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Il veut interdire les couleurs nationales en France : Un mouvement d'extrême droite s'attaque aux supporteurs algériens

par Moncef Wafi

Les supporteurs algériens font peur à la France de l'extrême droite et le Bloc Identitaire (BI) monte au créneau pour demander au gouvernement Valls «d'appliquer à leur encontre l'arsenal législatif existant». Sur son site électronique, le BI stigmatise les supporteurs algériens sur fond d'incidents antérieurs à l'occasion des matchs des Verts, «pratiquement chaque rencontre de l'équipe algérienne entraine des débordements violents», peut-on lire sur le document en question. Le BI est un mouvement d'extrême droite créé le 6 avril 2003 suite à la dissolution d'Unité Radicale (UR) le 6 août 2002 après la tentative d'assassinat perpétrée par Maxime Brunerie, membre du Mouvement national républicain (MNR) et sympathisant d'UR, contre le président de la République française, Jacques Chirac, lors du défilé du 14 juillet 2002. Le Bloc Identitaire, qui a fait de l'immigration et de l'islam en France sa première cible s'en prend au gouvernement socialiste qui «n'a rien prévu face à cette bombe à retardement» comparant la situation «aux émeutes de 2005». Pour rappel, les émeutes de 2005 ont éclaté dans les banlieues françaises à partir de Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005 avant de s'étendre à travers le reste du pays obligeant le gouvernement à décréter l''état d'urgence. Le BI énumère par la suite une série de demandes aux pouvoirs publics «afin de préserver la paix civile», faisant l'amalgame entre supporteurs et citoyens algériens, en demandant purement et simplement la suspension des visas et l'interdiction d'entrée sur le territoire français pendant la durée de la Coupe du monde des supporteurs algériens ou présumés tels. Le groupe radical demande également au ministère de l'Intérieur d'interdire de circulation les supporteurs algériens ou se comportant comme tels dans les zones centrales des agglomérations chaque jour de match, de zéro heure à minuit. Une sorte de couvre-feu sélectif que veut imposer le mouvement d'extrême droite. Le plus choquant dans cette liste est la demande formulée pour interdire le port des couleurs de l'Algérie, les jours de match des Fennecs, une menace directe contre les libertés individuelles. Et pour prévenir les supporteurs algériens «récidivistes», il est aussi demandé de les obliger «à venir pointer à chaque mi-temps» des matchs de l'Algérie. Le communiqué en question cite en fin l'interdiction de vente d'alcool dans les zones de rassemblement des supporteurs algériens ou se comportant comme tels. Pour appuyer ses demandes, le BI se réfère à des arrêtés préfectoraux «de cet ordre» appliqués aux supporteurs du PSG, de l'OL, de l'OGC Nice, ou d'autres clubs français et européens. Le mouvement radical prend les devants et s'étonne déjà de la position de l'Etat français au cas où ces mesures «n'étaient pas mises en œuvre à l'encontre des hooligans algériens». Le Bloc Identitaire s'appuie sur l'article 60 de la loi n° 2011-267 du 14 mars 2011 qui permet au ministre de l'Intérieur, par arrêté, d'interdire le déplacement individuel ou collectif de personnes se prévalant de la qualité de supporter d'une équipe ou se comportant comme tel sur les lieux d'une manifestation sportive et dont la présence est susceptible d'occasionner des troubles graves à l'ordre public.

Sauf que pour les supporteurs algériens, il n'est nullement question de se déplacer puisque les rencontres sportives ont lieu au Brésil. En attendant la réaction de Valls, qui pourrait être tenté de s'engouffrer dans la brèche ouverte par le parti de Fabrice Robert, un ancien élu du Front national (FN) et du MNR, le BI continue sa campagne de haine en direction de la communauté immigrée musulmane puisant sa «respectabilité» politique en se démarquant de l'antisémitisme et de l'antisionisme. Un gage de bonne volonté devenu nécessaire pour continuer à activer en toute légalité en France.