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La Centrafrique se dote d'un accord de cessation des hostilités

par Nedjameddine Zéroug

La troisième guerre civile centrafricaine déclenchée en 2013, vient de connaitre son épilogue grâce à un accord de cessation des hostilités signé le 23 juillet dernier à Brazzaville, capitale de la république du Congo. Réunis en conclave depuis le 21 juillet dans la dans capitale congolaise, sous les auspices du médiateur international, le président congolais M. Denis Sassou N'Guesso, les deux principaux belligérants les Sékéla d'un côté et les anti balaka de l'autre, sont parvenus à sceller, au bout de trois jours de négociations, un accord mettant fin à une guerre fratricide qui les opposait et qui aura duré plusieurs mois, faisant plus d'un millier de morts parmi lesquels des femmes et des enfants et autant de blessés. Comme son nom l'indique, la Centrafrique, ce pays d'Afrique centrale qui a connu, à l'instar du Rwanda en 1994, des violences intercommunautaires a failli frôler une " Somalisation " certaine à l'origine d'une lutte de pouvoir transformée en guerre religieuse. Tout a commencé lorsque la Séléka, une milice composée essentiellement de musulmans, a renversé en 2013 le président François Bozizé et l'arrivée au pouvoir de Michel Djotodia installé comme président par intérim de la République centrafricaine par les rebelles de l'ex-Séléka, ont donné lieu à de violents affrontements entre les combattants de la Séléka et les Anti-balaka, lesquels ont plongé le pays dans une spirale de violences qui ne dit pas son nom. Selon certains observateurs avertis et très au fait de la situation de cahot, les cadres de l'ex-Séléka, dont M. Abakar Sabone ancien conseiller spécial de l'ancien président Michel Djotodia et fondateur de l'Organisation Musulmane Centrafricaine (ORMC) qui dispose de 5000 hommes se sont trompés dans leurs projets en destituant le président Bozizé et en confiant la période de transition à M. Djotodia qui n'a tenu que neuf mois après son arrivée au pouvoir, a été contraint, sous la pression des dirigeants des pays d'Afrique centrale qui considéraient son départ et celui de son Premier ministre M. Nicholas Tyangaye comme l'une des conditions à l'arrêt des affrontements armés, de présenter sa démission dans la capitale tchadienne, N'djamena où il participait au sommet de la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) qui consacrait ses travaux à la recherche d'une solution à la crise centrafricaine.

La Centrafrique qui était agitée par une grave crise qui l'a secoué de plein fouet, dont les origines sont complexes était en proie à une guerre civile. Les anti balaka qui apportaient un soutien indéfectible au président déchu M. Bozizé, ont lancé une véritable chasse aux musulmans, une sorte d'épuration ethnique dans le principal quartier musulman PK-5 ou KM5 situé à Bangui, la capitale. Ce conflit confessionnel qui a duré plusieurs mois aurait conduit ce pays vers une partition à la " Yougouslave ", une des revendications des rebelles de l'ex-Séléka. Cette dernière est à l'origine de la situation de chaos qu'a vécue la population centrafricaine, que l'ancien chef de l'Etat M. François Bozizé n'hésite pas à qualifier cette milice de "bandits" qui pillent, volent et violent alors que les anti balaka sont, à ses yeux, des patriotes qui luttent contre l'insécurité. Fortes de 60000 à 70000 hommes selon leur coordinateur politique, les milices anti balaka, dont la plupart sont des animistes, des chrétiens et des musulmans, sont mises en place par des paysans et ont été formées en 2009 pour lutter contre les coupeurs de route et les bandits de grands chemins avant de prendre les armes en 2013 contre leurs ennemis de la Séléka. Ces rebelles qui sont responsables des exactions commises à l'encontre des musulmans sont retranchés dans le quartier PK-5 veulent faire un nettoyage ethnique. Mais la MISCA, une force africaine aux côtés des militaires français, dont la mission est le maintien de la paix en Centrafrique, avait déclaré la guerre aux anti balaka responsables de l'insécurité et l'instabilité dans le pays. Pour toutes ces raisons, ces derniers n'ont rien à voir avec la religion puisqu'ils renferment en leur sein des membres de différentes religions mais ils sont manipulés par des forces occultes qui jettent l'anathème sur les musulmans, sources de problèmes. Ce prétexte qui ne tient pas la route est dicté par le maintien du statu quo afin qu'elles accèdent au pouvoir par tous les moyens. Quant aux chrétiens et musulmans, ils vivent en parfaite harmonie en république centrafricaine. Devant cet état de fait, une solution à la crise qui secoue depuis belle lurette la Centrafrique a enfin été trouvée consistant en la signature d'un accord de cessation des hostilités signé le 23 juillet dernier à Brazzaville, impliquant les deux principaux belligérants les anti balaka et l'ex-Séléka, à s'engager à respecter la cessation de tous les actes de violences contre les populations civiles et militaires et la protection les droits humains.

Par ailleurs, le terme anti balaka est dérivé du mot balaka qui veut dire machette en Sango mais la vraie signification de la première syllabe bal- veut dire : balle, quant à la seconde aka, elle est le diminutif de la célèbre mitraillette russe kalachnikov AK-47, lesquels formant ainsi un seul mot balaka c'est-à-dire Pare balle, dont ils se attribués parce qu'ils sont parés des gris-gris qui les protègeraient des balles tirées par les kalachnikovs.