Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

BLIDA: Quand l'Aïd ne rime plus avec joie

par Tahar Mansour

Depuis la nuit des temps, les fêtes sont synonymes de joie, de bonheur, de rires et de jeux et nos Aïds n'en étaient pas dépourvus, du moins jusqu'à cette année.

Bien sûr, durant la nuit coloniale, l'Algérie n'a pas toujours eu des Aïds heureux, mais ou bien cela ne se savait pas assez, ou bien les Algériens, malgré tout, étaient heureux, en apparence, seulement, lors de leur célébration. Mais depuis l'indépendance de notre pays, tous les Aïds se sont passés, dans la joie, peut-être un peu altérée, durant la « décennie noire » mais, depuis plus de 14 ans, c'est toujours la joie, le bonheur et la paix qui prédominaient, jusqu'à cette année où tout le monde a pu remarquer que l'Aïd s'est passé de façon morose, sans réel bonheur. Même les rires, les jeux et les ?dépassements' des enfants étaient absents. A peine si un sourire ?conventionnel' se dessinait sur les lèvres des gens qui s'embrassaient et se souhaitaient ?bon Aïd', leurs yeux, cependant, étaient tristes et leurs visages fermés affirmaient le contraire.

Chez beaucoup de gens, les images atroces d'enfants palestiniens déchiquetés par les bombes assassines, des femmes qui pleurent leurs morts, des familles entières décimées, des centaines de maisons détruites, se superposent et ne laissent aucune place à la joie.

C'est peut-être, cela qui a fait la différence entre les Algériens ayant vécu sous le joug colonial et les Palestiniens d'aujourd'hui, qui meurent en ?live'; le génocide retransmis, en direct, par toutes les télévisions avec un angle changeant, selon la doctrine des pays.

Tous les Algériens se sentent concernés, et touchés dans leur chair et leur âme, par cette barbarie que personne ne veut ou ne peut arrêter. Avant-hier, c'était la seule centrale électrique de la bande de Ghaza qui a été détruite, laissant les habitants dans le noir et les blessés sans soins. Durant ces jours de l'Aïd, les Algériens étaient tristes et n'avaient montré aucun sentiment malgré la pénurie de pain, de lait et de bien d'autres produits de première nécessité. Avec même les pharmacies fermées, sauf en de rares endroits qu'il fallait découvrir, tant aucune liste des officines de permanence n'était disponible. La prière la plus entendue, durant ces journées de ferveur religieuse, était destinée aux Palestiniens afin que Le Tout-Puissant leur vienne en aide et les sauve de cette barbarie qui semble cibler leur extermination.