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Le FLN et le quatrième mandat

par Abdelkrim Zerzouri

Qualifiée «sans surprise» par de nombreux leaders de partis de l'opposition et, bien évidemment, par ses mentors qui appelaient de tous leurs vœux à cet évènement, l'annonce officielle samedi dernier de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika n'a pas moins tétanisée d'une manière «souterraine» la classe politique en général, particulièrement les opposants au sein du FLN à la ligne de son SG, M. Amar Saâdani.

Le ton à la hausse adopté ces dernières semaines par l'équipe de M. Abderrahmane Belayat s'est brusquement tu. Près de trois jours, déjà, avant que le président ne dévoile ses intentions pour briguer un 4e mandat, les voix au sein des détracteurs du SG du FLN se sont étouffées. La session extraordinaire du Comité central à laquelle appelait avec bruit et fracas cette aile du FLN, normalement prévue pour le 19 et 20 février, selon la demande formulée auprès de la wilaya d'Alger, est clairement reléguée aux calendes grecques. C'est que le challenge ou l'enjeu n'est plus le même, et la volonté de détrôner M. Amar Saâdani n'est vraisemblablement plus de mise, vu l'état de «fait accompli» imposé par le développement des évènements. «On n'a pas reçu l'autorisation pour tenir la session extraordinaire, et on ne la recevra probablement jamais», s'est résigné à déclarer hier M. Kassa Aïssi, le porte-parole du groupe de M. Belayat. Interrogé sur les positions affichées par cette aile du FLN après l'annonce de la candidature de M. Abdelaziz Bouteflika, notre interlocuteur avoue que la majorité du groupe soutient la candidature du président Bouteflika, mais cela n'empêche pas que des concertations soient actuellement engagées pour voir quelles sont les actions à entreprendre dans ce nouveau décor de la scène politique nationale. Toutefois, laisse entendre notre interlocuteur, «rien n'est définitif, car la discipline militante ne peut nous empêcher d'aller au fond des choses, et la réalité impose le débat, on ne peut occulter les avis non convergeant vers cette tendance qui soutient le 4e mandat». De toute évidence, soutiendra M. K. Aïssi, «fort heureusement que le président ne compte pas uniquement sur le FLN, car si c'était le cas, ce serait une faillite inévitable». Quoique, selon une lecture passée sous silence par les analystes et qu'on peut, pourtant, tirer de la déclaration de candidature, le président ne semble compter ou miser sérieusement sur aucun parti politique. N'invoquant ni FLN, ni RND, ni TAJ, n'est-ce pas M. Abdelmalek Sellal qui a dit samedi dernier que le président Bouteflika est officiellement candidat pour un 4e mandat «sur la demande insistante des représentants de la société civile de 46 wilayas». En tout cas, M. K. Aïssi avoue que «nous (ndlr, le parti FLN, du moins l'équipe de M. A. Belayat) allons vers cette campagne électorale avec un grave handicap, comment pourra-t-on réussir dans cette mission lorsqu'on va consacrer un pourcentage infime de nos efforts pour défendre le candidat du parti et concentrer tout le reste sur le principe de rejet du SG du FLN, un principe qu'on ne peut taire vaille que vaille», relève M. K. Aïssi. «Mais, dira-t-il, la grande question qu'on se pose tous avec inquiétude, est-ce que le FLN a un avenir dans ces poussées de déchirements ?!», laisse tomber notre interlocuteur. Ce dernier estime, jetant un regard au-delà des élections présidentielles, «quand bien même le rendez-vous serait couronné de réussite, tout s'annonce très difficile sur tous les plans, social, politique, économique et diplomatique». Indiquant dans ce contexte avec peine et appréhension «qu'on parle aujourd'hui de plusieurs ambassadeurs qui attendent de remettre leurs lettres de créances au président de la République, sans pouvoir prendre rendez-vous avec lui pour l'accomplissement d'une aussi simple circonstance protocolaire». En clair, c'est l'état de santé du président de la République qui suscite vraiment le débat parmi ceux qui émettent des réserves sur le 4e mandat.