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Organisation de l'aviation civile internationale : Nouvelles mesures pour quadriller le ciel

par Abdelkader Djebbar : Montréal

Depuis Montréal où elle s'est réunie mardi, l'Organisation de l'aviation civile internationale souhaite que les pays à risques fassent connaître les zones qu'ils considèrent comme dangereuses de manière à organiser la «circulation aérienne». L'OACI mettra sur pied d'ici lundi prochain un groupe de travail dont les tâches consistent, tout au moins, à atténuer les risques que présentent les zones de conflit pour l'aviation civile, à la suite de récentes catastrophes aériennes. « Ce que nous essayons d'améliorer, c'est la façon dont les États disséminent l'information, l'apportent à notre connaissance et puis ensuite que nous la transmettions à l'industrie, pour pouvoir assurer des conditions optimales pour les passagers », a souligné Raymond Benjamin, secrétaire général de l'OACI. L'organisme n'a toutefois pas l'autorité de «forcer les pays à dévoiler des renseignements ni celle de fermer un espace aérien, cette dernière prérogative revient à l'État souverain sur le territoire ». Les sociétés aériennes souhaitent compter sur des évaluations des risques neutres et indépendantes afin de décider de survoler ou d'éviter une région. Le secrétaire général de l'organisation de l'aviation a réitéré mardi que la responsabilité de l'évaluation des risques reposait sur les pays, qui se doivent de signaler tout danger pour l'aviation civile internationale dans leur espace aérien. L'OACI a en outre annoncé mardi la tenue en février 2015 d'une réunion d'urgence à laquelle participeront les 191 États membres.

Pas moins de 761 personnes ont péri dans les 12 accidents graves survenus au cours des sept premiers mois de 2014. C'est presque trois fois plus que le nombre de victimes durant toute l'année 2013. Néanmoins, tous les experts le disent et les statistiques sont incontestables: l'avion reste un moyen de transport très sûr. Surtout, il l'est de plus en plus. En 1992, sur quelque 15 millions de vols commerciaux, 57 accidents avaient fait 1539 morts. Vingt ans plus tard, en 2012, le nombre de vols a doublé, mais il y a eu 23 accidents (-60%) et 475 décès (-70%).

BALISER LES ROUTES DU CIEL

Alors que l'aviation civile traverse une forte période de turbulences, l'OACI veut donc sécuriser davantage les routes du ciel. Le crash du vol Ouagadougou-Alger est comme la goutte qui a fait déborder le vase, bien que ce ne soit qu'une goutte dans l'océan malgré la douleur. En moins d'une semaine, ce fut la troisième catastrophe aérienne sur trois continents différents dont deux pratiquement en zones de conflit. D'où toutes les interrogations qui meublent et hantent aussi bien les familles des victimes que l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).

Objectif, faire le point sur les risques liés au survol des zones de conflit, comme par exemple en Ukraine ou encore au Mali. La réunion, qui a eu lieu au siège montréalais de l'OACI, a rassemblé les dirigeants de l'Association du transport aérien international (IATA), du Conseil international des aéroports (ACI) et de l'Organisation de la navigation aérienne (CANSO). Les craintes quant à la sécurité du transport aérien sont ravivées par les plus récents accidents, dont celui d'un avion de Malaysia Airlines qui a été vraisemblablement abattu par un missile sol-air au moment où il volait au-dessus de l'est de l'Ukraine. L'urgence à prendre de nouvelles mesures pour sécuriser les routes du ciel s'explique, comme l'a déclaré le président de l'OACI, Tony Tyler, cité par la télévision de Radio-Canada, par le nombre de décès attribuables cette année à des accidents aériens. En 2013, pas moins de 210 personnes ont trouvé la mort dans des accidents d'avion. Cette année en moins de huit mois, le bilan des trois dernières catastrophes aériennes survenues à la fin du mois de juillet s'avère déjà une année plus meurtrière que les trois précédentes pour l'aviation civile avec 760 morts.

Les membres du Conseil international des aéroports exploitent 1861 aéroports dans 177 pays et territoires. « Malheureusement, nous avons déjà dépassé ce nombre cette année. Malgré tout, embarquer à bord d'un avion demeure l'une des activités les plus sûres qu'il est possible de faire », a souligné M. Tyler. Il a ajouté que près de 100 000 avions décollent et atterrissent sans problème tous les jours à travers le monde.

De nombreux transporteurs européens et nord-américains, dont Air Canada, ont cessé pendant plusieurs jours, ces derniers temps, leurs vols vers Israël après que les combats opposant Israël aux Palestiniens se soient déplacés près de l'aéroport de Tel-Aviv.

«Chaque accident est un accident de trop, a déclaré Tony Tyler, le grand patron de l'IATA. Le plus grand hommage que nous puissions rendre à leur mémoire est de mettre tout en œuvre pour comprendre les causes de ces événements et faire en sorte qu'ils ne se reproduisent plus.» En fait, il faut avoir la bonne information, au bon moment et au bon endroit pour toujours mieux quadriller le ciel.