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Très prisée durant le ramadhan: L'eau de source fait recette

par Abdelkrim Zerzouri

Avec une eau minérale plus chère que le prix de l'essence, une eau de robinet bourrée de produits chimiques, les citoyens se rabattent massivement sur l'eau de source ou fontaines qui coule à travers plusieurs points de la wilaya de Constantine. Les nombreux habitués de ces fontaines, qui s'approvisionnent tout au long de l'année au niveau de ces sources dont la réputation dépasse les limites de la wilaya, sont rejoints depuis le début du mois de ramadhan par de nouveaux adeptes de cette eau qui sort des entrailles de la terre, fraîche et d'un goût très savoureux. Désormais, rien ne vaut le détour par ces fontaines pour les automobilistes, car le véhicule est indispensable pour accéder à ces fontaines.

C'est devenue une habitude ancrée dans le programme des points à régler durant la journée, avouent des automobilistes qui classent l'eau de source comme liquide précieux et indispensable sur la table du f'tour. Un f'tour qui «ne sera pas très apprécié par la famille si l'eau de fontaine venait à manquer», répétaient en chœur les gens bloqués dans une longue chaîne humaine. A cause de sa légèreté, sa saveur, ses bienfaits sur la santé découlant, selon des avis de spécialistes, d'une richesse en oxygène, en minéraux et en oligoéléments, l'eau de source est très prisée par les jeûneurs. Ces derniers convergent massivement, généralement les après-midi, voire quelques instants avant la rupture du jeûne, vers les sources d'eau naturelle pour remplir jerricans, bouteilles et autres bidons.

Des attroupements spectaculaires se forment avant l'heure du f'tour devant les fontaines de la nouvelle ville Ali Mendjeli, Sidi Mabrouk, El Ghorab, Ouled Rahmoune, Guettar El Aïche, El Haria et sur la route reliant la ville d'Aïn S'mara et la nouvelle ville Ali Mendjeli. Et ce n'est pas toujours la convivialité qui règne entre les gens qui veulent remplir leurs bidons, souvent dans le désordre. Certains jeûneurs en colère en arrivent facilement aux mains contre ceux qui ne respectent pas la priorité de la queue formée devant la fontaine. Bien sûr, grâce à une abondance naturelle, tout le monde est servi avant la rupture du jeûne. Certains jeunes ont trouvé là l'occasion de passer le temps et leur credo c'est de remplir les bidons quelques minutes avant l'appel du «muedhin».

Tant d'engouement pour l'eau de source mérite certainement plus d'attention des pouvoirs publics, les services d'hygiène en l'occurrence, qui doivent s'assurer si ses vertus sont réelles et si sa consommation régulière ne constitue pas un danger sur la santé publique. Des analyses effectuées récemment font ressortir que l'eau de plusieurs sources n'est pas aussi pure qu'on voudrait le faire croire. «Elle ne présente pas de grand danger pour les consommateurs, mais des risques de complications peuvent exister, surtout si l'on se réfère à la pollution de l'environnement et le rejet de déchets toxiques d'une manière sauvage et dans des endroits où l'eau souterraine se trouve directement menacée», expliquent des médecins que nous avons interrogés sur le sujet. Il est, donc, indispensable que les services compétents prennent leur responsabilité et procèdent aux analyses nécessaires, régulièrement, des échantillons d'eau prélevés à partir des fontaines en question. On apprendra dans ce contexte que seulement l'eau des sources de la nouvelle ville Ali Mendjeli et de Sidi Mabrouk est analysée et contrôlée.