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Le silence assourdissant des grands de ce monde

par Pr. Chems Eddine Chitour

« Si j'étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal, nous avons pris leur pays. C'est vrai que Dieu nous l'a promis, mais en quoi cela les concerne ? Notre dieu n'est pas le leur. Il y a eu l'antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce de leur faute ? Ils ne voient qu'une seule chose : nous avons volé leur pays. Pourquoi devraient-ils l'accepter ? » David Ben Gurion, Premier ministre israélien, cité par Nahum Goldman dans le paradoxe juif, p. 121.

Ghaza 22e jour ; L'horreur ordinaire, 60 morts par : jour soit 2 à trois morts par heure depuis 500 heures le désarroi des Ghazaouis encore vivants, le traumatisme ad vitam aeternam qui portent dans leurs chairs et leurs esprits la tragédie du peuple palestinien qui dure depuis près d'un siècle

Un bref rapport d'étape qui fait froid dans le dos nous est donné l'Ocha, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, qui livre quotidiennement des données chiffrées et vérifiées. : " L'offensive contre Ghaza a fait plus de 1.110 morts palestiniens (1.113 Palestiniens mardi 29 juillet). Selon l'ONU, ce sont en grande majorité des civils : 795 morts mardi 29 juillet. On s'approche du bilan de l'opération "Plomb durci" en 2008-2009 qui a duré aussi longtemps et qui avait fait 1.440 morts palestiniens. Ce qui est certain, c'est que l'Unicef a évalué à "environ 230" le nombre d'enfants tués depuis le début de l'opération, soit "plus de dix par jour" dans un territoire surpeuplé de 40 km sur 10 km, où la moitié des quelque 1,8 million d'habitants soumis à un blocus israélien depuis 2006 ont moins de 18 ans. " Quant aux blessés, ils sont au nombre de 6.233 côté palestinien, dont 1.949 enfants et 1.660 femmes, a enregistré l'ONU, le 27 juillet. Côté israélien, trois civils et 53 soldats ont été tués. C'est le plus lourd bilan militaire depuis la guerre contre le Hezbollah libanais, en 2006. Le porte-parole de l'UNRWA rapporte que ce sont désormais 182.604 habitants de la bande de Gaza qui ont été placés dans les abris de l'ONU, soit 10% de la population. Selon l'agence onusienne, les réfugiés sont hébergés dans 83 refuges. Médecins sans frontières (MSF) rapporte aussi que l'hôpital d'Al Shifa abrite près de 2.000 déplacés. (1)

L'aube fut de nouveau meurtrière à Ghaza ce mercredi. Alors que l'opération militaire israélienne entre dans sa quatrième semaine, au moins vingt Palestiniens réfugiés dans une école ont été tués mercredi 30 juillet lors d'un bombardement. Il s'agissait pourtant d'un abri de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient), situé dans le camp de Jabaliya. Six autres Palestiniens, dont trois enfants, ont été tués quelques heures plus tard dans une nouvelle frappe sur l'enclave.      Chassés de chez eux par les combats entre Israël et le Hamas à Ghaza, plus de 200.000 habitants du territoire palestinien vivent actuellement dans des conditions très précaires dans quatre-vingt-deux écoles gérées par l'UNRWA L'armée israélienne affirme avoir tué plus de 300 combattants du Hamas et frappé près de 3.900 "sites terroristes" depuis le début du conflit déclenché par des raids aériens avant de s'étendre le 17 juillet à une opération terrestre.

La centrale électrique de Gaza est en feu, après avoir été frappée dans la nuit par l'armée israélienne, rapporte le quotidien "Haaretz". L'obus a touché un réservoir de carburant, explique un porte-parole de la compagnie d'électricité de Gaza. les pompiers locaux ne sont pas suffisamment équipés pour éteindre l'incendie. Après des bombardements sur l'unique centrale électrique de Gaza, d'importants incendies se sont déclarés à proximité rapporte l'AFP. Même en temps normal, les coupures de courant à Gaza sont quotidiennes, de 8 à plus de 12 heures par jour, affectant hôpitaux, écoles, commerces, ou encore usines de traitement des eaux du territoire et de ses 1,8 million d'habitants. Selon l'ONU, la demande en électricité du territoire est estimée à 360 mégawatts.

LE DROIT HUMANITAIRE BAFOUE

Ce qui se passe à Ghaza est "un crime de guerre insupportable dans l'impunité internationale la plus totale, déplore Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, sur BFM-TV. "Est-ce qu'on laisse le massacre continuer ?", interroge le sénateur, avant de dénoncer le "silence coupable de la France" et de la communauté internationale. "Je n'ai jamais vu autant de dégâts, de destructions, je n'ai jamais vu autant de sang", s'émeut Jacques de Maio, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour Israël et les territoires occupés, lors d'une conférence. L'hôpital al-Shifa, le plus grand de Gaza, a bien été bombardé lundi, confirme sur RFI Mego Terzian, le président de Médecin Sans Frontières (MSF). Il précise qu'il s'agit du quatrième hôpital touché depuis le début de l'offensive israélienne. "Plusieurs ambulanciers sont morts", assure-t-il, avant d'affirmer que de telles frappes ne sont pas conformes au droit humanitaire international. Pour Mego Terzian, "la majorités des blessés sont criblés d'éclats d'obus. La moitié sont des femmes ou des vieillards. Parmi les autres, tous les hommes ne sont pas des combattants du Hamas !" Il conclut : Les populations civiles sont sévèrement touchées. Ils ne savent pas où aller. Les seuls endroits pour se réfugier sont les écoles aménagées par l'ONU mais elles sont aussi bombardées. [...] C'est une catastrophe humanitaire."

LE TEMOIGNAGE DES ORGANISATIONS HUMANITAIRES

Bombardements intenses, hôpitaux touchés par les frappes israéliennes, réfugiés qui ne savent plus où aller... la situation humanitaire dans la bande de Gaza s'est aggravée ces derniers jours. Le directeur de l'organisation Handicap international pour le programme Moyen-Orient, Jean-Baptiste Lebrun interviewé par Sarah Diffalah déclare : " "Les cibles civiles ne sont pas épargnées, même celles qui sont sous protection humanitaire", s'alarme Jean-Baptiste Lebrun, directeur de Handicap international pour le Moyen-Orient. Bien avant l'offensive israélienne, la bande de Gaza vivait déjà dans une situation de pré-crise humanitaire. Les raisons, nous les connaissons parfaitement : blocus de plus en plus resserré, difficultés de plus en plus importantes pour assurer les approvisionnements en raison de la fermeture des tunnels entre l'Egypte et le territoire palestinien et du point de passage de Rafah, isolement croissant des autorités, en particulier du Hamas.(2)

" L'accès à des services essentiels est compromis : de nombreuses infrastructures hospitalières ont été touchées directement par les bombardements Dans son dernier rapport quotidien, l'Ocha (le bureau de coordination des affaires humanitaires) a estimé que près de 200.000 enfants ont besoin de soutien psychologique... " Imaginez-vous poursuit Jean Baptiste Lebrun, être enfermé avec une telle surpopulation dans un territoire de 8 kilomètres sur 40... On dit à juste titre que ce territoire est une "prison à ciel ouvert". Cela créé une situation de tension permanente et intense. C'est un traumatisme généralisé.(?) En tant qu'acteur humanitaire, nous ne travaillons pas avec les groupes armés. La réalité sur le terrain, c'est que les hôpitaux sont bombardés, des écoles de l'ONU sont bombardées, un centre qui accueillait des adultes en situation de handicap multiple a été bombardé et a fait plusieurs morts. Les cibles civiles ne sont pas épargnées, même celles qui sont sous protection humanitaire... (2)

LA PUNITION POUR L'EXEMPLE DES AUTRES PALESTINIENS DE JERUSALEM

Même les Palestiniens de Jérusalem est font face à une punition collective pour avoir protesté contre ce qui se passe à Ghaza Depuis trois semaines en effet, les Palestiniens de Jérusalem-Est endurent une punition collective : la " dirty water ", comme on l'appelle ici. Chaque fois qu'une manifestation a lieu - et il s'en produit presque chaque soir dans la partie orientale de la Ville sainte, depuis les événements de Gaza - un camion blanc passe ensuite sur les lieux et projette un mystérieux liquide pestilentiel. Tout s'en retrouve imprégné : les façades des maisons et des immeubles, les fenêtres, les trottoirs, la chaussée, les arbustes, les fleurs? Que contient ce produit ? Personne ne le sait, et la police israélienne reste très discrète sur ce sujet. L'odeur qui se dégage de la " dirty water " agresse les narines. Elle colle aux vêtements et à la peau, et il est impossible de s'en débarrasser pendant deux ou trois jours

POURQUOI LE CHAOS ACTUEL ?

Israël ne fait rien d'une façon aléatoire. plusieurs explications peuvent expliquer cette expédition punitive. D'abord Israël veut venger les trois Israéliens tués par le Hamas. Résultat 10 morts en juin et 400 arrestations. On s'aperçoit qu'en fait ceci n'est pas vrai. Le Hamas n'a rien à voir avec ces meurtres. Reste alors deux autres motifs. Israël veut mettre fin aux tirs de roquettes. Pourquoi cela n'a pas été fait avant ? En fait deux hypothèses plus crédibles sont en train de faire jour.

1° ISRAËL S'APPROPRIE 40% DE LA BANDE DE GAZA

D'abord une réappropriation d'une partie de Ghaza ( une zone tampon de protection Dans la publication suivante, nous comprenons le motif : " Israël contraint des dizaines de milliers de personnes à quitter leurs maisons, transformant leurs anciens quartiers en no-man's land. Beit Hanoun, Gaza - Cette étroite bande de terre que l'on appelait "la bande de Gaza", déjà l'un des endroits les plus densément peuplées de la planète, est en train de devenir considérablement plus petite. L'armée israélienne, sans relâche et méthodiquement, repousse les gens hors de la zone tampon de 3 km dont elle dit avoir besoin pour se protéger contre les roquettes et les tunnels du Hamas. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, la zone tampon avale environ 44 pour cent du territoire de Gaza (cf. carte en fin d'article). Ce que cela signifie sur le terrain, ce sont d'extraordinaires scènes de dévastation dans des endroits comme le quartier d'Al Shajaya près de la frontière orientale de la bande de Gaza, et à Beit Hanoun dans le nord. C'étaient des quartiers bondés il y a moins de trois semaines. Maintenant, ils ont été littéralement dépeuplés, les résidents allant s'ajouter aux plus de 160 000 personnes déplacées dans des refuges et des abris de fortune. Les blocs d'immeubles d'habitations sont des champs de ruines, et, comme j'avance à travers ce paysage (hostile la phrase qui n'arrête pas de résonner dans ma tête est "terre brûlée". (3)

2° ISRAËL VEUT S'EMPARER DES GISEMENTS DE GAZ AU LARGE DE GHAZA

Dans la juste continuation de ses gisements de gaz comme le Léviathan, Israël veut s'approprier aussi les gisements de gaz palestiniens que Ghaza ne peut pas exploiter du fait du blocus. Israël est déjà en litige avec le gouvernement libanais concernant l'empiétement sur un gisement à la frontière avec le Liban. On le voit le problème énergétiques ne sont pas loin et tout est fait en surface pour que les problèmes de font et d'avenir soient réglées

LE BASCULEMENT DE LA FRANCE VERS LE DROIT DE LA FORCE : LE MERITE DE LA CLARTE

Pourquoi l'impunité ? Pourquoi le silence des pays Occidentaux ? Pourquoi la lâcheté des Arabes ? A quoi servent les Nations Unies ? Autant de questions que le citoyen Lambda se pose ? Nous allons tenter d'expliquer à titre d'exemple la position cohérente de la France

 L'ambivalence du discours de la Gauche est connue. On ne s'en méfie jamais assez ! Les Algériens ont toujours eu des problèmes avec les socialistes. Sous des propos lénifiants de droits de l'Homme se cache une stratégie plus perverse que celle de la Droite qui a le mérite de la clarté. Ils ne nous aiment pas, c'est claire c'est net c'est précis. Souvenons nous de la Gauche de François Mitterand l'humanisme qui abolit la peine de mort en 1981 parce que contraire à ses convictions philosophiques mais qui n'hésita qui en tant que ministre à déclarer lors de la guerre d'Algérie " la seule négociation , c'est la guerre " envoyant à l'échafaud les meilleurs enfants de l'Algérie. La duplicité d'une France de gauche est à comparée dans une certaine mesure à celle de Droite qui eut on ne le soulignera jamais assez une position équilibrée avec la position lucide du général de Gaulle concernant le conflit israélo-palestinien. Ce fut ensuite la position sans ambigüité de Jacques Chirac avec le coup d'arrêt moral à l'aventure américaine avec le discours mémorable de Dominique de Villepin el février 2003

Le professeur Ahmed Cheniki résume à sa façon la position actuelle du gouvernement socialiste qui n'a pas divorcé d'avec ses démons et de la nostalgie de l'Empire au point de vouloir " punir la Syrie " martelant que Assad ne mérite pas de vivre mais qu'au moment d'y aller, il y eut un rétropédalage car l'Empire en a décidé autrement " Le langage guerrier, mensonger et outrancier écrit-il de la presse et du PS est perçu dans nos sociétés, - encore traumatisées par les traces mémorielles d'effroyables pratiques coloniales et traversées par les marques du mépris de dirigeants locaux trop fascinés par la parole "occidentale" -comme une des manifestations du racisme ordinaire dont est coutumier le PS français dont l'un de ses anciens patrons, François Mitterrand, a ordonné la liquidation par l'usage de la guillotine du premier condamné à mort algérien, Ahmed Zabana, le 19 juin 1956 Un de nos écrivains, Malek Haddad, très apprécié par Louis Aragon, disait ceci de la France : "Qu'elle est belle, la France? quand elle ne fait pas de guerre." Mais, malheureusement, elle y est depuis quelques années en Côte d'Ivoire, en Libye, au Mali et en Syrie. Oui, la France, la belle France de Vallès, de Renoir, de Sartre, de Genet et d'Althusser est carrément insultée par les va-t-en-guerre, médiocres, inhumains, renouant avec le discours colonial, pensant que la peau d'un Arabe ou d'un Africain ne vaut absolument rien, ces peuples, disait déjà Sarkozy à Dakar, ne sont pas encore entrés dans l'Histoire. (?)      Les Arabes et les petites gens dans le monde n'oublieront jamais cette position extraordinaire de Jacques Chirac relayée par Dominique de Villepin ou cette démission mémorable du poste de ministre de la défense de J-P. Chevènement, protestant contre l'engagement de la France de Mitterrand dans la guerre contre l'Irak, qui ont montré au monde que la France pouvait être indépendante " (4)

En définitive, pourquoi les Arabes ne représentent plus rien en terme d'influence sur les affaires du Monde ? Un peuple est en train de disparaitre les potentats Arabes en mal de légitimité ne bougent pas, protestent du bout des lèvres : " le minimum syndical " en terme de manifestations qui sont tous sauf spontanées?On dit que les potentats arabes ne quittent le pouvoir que par l´éradication darwinienne ou par l´émeute. Ghassan Salamé avait raison d´écrire que "ces vingt dernières années, les pouvoirs arabes ont progressé dans le domaine des libertés et régressé dans celui de l´alternance. Ils se sont résignés à accepter les effets de la révolution de l´information Internet, télévisions satellitaires. Ils ont dû, malgré eux, s´insérer dans la mondialisation de la communication et tolérer une expression démocratique désormais techniquement impossible à étouffer. Mais en matière d'alternance, il y a eu une véritable régression car on a assisté à une "patrimonialisation" du pouvoir. (...) " (5)

Aina el 'Arab ? s'époumonait à la mort cette maman palestinienne ayant perdu son fils ? Elle n'aura pas de réponse. Le silence assourdissant des grands de ce monde et notamment de l'Occident est lié à une faute originelle commise à l'endroit des Juifs, fait que ce sont les Palestiniens qui payent pour une faute qu'ils n'ont pas commises. Ainsi va le monde

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

1.http://tempsreel.nouvelobs.com/le-conflit-a-gaza/20140729. OBS4944/gaza-ces-chiffres-qui-traduisent-l-horreur-du-conflit.html

2.Sarah Diffalah Gaza : "Des blessés soignés à même le sol" Le Nouvel Ob 30-07-2014

3.Jesse Rosenfeld (revue de presse : The Daily Beast (USA) http://www.france-irak-actualite.com/2014/07/israel-s-approprie-40-de-la-bande-de-gaza.html

4.A. Cheniki. http://www. lesoirdalgerie.com/articles/2013/09/10/article.php?sid= 1539 22&cid=41

5.Ghassan Salamé: Où vont les révolutions arabes? Nouvel-Obs. 2 juin 2011