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La terre d'Omar El Mokhtar s'embrase

par Nedjameddine Zeroug

La révolution libyenne qui a emboité le pas à la révolution du jasmin en Tunisie, a réussi à renverser le dictateur Mouammar Kadhafi mais elle a échoué dans son entreprise à instaurer une république démocratique pour laquelle le peuple libyen a pris les armes pour se débarrasser du despote qui a régné en maître absolu depuis le 1er septembre 1969, date à laquelle le jeune colonel Kadhafi en compagnie d'un groupe d'officiers, a destitué sans effusion de sang le roi Idris 1er en s'emparant du pouvoir et en instituant un régime socialiste dont le slogan est : " Liberté, socialisme, unité arabe ". Depuis le 20 octobre 2011, date de l'assassinat de Mouammar Kadhafi, le pays est à feu et à sang. Il s'embrase et les gardes loyalistes et les opposants s'affrontent et s'entretuent. La prolifération des armes légères et de guerre procurées par les rebelles pendant et après la révolution a accentué la violence faisant ainsi des centaines de morts et milliers de blessés au pays d'Omar El Mokhtar, héros des Libyens. Des affrontements violents entre les milices rivales, des attentats à la voiture piégée, des liquidations physiques, des rapts, telles sont les scènes de violence quotidiennes auxquelles assiste, impuissant, la majorité des Libyens. A commencer par l'attentat perpétré au consulat américain à Benghazi et qui a couté la vie à leur ambassadeur qui était en réunion avec le corps consulaire. Tout comme les officiers supérieurs et les officiers de l'armée et de la police qui n'ont pas échappé à la mort, quelques ministres connus pour leur farouche opposition aux éléments armés, ont été assassinés. Cependant, les institutions mises en place du temps de Kadhafi se sont effondrées comme un château de cartes et l'insécurité née d'une situation de guerre civile ont fragilisé le pays et l'ont plongé dans une crise multidimensionnelle qu'il n'a jamais connue auparavant. Les chefs de gouvernement qui se sont succédés, dont Ali Zeïdan qui a été enlevé et séquestré des heures durant par des opposants au régime en place avant d'être libéré, n'ont pas survécu à la pression et la menace des rebelles armés jusqu'aux dents qui exigent au préalable la nomination de leurs membres dans toute équipe gouvernementale constituée. L'instabilité politique, malgré des élections législatives organisées dernièrement pour élire une nouvelle assemblée nationale remplaçant l'assemblée constituante installée après la chute du régime Kadhafi, la Libye est toujours livrée à elle-même, où la loi de la jungle semble désormais instaurée. De l'avis des observateurs avertis, la stabilité politique et le retour de la paix en Libye ne sont pas pour demain. Et, selon un analyste politique spécialiste des affaires maghrébines, la question de l'insécurité reste toujours posée tant que les revendications de Benghazi ne sont pas prises réellement en charge par les hautes autorités libyennes. Car la plupart des insurgés, dit-il, qui ont déclenché la révolution ayant destitué le colonel Kadhafi, sont issus de cette ville située à l'Est de la Libye. Face à cette recrudescence de la violence qui ronge l'état libyen, les autorités du pays entendent faire intervenir par le biais de l'ONU des forces internationales pour rétablir l'ordre et déposséder les milices de leurs armes Les récents attentats perpétrés par des groupes armés au niveau de Jebel Chaàmbi sur la frontière algéro-tunisienne, ayant causé la mort de 15 militaires tunisiens et de 21 gardes-frontières égyptiens tués près de la frontière libyenne, donnent à réfléchir aux services de sécurité de ces deux pays touchés par le terrorisme en vue d'adopter une stratégie militaire pour venir à bout des éléments armés. Du fait de sa position géostratégique, l'Algérie bordée par pas moins de sept états africains et qui suit de près et avec un grand intérêt, la situation douloureuse qui prévaut actuellement au pays d'Omar El Mokhtar, a pris toutes les mesures pour sécuriser ses frontières en renforçant les moyens de luttes contre le terrorisme et la contrebande par le creusement des fossés de 10 mètres de profondeur en vue de prévenir toute infiltration ou incursion en terre algérienne des groupes armés, notamment les libyens à l'origine de la spirale de violence dans leur propre patrie. Toute l'Afrique du nord est donc menacée. De Maroc à l'Egypte, aucun d'eux n'est à l'abri. La menace terroriste les guette. En revanche, toute la région nord-africaine risquerait de s'embraser si une stratégie commune politico-militaire n'était pas adoptée à court terme par les dirigeants de ces états à l'effet d'éradiquer, une fois pour toute, le terrorisme. Aussi, le conseil de sécurité de l'ONU et la ligue arabe devront trouver au plus vite une sortie de crise à la Libye pour lui éviter une dislocation certaine.