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Journée internationale de l'enfance : Le drame des enfants nés sous X

par J. Boukraâ

L'Algérie célèbre aujourd'hui la Journée de l'enfance, Oran en fait partie. Plusieurs activités ont été organisées.

C'est bien de fêter l'enfance, mais une journée sur 365 jours suffit-elle pour donner aux enfants leurs droits et lutter contre l'exploitation et toutes les formes de l'exclusion dont sont victimes les mineurs ? Chaque année, près de 300 enfants nés sous X sont enregistrés à Oran. La stérilité, souvent vécue comme une frustration majeure - sinon comme une malédiction - par de nombreux couples, a poussé de nombreuses personnes à penser à adopter des enfants nés sous X.

En 2013 et selon les statistiques de la direction de l'Action sociale de la wilaya d'Oran, 98 enfants nés sous X ont été pris en charge par des familles, dont une dizaine par des Algériens établis à l'étranger et notamment en France. Cette année, près de 100 demandes ont été déposées, dont une trentaine ont été satisfaites. La majorité de ces enfants sont pris en charge par des familles d'accueil dans le cadre de la kafala qui a permis à des milliers d'enfants algériens privés d'affection familiale d'intégrer une famille. Ce chiffre ne concerne que les plus «privilégiés» d'entre les nouveau-nés abandonnés, à savoir ceux laissés dans les maternités ou encore ceux déposés volontairement par leurs mamans célibataires au siège même de la pouponnière.

Toutefois, la démarche à suivre est aussi longue qu'éprouvante, surtout pour les émigrés. Des centaines de requêtes de kafala déposées depuis des mois, voire des années, sont en effet toujours en attente au niveau des services administratifs chargés des dossiers de l'émigration et au niveau des services sociaux et judiciaires algériens. L'ensemble de la procédure peut prendre jusqu'à trois ans. Au regard de la loi, il faut rappeler que le droit musulman ne reconnaît pas l'adoption. Il l'interdit même. Il instaure la kafala (recueil légal) qui consiste en la prise en charge totale d'un enfant de parents connus ou inconnus et de l'élever comme s'il était le propre enfant de l'adoptant, mais en maintenant le lien filial originaire.

L'adopté ne peut prendre le nom de l'adoptant et garde son nom de famille originel qui ne doit en aucun cas être changé. Et c'est à partir de là que commence le drame de ces enfants. Une fois à l'école, ils découvrent qu'ils portent un autre nom que celui de leur père par la kafala. Le bénéficiaire du recueil légal n'aura aucun droit sur la succession du kafil, mais peut bénéficier d'un don ou d'un legs du tiers de son patrimoine. Dans certains cas, lorsque le kafil est décédé, l'enfant assisté est chassé à la rue.