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L’atterrissage historique du Captain Mazaguer et les idées «coup d’Etat» de Naji Benhassine

par Mehdi el Amine

On la croyait sur le départ, avec la fin des contrats de gestion déléguée de l’eau et de l’assainissement. Suez Environnement ne lâche pas prise. Et veut rester encore pour «rééditer» son expérience à succès dans la mise à niveau de la SEAAL, au secteur de la gestion des déchets. Pour appuyer le dossier de son passage de l’eau aux déchets, Suez Environnement dispose d’arguments infaillibles : les échecs à répétition des EPIC chargées de la gestion des déchets dans la capitale et d’autres villes du pays. Et un rejet systématique par la population, de l’implantation de nouvelles décharges publiques à cause des désagréments. Le modèle de gestion des déchets que le groupe français propose a déjà été testé dans des pays de niveau de développement similaire à l’Algérie. Dans un rare moment de lucidité politique, le très médiatique Amara Benyounes avait défendu l’idée d’un opérateur étranger pour gérer les déchets ménagers et industriels. Il n’a pas été entendu par son patron. Autant dire que l’actuelle ministre en charge de l’Environnement, Dalila Boudjemaa, n’a pas la voilure politique pour défendre un projet environnemental. Elle brillé par son absence au plus fort du débat enflammé sur l’exploitation du gaz de schiste. L’émergence d’une industrie du recyclage, malgré un immense gisement de déchets qui pourrit la vie des citoyens, peut attendre.

Les responsables politiques affectionnent les chiffres. Ceux des emplois crées occupent une bonne place dans la statistique officielle. Cet enthousiasme n’est pas partagé par les managers du secteur public, premier recruteur du pays. Tout récemment, le PDG d’Algérie Télécom annonçait que son entreprise avait (enfin) commencé à recruter des ressources de qualité, grâce à un package salaire/avantages attractif. Une dérogation spéciale des pouvoirs publics. Le gouvernement ferait des heureux à généraliser cette flexibilité managériale à d’autres dirigeants du secteur public. Et à réduire ses interventions dans le recrutement ou la promotion de cadres. Comme à Air Algérie, où son ancien pilote de ligne, Kheiredine Mazaguer, raconte le népotisme qui régnait dans la compagnie. Pendant 16 ans, il a été «réduit» à assurer des vols sur des destinations, disons, «sous-rémunérées». Il ne disposait pas des «parrainage» dans l’appareil politico-sécuritaire pour lui assurer une carrière toute tracée au sein du pavillon national. Emirates lui a offert l’opportunité de prendre une revanche de la taille d’un Airbus A380. Neuf ans après avoir quitté Air Algérie, il ré-atterrit à l’aéroport d’Alger aux commandes du plus grand avion de transport civil dans le monde !

Naji Benhassine est un jeune homme brillant, plein de bonne volonté et aux idées débordantes d’audace. Il est (pourtant) le produit de l’école algérienne - pas celle de Benbouzid bien sûr – et il a fait de brillantes études à l’étranger, qui lui ont ouvert grandes, les portes de la Banque Mondiale. De son «militantisme» au sein du collectif Nabni, on retiendra cette proposition à la limite de l’appel à la rébellion : sevrer la gouvernance algérienne de la rente pétrolière, la vache à lait qui a e empoisonné son économie et sa société et anesthésié toute velléité de réforme dans le pays. Ceux qui disent que Naji Benhassine est naïf ont tort. Il a juste pris beaucoup de recul. Et surtout du bon sens, une qualité qui a fichu le camp du pays depuis belle lurette.