Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Benflis : «La peur et l'incertitude ont gagné l'autre camp»

par Zahir Mehdaoui

Ali Benflis est sûr de sa victoire aux élections présidentielles prévues demain jeudi. L'homme ne cache pas sa sérénité.

On l'a constaté hier lors de la conférence de presse organisée à son QG de campagne à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la capitale. Souriant et nullement éprouvé par près d'un mois de campagne électorale à travers tout le pays, l'ancien chef du gouvernement n'a pas versé dans l'invective ou l'insulte à l'endroit de ses détracteurs qui l'accusent de tous les maux pour avoir déclaré qu'il défendrait ses voix et qu'il n'accepterait jamais de fraude à l'occasion de ce scrutin. « J'ai dit que je ne vais pas me taire en cas de fraude et je n'ai jamais appelé mes partisans à la violence », a déclaré Benflis pour qui toutes les accusations formulées à son encontre ont été élaborées dans un laboratoire bien connu. « Je suis indifférent à toutes ces attaques », a-t-il encore ajouté en soulignant que cela ne va pas le dévier de sa trajectoire qui consiste à apporter un changement dans un pays bloqué sur tous les plans. « Je ne suis pas pour l'anarchie ; je suis pour la stabilité du pays ; mais quand quelqu'un vous attaque chez vous et veut violer votre domicile, est-ce que vous allez lui souhaiter la bienvenue ? », s'interroge Benflis pour qui l'urne est le domicile du citoyen.

Le candidat a averti qu'il a mobilisé quelque 60 000 jeunes dans tous les bureaux de vote pour suivre scrupuleusement et dans le détail le déroulement du scrutin. « J'ai ressenti durant la campagne une volonté de changement. La presse qui m'a accompagné et les citoyens sont les témoins d'une campagne qui s'est déroulée dans un climat de paix et de sécurité », fera-t-il savoir devant la presse nationale et étrangère.

Ali Benflis est convaincu également que le changement est inéluctable et que le peuple aspire à vivre mieux en faisant par ailleurs la promesse de ne jamais associer sa famille dans les affaires de l'Etat comme c'est, dit-il, le cas actuellement avec Bouteflika. Les accusations de ce dernier devant le ministre des Affaires étrangères espagnol ont été accueillies par un large sourire de Ali Benflis qui se désole toutefois que les affaires internes soient étalées devant des étrangers. «Ces accusations infondées sont la preuve que la peur et l'incertitude ont gagné l'autre camp qui milite pour l'héritage du règne sur le pays », soutient Benflis qui souligne que « le peuple n'acceptera jamais une telle situation ».

Ali Benflis renchérit en ce sens qu'il s'interdirait toujours, quant à lui, de traiter des problèmes nationaux à l'étranger ou avec des officiels étrangers. « Il s'agit là d'une règle sacrée qui ne tolère aucune dérogation. Y déroger c'est heurter la souveraineté et l'indépendance du pays », dit le candidat. Ce dernier, concernant son « périple » à travers les 48 wilayas, soutient que « cette campagne m'a permis de me mettre davantage à l'écoute directe du peuple. Dans mes face à face avec lui j'ai pu recueillir ses aspirations et ses attentes. Partout où je me suis rendu il m'a signifié haut et fort qu'il attendait de moi que je réintroduise la moralité dans la gestion des affaires publiques, que je restaure la légitimité comme moteur du fonctionnement de l'Etat et de ses institutions», dira le conférencier qui fait état d'une «adhésion massive» à son projet auprès de la jeunesse notamment. «Un sentiment de panique gagne ceux qui n'ont que l'immobilisme comme projet », poursuit-il en expliquant que la jeunesse vit, certes, douloureusement sa « marginalisation » mais qu'elle n'est pas insensible ou indifférente à l'égard du sort du pays.

Interrogé sur par ailleurs par « le Quotidien d'Oran » sur la salve qu'avait tirée il y a quelque temps le secrétaire général du FLN contre le DRS, Ali Benflis s'est dit affligé de voir un responsable d'un parti de l'envergure du FLN s'attaquer à l'institution militaire. « L'armée est la colonne vertébrale du pays et celui qui s'attaque à elle n'a pas de culture d'Etat », a t-il déclaré avant d'ajouter que ces accusations ne sont pas normales et que l'institution a besoin de stabilité.