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Réfugiés arabes, migrants africains, c'est la déferlante !

par Cherif Ali

Ghaza brûle, le sang et les larmes de sa population n'en finissent pas de se déverser ; le monde observe, se tait, s'insurge, manifeste parfois bien maladroitement, en attendant une énième trêve, ou la fin de ce conflit opposant David à Goliath

Les ghazaouis survivants essayeront de renaître de leurs cendres ; les plus « chanceux » se jetteront sur les routes de l'exil si les portes de Rafaâ leurs sont ouvertes ; ils viendront ainsi gonfler, encore plus, les rangs des personnes déracinées, des réfugiés en fait, qui sont des millions de par le monde, sur lesquels le mauvais sort semble s'acharner ; ils attendent et espèrent en même temps rentrer chez eux, un jour ; ils font partie des personnes les plus vulnérables et doivent constituer, pour les instances internationales, une priorité absolue.

La communauté nationale, qui s'est sentie obligée de dépenser des centaines de milliards de dollars pour secourir les systèmes financiers, notamment les banques ruinées par la spéculation des traders, devrait également ressentir l'obligation de secourir ces personnes qui sont dans une situation de besoin aussi désespérée.

Il y aurait actuellement quelques 42 millions de victimes de conflits et de persécutions dans le monde, réfugiés, qui se trouvent exilés, pour la plupart dans des camps, depuis cinq ans ou plus (pour les réfugies sahraouis) dans des situations que des humanitaires appellent « situations de réfugiés prolongés ».

Ces situations, faut-il le rappeler, n'incluent cependant pas les millions d'autres personnes déracinées qui sont déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Un grand nombre d'entre-elles sont également dans l'incapacité de rejoindre leurs foyers, parfois depuis des décennies ; c'est le cas des palestiniens.

En attendant de trouver une solution, les refugiés comme les déplacés internes ont besoin de nourriture, d'abris, de soins médicaux, d'assainissement, de sécurité, d'écoles pour les enfants et d'autres produits de base.

Les pays d'accueil, pauvres en général, ou en voie de développement, pour continuer à utiliser cette douce sémantique, sont les moins biens lotis pour assurer cette responsabilité et ils en paient le prix fort.

Contrairement à ce qui est propagé en occident comme rumeurs faisant état de flots de demandeurs d'asile dans certains pays industrialisés, la réalité est que 80% de réfugiés dans le monde se trouvent dans les pays en voie de développement, de même que la grande majorité des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.

Ce chiffre va croissant au regard de la crise économique globale qui n'en finit pas de durer et aussi des énormes disparités entre le Nord et le Sud de la planète, de la xénophobie ambiante, du changement climatique, de l'émergence de nouvelles guerres, et aussi du caractère insoluble des vieux conflits qui menacent d'exacerber ce problème de déplacement déjà massif.

Les images de Libyens et d'égyptiens tentant de fuir la Lybie par la frontière avec la Tunisie, devraient inquiéter au plus haut point le monde en général et en particulier nos responsables, tant elles sont anxiogènes parce qu'elles renvoient au chaos.

Des réfugiés supplémentaires risquent de nous tomber dessus et nous asphyxier de toutes parts, à partir du moment ou pour « raisons humanitaires» et parfois « politiques », on leur permet de franchir la frontière et, partant, de s'éparpiller dans le pays profond de l'Algérie, « Mecque des révolutionnaires et légendaire terre d'asile ».

Il y a aussi la mauvaise gouvernance et la corruption, sévissant, notamment, en Afrique et dans le monde arabe qui sont à ajouter à ce constat ; et dans tout cela, l'Algérie, riche et puissance régionale, dit-on, est concernée au regard de ce qui se déroule à ses frontières.

Après avoir accueilli des centaines de familles syriennes, solidarité arabe oblige, voilà que notre pays est assailli par des contingents d'africains, nigériens et maliens majoritairement, qui ont élu domicile dans les rues d'Alger et dans le pays profond.

Ils se sont installés dans des campements de fortune, pratiquement, dans les 48 wilayas et observent un rituel préétabli :

? les hommes égrènent, en silence, un chapelet qu'ils arborent, ostentatoirement, manière de dire «on est musulmans» ? il faut nous aider

? les enfants se chargent de récolter la «sadaka »

? les femmes assises «en tailleur» complètent le décor, d'une famille en errance.

Les algériens, de manière générale, ont éprouvé beaucoup de compassion envers ces étrangers et donnent l'aumône non sans se poser quelques questions, disons-le, sur l'étrange facilité avec laquelle ces migrants d'Afrique ont pu arriver jusqu'Alger et partout dans les villes du pays.

La curiosité passée, et avec la fin du ramadhan, beaucoup n'expliquent pas, la passivité des pouvoirs publics envers ces contingents de migrants qui vont grossissants comme leurs camps, faits de « bric et de broc » qui offrent au regard une vision de désolation accentuant ainsi, l'image hideuse de nos rues, perpétuellement encombrées et jonchées de détritus de toutes sortes !

Certains croient savoir que les migrants en provenance du Niger ne sont pas des refugiés de guerre ou des sinistrés de la sécheresse mais plutôt des mendiants professionnels qui se livrent à cette activité depuis toujours dans leur pays, à partir de la ville d'Arlit.

Votre serviteur n'a pas hésité à poser la question à quelques uns d'entre-eux qui lui ont confirmé qu'ils étaient bien originaires de cette ville de Niger !

L'Algérie est leur nouveau terrain de chasse depuis qu'ils ont appris de la part de certains d'entre-eux, revenus « fortune faite » au pays, que les algériens sont généreux ; voilà pourquoi ils viennent, en masse, avec femmes et enfants, pendant que les maris restent à la maison. Pourtant, rien de la situation au Niger, actuellement, ne justifie ce déferlement de migrants sur l'Algérie !

Notre pays n'est pas le seul à avoir été ciblé par ces « migrants spéciaux », en majorité des subsahariens qui étaient arrivés à constituer quelques 35% de la population libyenne, plus d'un tiers donc de la population globale de ce pays, à cause de la politique « africaniste » de Kadhafi ! Des analystes ont affirmé qu'il suffisait d'une décennie de plus de cette politique et ces migrants seraient devenus majoritaires dans le pays.

L'Afrique compte aujourd'hui 1,1 milliards d'habitants et en comptera encore 2,4 milliards en 2050 et 4,2 milliards en 2100 !

Avec une telle population conjuguée à la mauvaise gouvernance et la corruption, la pauvreté du continent noir ira s'exacerbant !

Le raz de marée de cette immigration non contrôlée risque de faire des dégâts sur les pays du Maghreb qui sont situés sur le chemin de l'Europe, destination finale des migrants, en théorie.

Il faut savoir, toutefois, que 96% de l'immigration africaine se fait à l'intérieur du continent africain, 2% se faisant hors d'Afrique et seulement 2% des migrants arrivent en Europe.

Et pourtant, c'est connu, c'est l'Europe qui est à l'origine du sous-développement de l'Afrique et qui continue, avec la complicité des gouvernements fantoches à piller le continent, à en contrôler ses richesses et y semer le chaos.

En attendant, ces migrants sont arrivés dans nos villes, couchant à la belle étoile avec femmes et enfants dont certains sont de naissance récente, sans protection sécuritaire ou sanitaire, au moment même où le monde s'inquiète pour cause de propagation du virus d'Ebola !

L'OMS a lancé une alerte mondiale concernant la dangerosité de cette épidémie qui a fait plusieurs centaines de morts en Guinée, au Libéria, en Sierra Leone et au Nigéria.

La vague de propagation est-elle que beaucoup de pays ont décidés de fermer leurs frontières en vertu du « principe de précaution » !

Le Kenya quant à lui a suspendu carrément ses vols vers et depuis le Libéria, pays le plus touché par l'épidémie !

Notre pays, n'étant pas à l'abri, le risque d'épidémie est à prendre au sérieux au regard des migrants qui transitent par Timiaouine-Djanet-Aïn Guezzam avec Tamanrasset comme ville de transit, où ils séjournent parfois, longuement, au contact des autochtones, dans l'attente de passeurs capables de les emmener en Lybie, ultime étape pour eux pour espérer passer en Europe.

En conséquence, le virus à toutes les chances de se propager dans notre territoire, en l'absence de contrôle sanitaire et d'équipements adaptés pour le déceler comme les cameras thermiques !

Le moins qui puisse être entrepris, pour rassurer la population alertée par le danger de ce virus par tous les « warnings » émis par les chaines satellitaires, c'est de dire déjà : qu'une « surveillance passive » est mise en application, c'est-à-dire en d'autres termes que des interrogatoires aléatoires peuvent avoir lieu sur la provenance des étrangers, y compris d'autres continents et les listes des voyageurs sont conservées afin de détecter le foyer exact du virus, si un cas venait à être déclaré.

Le risque est réel, car en plus du cas détecté en Espagne, deux cas suspects sont apparus en Autriche et les autorités de ce pays poursuivent leurs investigations.

Oui, mais là on a à faire à des migrants clandestins, tâche autrement plus ardue pour les Ministres de la Santé et de l'Intérieur qui ne peuvent et ne doivent minimiser ce risque, eux qui sont comptables de la santé et de la sécurité des algériens !

Il ne faut pas oublier aussi toutes ces maffias africaines qui écument le Sahel en s'adonnant au trafic de drogue, d'armement et de terrorisme ; en plus d'être de potentiels vecteurs du virus, elle représente aussi une menace plus qu'oppressante si on se rappelle de l'acte terroriste commis à Tiguentourine qui a faillit mettre en péril notre économie et notre sécurité ; ceux qui ce sont attaqués à notre pays, il ne faut surtout pas l'oublier, étaient de nationalité malienne, nigérienne et tunisienne notamment.

L'on vient d'apprendre, par ailleurs, et faut-il s'en inquiéter que des tunnels construits par des contrebandiers et des groupes terroristes, sur le tracé frontalier entre l'Algérie et la Tunisie, mais également avec la Lybie sont, actuellement, en train d'être démantelés par les forces de l'ANP, qui effectuent de vastes ratissages dans ces régions frontalières.

Décidément, nous n'en n'avons pas fini avec cette frontière Est et, beaucoup d'entre-nous espèrent quand-même que ce n'est pas une main malveillante, algérienne, qui a fait traverser la frontière à des bovins contaminés par le virus de la fièvre aphteuse ! L'enquête promise par le ministre de l'agriculture nous le dira, mais encore faut-il que ce dernier s'en sorte indemne de cette catastrophe qui peut lui coûter son poste, à l'occasion d'un remaniement ministériel à venir.

A exiger plus de fermeté au niveau des frontières, et demander, à minima, l'expulsion de tous ces africains en situation irrégulière, il va se trouver quelques « humanistes » pour dire qu'il ne faut surtout pas le faire alors que la grande majorité d'entre ces subsahariens, n'a ni diplôme, ni formation encore moins un métier la rendant éligible au séjour régulier dans notre pays. Qu'ils sachent ces doux rêveurs pour leur gouverne, que même le Congo expulse ces immigrés illégaux ! Et surtout il ne faut pas faire d'amalgame entre les faux migrants, profiteurs et parasites comme ceux qui viennent d'Arlit et les « boat people » qui s'échouent sur les côtes Italiennes et y rendent l'âme.

D'autres concitoyens, de la même veine que les premiers, pousseront quelques cris d'orfraie pour démentir le lien « causal » entre la migration clandestine et l'infection par le VIH et dont les réfugiés subsahariens en seraient les auteurs ; les faits sont pourtant têtus, des foyers de cette maladie sont apparus à Tamanrasset, concomitamment, à leur arrivée !

Le décor étant ainsi planté en cet été de tous les risques, l'Algérie survit dans sa fragilité et ses doutes. Le pays risque de s'enfoncer dans la crise et la récession si le prix du baril de pétrole, à Dieu ne plaise, venait encore à chuter.

Bien sûr, notre pays ne doit jamais se départir de sa solidarité légendaire et les initiatives entreprises par madame Saïda Benhabyles, directrice du Croissant Rouge Algérien en direction du Mali et du Niger, pays d'où sont originaires ces migrants sont louables à plus d'un titre et, à contrario, l'effacement de madame Mounia Meslem, ministre de la Solidarité Nationale est incompréhensible devant cette déferlante qui nous vient des frontières ! Elle aussi a quelques soucis à se faire concernant son maroquin qui a perdu beaucoup de terrain, avec le report à 2015 du chèque aux nécessiteux du ramadhan !

Globalement, l'Etat algérien n'a eu de cesse de manifester sa solidarité avec le Mali et le Niger en contribuant à leur budget et en les aidant, politiquement, à retrouver leur stabilité ; certains pays africains ont même bénéficié d'un effacement providentiel de dettes.

Quant à la solidarité envers les palestiniens meurtris, elle s'inscrit dans la tradition d'entraide manifestée par notre pays, peuple et Etat, envers tous les peuples qui luttent pour leur indépendance ; des familles algériennes ont, spontanément, contacté les autorités de Ghaza pour prendre en charge des enfants et leurs parents rescapés du drame ; nos hôpitaux leur sont grands ouverts, preuve s'il en est de notre solidarité agissante.

Le Président de la République a été le premier chef d'Etat arabe à débloquer une aide financière aux ghazaouis en lutte, après avoir décidé d'accueillir, en masse, des réfugiés syriens.

L'Algérie a ouvert ses bras aux syriens fuyant les combats ; beaucoup d'entre-eux ont refusé d'intégrer les structures d'accueil qui leur ont été préparées, notamment à Sidi-Fredj. Une partie d'entre-eux sont, aujourd'hui, réduits à vivre d'expédients, voire à mendier aux portes des mosquées !

Les motivations de certains refugiés syriens, sont, toutefois, indéchiffrables : veulent-ils rester en Algérie ou poursuivre leur exil au Liban ou ailleurs dans le monde ? S'apprêteraient-ils pour partie, comme 200 de leurs congénères, à rejoindre la Lybie pour se rendre en Italie, après avoir établi une connexion et même plus, signé un pacte avec des milices libyennes ? Ce qui a fait dire aux services de sécurité qui les ont arrêtés, avec leurs complices algériens, qu'ils font partie d'un vaste réseau de financement du terrorisme, dans le cadre d'un plan financé par « Daâch » ?

Si on venait, encore, à se soucier de nos frontières Ouest, qui nous inondent de drogues, de trafics de toutes sortes y compris humains et qui nous dépouillent de quantités de produits subventionnés, le carburant en particulier, on est en droit légitime d'encourager les pouvoirs publics à les maintenir fermées !

On est en droit aussi de leur poser une question, une seule : « l'Algérie a-t-elle vocation à accueillir toute la misère du monde ? »

Auquel cas, ils doivent prendre leurs responsabilités, car les algériens sont passés du stade de la compassion envers ces refugiés et ces migrants, auxquels ils ont manifesté leur solidarité, à celui de l'exaspération concernant l'indifférence des pouvoirs publics à leur égard !