très mal cotés. Ils ne sont pas en général reconnus dans les demandes d'équivalence ou d'attribution de grades.

Le post-graduant doit rechercher un journal scientifique de préférence étranger publiant en Anglais, pour brasser un grand nombre de lecteurs scientifiques.

Un journal est tiré par un éditeur ou un imprimeur. Un éditeur peut imprimer plusieurs journaux scientifiques. Si on veut un journal de sa spécialité, il faut qu'on le cherche auprès de son éditeur. Les éditeurs scientifiques sont par exemple Springer, Elsevier, Baltzer, North Holland Publisher, John wiley & sons etc. Le post-graduant peut utiliser un moteur de recherche de type Google, Alta vista, Yahoo, etc. Il peut se connecter par exemple à www.google.fr et inscrira ou mettra le nom du journal à chercher ou sa spécialité. Il voit apparaître la liste des journaux. Il doit les consulter un par un. Il peut lire les articles en sa possession sur lesquels il a travaillé. Chaque article a des références et une liste d'auteurs et de journaux où leurs articles sont parus. L'étudiant doit s'intéresser à : a. la ligne éditoriale, l'»Editorial policy» ou la politique de publication d'articles. Elle nous fournit le genre d'article que le journal préfère publier. L'auteur doit envoyer son article au journal le plus proche de son thème. Il aura plus de chances d'être compris ou au moins il trouvera les référés ou arbitres qui comprennent ce qu'il fait. Par exemple, s'il y a un journal qui préfère publier sur l'histoire des 2 guerres mondiales, il peut refuser de référer un article sur une guerre de l' «ère romaine».

b. l'équipe des référés ou «le comité scientifique» du journal ou l'»Editorial Board».

Il voit si ses membres sont parmi les auteurs qu'il connaît ou il a eu à les connaître de sa recherche bibliographique.

c. Les «instructions aux auteurs» que donne chaque journal. Elles sont différentes d'un journal à un autre et lui donnent les instructions de la mise en forme de son article. Il doit le présenter dans la forme imposée par le journal. Sinon on lui fait perdre du temps pour la publication éventuelle de son article.

SOUMISSION DE L'ARTICLE SCIENTIFIQUE

Quand son article est prêt sous la forme imposée par le journal de son choix, de nos jours, il est préférable et rapide de l'attacher dans un fichier électronique sous la forme article.pdf ou article.ps. L'auteur l'adresse avec un petit mot «courtois» au responsable du comité scientifique appelé « Editor in chief «du journal ou parfois à son adjoint scientifique appelé « Associated Editor-in chief «. Dans ce dernier cas il faut joindre une copie .cc à « l'Editor in chief «, pour qu'il soit tenu au courant du courrier et de pouvoir l'enregistrer. Certains journaux ont un éventail large de publications, «l'Associated Editor-in chief «est le chef des référés les plus proches du thème de son article ou le référé d'une option. Après l'envoi de l'article au journal, on lui accusera réception de son article, sinon il demandera un accusé de réception auprès du dit journal. On lui attribue même un numéro de son article avec qui il fait référence dans d'autres correspondances. Il attend, jusqu'à disons un semestre, dépassé ce temps il doit les relancer et s'enquérir de l'état d'avancement de l'arbitrage de son article.

Les responsables du journal vont le guider par la suite. Son article est accepté sans corrections, un cas rare, sinon on lui propose des corrections et lui demande de les faire dans des délais brefs ou on rejette son article dans le cas le plus défavorable. Dans ce dernier cas, on lui fait parvenir les rapports des référés qui ont rejeté son article, des rapports qu'il doit prendre en considération pour une étude ultérieure. Le projet d'article fait l'objet de critiques, de propositions de modifications, appelées aussi des « corrections», de commentaires et de suggestions par des référés. Une fois « l'article corrigé « est accepté, une copie «spécimen» de l'article final est fournie à un des auteurs dans la forme du journal. Il doit la revoir et proposer des corrections s'il y a des erreurs d'impression.

On lui demandera de transférer la « copyright « du droit de jouissance de l'article signée à l'imprimeur. Le journal non payant aura tous les droits d'utilisation ultérieure du dit document.

L'auteur éprouve une fierté et une lettre d'acceptation de l'article lui est destinée.

Une moyenne d'une année est indispensable pour la parution de l'article dans un numéro du dit journal. Dés la parution du numéro du journal qui contiendra son article, l'auteur de l'article recevra une vingtaine de copies de son article. Certains journaux, pas tous, fournissent à l'auteur même un exemplaire de ce dit numéro.

Vu l'abondance de publications dans certains domaines, tel l'ordonnancement, on peut aussi publier un article suite à une annonce d'un appel à publication dans la communauté scientifique appelé «Numéro spécial» d'un journal, de l'anglais « Special issue «. Il est diffusé par des « Editeurs invités «, appelés « Guest editor «. L'» éditeur invité « est un chercheur spécialiste de renommée qui s'occupera de la collecte de bons articles de la spécialité.

Un numéro spécial sera consacré par exemple, au flowshop hybride, un ordonnancement remarquable des ateliers. Cette collecte d'articles peut se faire aussi dans des conférences internationales sponsorisées par un journal. En moyenne, les six meilleurs articles de la conférence classés par le comité scientifique seront publiés dans ce dit numéro spécial.

On peut aussi publier suite à un appel à la confection d'un « chapitre d'un livre « appelé « Book chapter «. Des livres sont rédigés par un collectif d'auteurs où l'article d'un chercheur est inséré dedans comme un chapitre. En général, ces derniers articles sont pris en considération mais ils ne sont pas classés de renommée.

CITATIONS D'UN ARTICLE

Des notions d'impact et de visibilité qualifient les influences de l'article. Sa citation positive dans une publication ultérieure fournit une mesure de sa visibilité et de son impact et non pas de sa qualité, de son importance ou de son utilité. Nous pourrions citer un article qui n'est pas utile à nos propos mais que nous souhaitons faire une publicité des éléments ou une équipe d'un laboratoire pour montrer leur activité scientifique. On cite des articles pour prouver l'étendue de nos connaissances. Elles produisent des effets auxquels nous pensons que le lecteur sera sensible. Dans un article, les résultats obtenus par les auteurs cités en références pourraient être rapportés tels quels sans commentaires de notre part, nous les considérons comme assurés, et ne les discutant pas. Nous pourrions également y faire référence pour les mettre en doute ou pour nuancer la portée. Dans ce cas, nous relativisons leur validité.

La contribution du chercheur doit être au moins de la moitié de l'article, l'autre moitié est composée de l'exposé de son problème, de sa recherche bibliographique, etc. Il doit toujours se faire lire au moins une fois avant l'envoi de son article au journal.

Conclusion

Seul un travail patient, méticuleux, sans hâte excessive, seul le souci permanent de contrôler les résultats obtenus, peuvent permettre d'arriver rapidement à une publication. Un chercheur qui publie et dont les articles sont jugés intéressants augmente son capital de crédibilité.

Dans le milieu scientifique, publier des articles seul peut être négatif et s'interprète comme un échec d'intégration à une équipe scientifique. Parfois des résultats négatifs de recherche, résultats démontrables ou empiriquement observables, peuvent aussi faire l'objet de communications et de publications.

Référence

1. Michel Callon, Jean-Pierre Courtial et Hervé Penan.

La scientométrie. Que sais-je ?

Editions Dahlab, 1996.

* Universitaire