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Europe-Palestine : Hypocrisie des gouvernants, colère de la rue

par M'hammedi Bouzina Med: Bruxelles

Réuni mardi à Bruxelles, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE, s'est fendu d'une résolution listant de nouvelles sanctions contre la Russie. Rien sur Ghaza. La question palestinienne est laissée à la charge de la rue et de l'opinion publique.

Les marches et manifestations dénonçant les horreurs commises par l'armée israélienne contre le peuple palestinien se multiplient en Europe et partout dans le monde. Comme à l'hiver 2008-2009 et l'opération «plomb durci» qui avait fait près de 1.500 morts à Ghaza, et des milliers de mutilés, en majorité des enfants, femmes et vieillards. Et comme en 2008-2009, les dirigeants européens dénoncent, ces jours-ci, du bout des lèvres «l'usage disproportionné de la force» par Israël contre les «roquettes» du Hamas.

Réunis, mardi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) ont consacré la quasi-totalité de leur ordre du jour, à l'adoption d'une nouvelle série de sanctions économiques contre la Russie de Vladimir Poutine pour son soutien aux séparatistes ukrainiens. Au perron du siège du Conseil européen, les journalistes questionnaient les ministres sur l'urgence de la situation, à Ghaza. Certains ont fui la question, d'autres comme le ministre français, Laurent Fabius, ont répondu avec cette formule répétée si souvent lors des massacres de Palestiniens : « il y a un usage disproportionné de la force?.etc.)

A l'issue de ce Conseil des ministres, une résolution contre la Russie et aucun mot pour Ghaza. Comment est-ce possible, alors que partout en Europe, les appels à manifester, en solidarité avec le peuple palestinien, se multiplient ? Et puis ces porte-voix du gouvernement israélien sur les plateaux de télévisions qui présentent Israël dans le rôle de la victime qui se défend contre les agressions des Palestiniens ? Bon dieu, mais qui occupe la maison de l'autre ! Qui colonise qui ! Qui tue qui ! En se taisant et en restant, sans réaction pratique, face à la folie du gouvernement israélien, l'Europe ne laisse pas seulement l'initiative à la rue européenne; elle pousse à l'escalade communautaire et la manipulation sectaire de la question palestinienne, au sein de ses populations. Les extrémistes des deux côtés, juifs et arabes, surfent déjà sur la sincérité de la majorité des manifestants horrifiés par les tueries, à ciel ouvert, dans le ghetto de Ghaza. Il suffit d'une pancarte « morts aux juifs » brandie par quelques fous, dans une marche de 20.000 personnes pacifistes pour que d'autres fous crient à l'antisémitisme et à la volonté des arabes de détruire l'Etat hébreux. Du coup, la question palestinienne bascule dans l'opinion publique de sa vraie nature, celle d'une colonisation d'un pays par un autre, pour devenir un affrontement religieux entre musulmans et juifs. Du coup, les spécialistes des phénomènes sociologiques nouveaux évoquent la recrudescence, en Europe, de l'islamophobie, de l'antisémitisme, du racisme, y compris le racisme anti-Blancs. Vrai, faux ? Qu'importe, c'est que la rue, l'opinion publique, les gens, voient en direct les bombes au phosphore déchiqueter des corps de femmes et d'enfants à Ghaza, entendent les cris de douleur des Palestiniens, depuis très longtemps et n'entendent pas leurs dirigeants, et les voient encore moins agir contre l'agresseur. Pire, Israël défie cette même Europe et la Communauté internationale : Israël a ignoré plus de 30 résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu ! Quand on sait que l'Irak a été envahi pour le non respect d'une seule résolution de ce même Conseil ! Finalement, même si le Conseil européen avait voté, mardi, une résolution condamnant l'Etat hébreux, cela changerait-il la donne et le sort des Palestiniens ? Au fait, admis en décembre 2008 en tant que partenaire privilégié de l'UE, Israël a le droit d'assister à tous les Conseils de ministres de l'UE, en observateur. Son admission à ce statut a été acquise, malgré le vote « contre » du Parlement européen, sous la présidence française de l'UE (juillet-décembre 2008) du temps de Nicolas Sarkozy. C'est peut-être ce qui a empêché l'actuel ministre des A.E français, Laurent Fabius, de condamner, ouvertement, Israël, mardi à Bruxelles.