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SAÏDA: Déficit en vespasiennes

par Tahar Diab

Spectacle désolant pour nos petits enfants surtout et le reste des passants que de voir de temps à autre une vieille personne se soulager en plein air, au recoin d'une rue ou tentant désespérément de se dissimuler derrière un abri quelconque. L'accompagnateur adulte a beau chercher à dévier l'attention de son bambin mais la curiosité juvénile l'emporte à la vue de cet acte controversé que la morale familiale lui interdit dans de pareilles circonstances, car il est de coutume en éducation sanitaire d'obliger l'enfant à faire ses besoins à domicile avant de l'emmener dehors.

Mais la morale interpelée ici concerne nos élus et leurs urbanistes qui ne construisent pas les toilettes publiques nécessaires à nos villes et, de par cette défaillance, ils arrivent ainsi à autoriser indirectement de tels agissements. L'absence de ce répondant urbanistique engendre ce problème qui déshonore certaines de nos chères vieilles personnes dont l'âge avancé et/ou la maladie les déshabillent de leur pudeur et ce spectacle affligeant est accidentellement vécu par la gent féminine extrêmement gênée lors de sa sortie occasionnelle. Ainsi, bon nombre de nos places publiques, de carrefours, de jardins, de champs de foire ou de manèges, de stations de taxis, demeurent complètement dépourvus de ce qu'on appelle vespasiennes dans le jargon de la modernité que l'urbanisme émancipateur oublie d'inscrire dans l'élaboration de ses projets d'aménagements, joignant l'agréable mais dédaignant l'utile considérée prioritaire bien avant les abribus, les cabines téléphoniques, la réalisation encore retardée de ces infrastructures sanitaires est créatrice d'emplois et demeure de nature à restaurer l'hygiène citadine car la contamination incivique enrage aussi les occupants de certains immeubles, désagréablement surpris, de bon matin, d'un constat indescriptible affectant leur hall d'entrée qu'aucun colocataire ne daigne nettoyer. Les toilettes de certains cafés, parfois sans eau, ni serrure, ni éclairage, connaissent souvent des intrusions furtives de passants torturés par le besoin naturel. Mais que dire d'une femme diabétique contrainte de s'agenouiller dans un recoin quelconque, mais que son attitude trahit malgré la protection de son habillement traditionnel et que même un agent de l'ordre public de passage ne saurait verbaliser??. La désolation des passants demeure partagée entre cette compassion humaine naturelle et le reproche désobligeant fait à nos élus qui oublient de protéger de façon citoyenne ce troisième âge à son dernier passage et surtout ces diabétiques qui souffrent doublement de l'impardonnable maladie qui les ronge et les expose à l'environnement politico-administratif encore peu soucieux de ce phénomène qui rabaisse et déshonore la vie citadine sans nous rappeler ce dicton populaire autour de « celui qui s'embellit au dehors, quel serait son état intérieur ? Pour combler ce retard par cet «indispensable urbanistique», la DAS de Saïda, s'appuyant sur un financement de l'Agence de Développement social, vient d'inscrire quatre projets de vespasiennes tout en associant, à travers la page Facebook de la wilaya, les citoyens quant aux choix de leurs lieux d'implantation. L'exemple de cette source de financement disponible devrait être emprunté par nos grandes agglomérations. Ces infrastructures, étant semi-enfouies, peuvent être accompagnées par des surélévations en kiosques multiservices pour éviter de défigurer l'architecture environnante.