Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Cette info qui nous fait voler la vedette

par Salim Metref

Le tragique crash du vol d'Air Algérie au Mali, comme d'autres événements, révèle encore une fois les nombreuses carences qui existent encore en Algérie en termes de communication, surtout officielle, et de réactivité. Tout va désormais très vite et l'opinion internationale n'attend pas et est à l'affût du moindre écho et de la moindre déclaration. Il faut vite s'approprier l'événement avant qu'il ne vous échappe ; surtout lorsqu' il vous concerne en premier lieu et avant que d'autres ne le fassent à votre place, ne se l'approprient et ne l'exploitent pour des raisons stratégiques, de démonstration d'efficacité et d'affirmation de leadership. Beaucoup d'Algériens s'indignent et expriment leur colère et ne comprennent pas, une fois encore et s'agissant de ce tragique événement par exemple, que l'Algérie, du fait peut-être de la chaleur ambiante ou du manque d'imagination de ceux qui la dirigent, se fasse doubler et rate une fois encore l'occasion de gérer avec brio et professionnalisme et à son profit un événement qui nous concerne puisque qu'il s'agit d'un vol d'Air Algérie, et ce indépendamment des nationalités de tous ceux qui ont malheureusement perdu la vie dans ce tragique accident.

Et de ne pas comprendre cette propension récurrente, et qui devient inquiétante, chez l'actuel ministre français des Affaires étrangères à s'ériger parfois en porte-parole officieux de l'Algérie, s'offrant le luxe de s'ingérer «amicalement» dans ses affaires internes.

Sommes-nous devenus à ce point inaudible ou peut-être sous tutelle ?

Côté algérien, les couacs semblent aussi nombreux. Trois ministres qui montent au filet peut faire vraiment désordre. Une cellule de crise regroupant tous ces départements et présidée par le ministre des Affaires étrangères, seul autorisé à s'exprimer, aurait suffi et aurait été sans doute plus opportune d'autant plus que ce dernier aurait donné le change à son homologue français qui, en cette période de disette intellectuelle et de panne d'imagination qui caractérisent la gauche socialiste française au pouvoir, s'est vite approprié le beau rôle. Et les médias français n'ont pas manqué de préciser que c'est un drone français qui a localisé le premier l'appareil.

Mais peut-être préfère-t-on, côté algérien, se laisser volontiers voler la vedette, ronronner et s'assoupir et venir à oublier peut-être les familles des victimes algériennes ?

 Mais quelles sont les véritables raisons qui ont fait que l'accident du vol d'Air Algérie soit devenu en France un événement national et soit géré par les médias en tant que tel au point de provoquer même le report du déplacement officiel à l'étranger du président français?

Est-ce la légitime émotion suscitée par le nombre élevé de victimes françaises qui peut justifier qu'elle soit récupérée par les socialistes français surtout que les sondages d'opinion plombent toujours une popularité devenue exécrable et qui hypothèque déjà 2017 au profit du Front National ?

Ou l'impératif de désactualiser la tragédie de Gaza et les crimes de guerre commis par Israël et de réduire la pression induite par une partie de l'opinion française qui veut manifester son soutien à la Palestine et qui bute sur la partialité de l'administration qui lui refuse, sous différents prétextes, le droit et l'autorisation de manifester ?

Ou bien le souci des autorités françaises d'affirmer une influence indiscutable dans tout ce qui touche au Sahel, au détriment du rôle que souhaite jouer l'Algérie dans cette région et qui ne plairait pas à l'ancienne puissance coloniale qui n'accepte pas de concurrence en la matière ?

Ou encore l'envie de déployer l'expertise française en matière de sécurité aérienne et d'enquête sur les accidents d'avions civils ?

Ou peut-être de minimiser l'impact de la médiation algérienne entre les différentes parties en conflit au Nord Mali et les pourparlers qui ont eu lieu à Alger ?

Toutes ces raisons peuvent expliquer, en partie ou pas du tout d'ailleurs, les dessous de cette médiatisation d'outre-mer mais n'expliquent pas le manque de réactivité algérienne qui demeure une énigme. Sommes-nous désormais ligotés par notre participation au défilé du 14 juillet ? Mystère et boule de gomme.