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Votez, votez, il en restera toujours quelque chose !

par Bachir Ben Nadji

Ce jeudi 17 avril 2014 allons voter, allons aux urnes, allons en masse pour notre droit de citoyens, pour notre droit constitutionnel et là je vous dirais qu'il en restera quelque chose demain vendredi. Il en restera pour le lendemain et les jours et semaines qui viendront, ceux de l'Algérie, ceux de la prospérité, ceux du changement, ceux des jours meilleurs.

Je ne vous dirais pas que j'ai voté en 1962 pour le référendum d'indépendance, mais croyez-moi que je l'ai vécu enfant. Pendant cette période, nos murs étaient peints de l'emblème national, à travers les tags en français surtout et pour d'autres en arabe classique, on rendait gloire aux Chouhada de la guerre de libération nationale, on rendait hommage à l'Algérie, à son peuple qui a résisté pendant sept années, aux 132 ans de luttes de l'invasion et du colonialisme français, aux sacrifices de tout un peuple et à son courage. On voyait pour la première fois tant de drapeaux qui prouvaient notre liberté et notre soif de vivre indépendants, libres de jouir de notre pays même sans confort, mais quand même libres avec notre Armée, notre fierté, une armée populaire issue des masses rurales et citadines qui ont tant donné pour voir notre drapeau vert, blanc avec un joli croissant et une étoile rouges.

 J'ai vu mes parents se rendre aux urnes, mes proches et les adultes que je connaissais aller accomplir un devoir pour l'Algérie indépendante, la leur, qu'ils ont vue entre les mains des colons pendant de longues années, mais qui vient de leur être rendue de force, arrachée par un million et demi de martyrs qui ont donné leurs vies à un pays qu'ils chérissent. Et quelle ambiance a régné ce jour-là et les jours qui ont précédé et suivi. On s'est souvenus, dans le temps, de ceux qui nous avaient quittés et qui sont partis dans la pénombre combattre l'armée coloniale, et qui ne sont pas revenus avec ceux qui sont retournés après les rudes combats, batailles, accrochages et autres actions qui ont eu lieu dans les djebels, dans les vallées, le long des routes sinueuses, dans les oueds et aussi dans le désert.

Toute l'Algérie a vu le sang des martyrs couler, et moi, votre serviteur, je n'oublierais jamais le sang d'un voisin martyr, tombé les armes à la main, et laissé lui et son compagnon, tombé lui aussi quelques mètres plus loin, couler et ruisseler le long d'une séguia sur plusieurs mètres en une journée pluvieuse au moment ou nous nous rendions à l'école qui se trouvait à plus de trois kilomètres de notre maison. Cette image de martyrs et d'autres de l'armée française, de ces jeunes et moins jeunes français et sénégalais qui nous toisaient comme des moins que rien, qui parfois faisaient semblant de s'apitoyer sur notre sort et de celui de nos pauvres parents, alors qu'ils voulaient à tout prix qu'on leur dise ce qui pesait sur nos cœurs, ce qui se passait chez nous le soir venu au moment ou nous nous rassemblions dans nos masures pour écouter la Voix de l'Algérie libre qui nous venait de loin et qui était notre espoir de voir un jour l'Algérie indépendante, cette Algérie combattante qui donnait et donnait grâce à ses enfants, à ses valeureux enfants, à ses glorieux combattants.

 Depuis ces moments inoubliables du vote de l'indépendance nationale, qui m'ont forgé dans le nationalisme, comme l'ont fait ces jours ou je voyais les colons et leurs enfants, les militaires de l'armée française, les goumiers, les harkis et autres supplétifs, je me suis mis dans la tête de servir mon pays, de faire des études, de devenir médecin (je ne le suis pas devenu), d'aller aussi loin dans mes études pour rendre mes parents, que Dieu ait leurs âmes, heureux, pour leur rendre tout l'espoir qu'ils ont fondé sur moi, l'aîné, et sur mon frère plus jeune que moi de trois années, de réussir dans nos entreprises, et on l'a fait. On a fait des études supérieures et on a immédiatement commencé à travailler pour qu'ils soient fiers de nous, et glanent les retombées de leurs sacrifices et de nos frères plus jeunes, nés après l'indépendance nationale.

Depuis une quarantaine d'années je ne me suis presque jamais abstenu de voter, tant les structures de la jeunesse ou j'ai milité, à l'université et aussi dans mon poste de travail en tant qu'élu syndical. J'ai aussi accompli mon devoir de citoyen dans les différents scrutins, la quasi-totalité que l'Algérie indépendante a eu à organiser, locales, législatives et présidentielles. J'ai également voté lors des référendums sur la Charte nationale et la Constitution.

 Figurez-vous chers lecteurs, chers amis qui apprécient mes chroniques à travers les colonnes d'un de votre quotidien préféré, que je vote et qu'il en reste toujours quelque chose. Votre serviteur a toujours essayé de voter positif, de voter l'Algérie, ses choix et les choix de ses hommes. Je n'ai peut être jamais voté négatif et là je parle de ceux qui n'aiment pas l'Algérie, ceux qui lui promettent à chaque fois de vivre les pires moments, ces gens-là je ne les aime pas fussent-ils proches de moi, mais qui en réalité sont loin de mes idéaux, loin de l'Algérie des martyrs, de l'Algérie que j'ai vu avancer, patiner, s'arrêter, repartir de plus belle, perdre, marquer des buts, recevoir des buts et des coups, en donner, gagner ou faire match nul. Vous voyez ce que je veux dire, je ne parle pas de match de foot ou de sport collectif, mais de luttes et de combats pour la prospérité, pour la modernité, pour le développement, pour la démocratie, pour la liberté.

Votez, allez voter, il en restera toujours quelque chose et votre serviteur a voté un peu partout en Algérie, la ou le devoir d'accomplir mon droit m'a appelé, là ou je me trouvait pour vivre et travailler, faire vivre mes enfants, les voir s'épanouir, les voir grandir, les voir réussir, et là je vous dirais que la vie m'a rendue ce que je voulais qu'elle me rende, mes enfants ont fait des études supérieures, ils ont réussi, ils vivent advienne que pourra, il y a celui qui travaille et il y a celui qui chôme malgré son diplôme universitaire, et il est comme tous les jeunes algériens, il s'accroche, il fait ce qu'il peut en attendant des jours meilleurs.

 Mes enfants ne partagent pas mes idées, mais partagent mes idéaux comme je partage les leurs, ceux de les voir profiter de leur pays, de le servir et aussi de se servir, parce que cette génération qui a trouvé tout prêt, qui n'a pas beaucoup sué, qui ne s'est pas sacrifiée comme on l'a fait, nous la génération de l'indépendance, voudrait bien se servir et ensuite servir. Peu importe, que les jeunes du troisième millénaire soient honnêtes envers eux-mêmes et envers leur pays, et qu'ils se servent sans voler, sans frauder, l'essentiel c'est qu'ils ne nuisent ni à eux-mêmes ni à leur pays.

Mes enfant sont comme la majorité des enfants de leur âge, ils voient leur pays avec leurs yeux, pas avec ceux de leurs parents, ils ont leurs propres préoccupations, leurs propres visions de leur pays et de leurs vies. Ils ne savent pas ce qu'ont enduré leurs parents, leurs grands-parents, leurs aïeux, et ils n'en font cure, ils veulent tout avoir en même temps. Ils ont trouvé l'appartement, la voiture, les choses difficiles de la vie et qui sont devenues faciles pour eux grâce à leurs parents, ils ne veulent pas entendre d'entraves ou de freins, ils veulent que ça réponde au quart de tour, ils veulent tout avoir en même temps, ils veulent que tout soit à leur disposition sans effort, ce qui est à mes yeux chose impossible, mais à leurs yeux applicable sans difficulté aucune.

Cette génération née dans les années 80 et 90 ne sait rien des difficultés qui peuvent surgir à tout moment, ils ne veulent même pas en entendre parler, ce qui est impossible à mon avis, mais le pire c'est que nous faisons tout pour les satisfaire quand nos moyens le permettent.

Chers concitoyens, chers lecteurs, chers amis allez voter, ça c'est mon avis et il en restera toujours quelque chose après votre vote, le devoir de bien faire, du devoir accompli, car il sera question de l'Algérie et de son devenir et de son avenir, le vôtre aussi, car ne pas voter c'est faire le jeu des autres, des ennemis de l'Algérie qui avance, de ceux qui veulent la freiner, entraver sa marche pour demain, la voir s'arrêter, ruinée et compromis son avenir et son développement.

Votre vote, notre vote, votre participation et notre participation au scrutin des présidentielles de l'année 2014 seront déterminants pour l'Algérie de demain, celle des générations futures, celle de ceux qui trouverons tout à leur disposition mais qui travaillerons comme ils s'attendront aux résultats, et attendront les résultats et la récolte des fruits de leur labeur, c'est ces gens-là pour lesquels l'Algérie se construit.

Votez, votez, il en restera quelque chose, et toujours, que l'on sache que ce qui se fait aujourd'hui, sera pour demain, un demain certain, pas celui que promettent les oiseaux de mauvais augure, ceux qui n'aiment ni l'Algérie, ni les algériens, et qui s'aiment eux-mêmes loin de l'Algérie, sous d'autres cieux que leur promettent leur mentor, ceux qui les manipulent comme des marionnettes, votez, il en restera quelque chose. A bon entendeur salut !