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Majda Nafissa Rahal, l’ambassadrice de l’open source en Algérie

par Nejma Rondeleux

Elle appartient au cercle des geeks algériens. Ceux qui enregistrent plus de 3.000 followers sur Twitter et un nombre de fans incalculables sur Facebook. Ceux qui ont déjà créé un site internet ou plusieurs, voire même une start-up. Elle, c’est Majda Nafissa Rahal.

Elle fait partie de ceux que les marketeurs et boîtes de communication appellent les "influenceurs" dont les CV sont prisés par les employeurs. Majda Nafissa Rahal a le parcours classique du génie informatique. C’est au lycée qu’elle fait ses débuts dans le langage crypté des ordinateurs. «J’ai appris à construire un site internet en php grâce aux tutoriels en ligne et au forum du "site du zéro", explique l’ancienne élève du lycée Descartes spécialisée en sciences expérimentales. «Comme je partais de rien, ce site était une bonne manière d’apprendre par soi-même». Après plusieurs mois d’apprentissage, elle lance, en 2007, avec son camarade Riad, edudz.net, le portail des lycéens algériens. "Au départ, l’idée de ce portail était de permettre aux lycéens algériens de se rencontrer, mais on s’est vite aperçu que proposer des documents de travail donnerait de la valeur ajoutée", raconte la jeune fille de 21 ans. Huit ans plus tard, edudz.net héberge près de 400 documents, à destination principalement des terminales, mais aussi des étudiants en médecine et en informatique, et s’apprête à franchir la barre des trois millions de téléchargements.

Désormais rodée au code, Majda poursuit sa percée des mystères de l’univers informatique à l’Université des sciences technologiques Houari Boumediene d’Alger (USTHB) où elle suit une licence en informatique académique. Elle y développe sa fibre «open source» (logiciel libre), née pendant les années lycée où elle devient utilisatrice d’Ubuntu, Linux, Mozilla, etc., en rejoignant "Open Minds Club" qui œuvre à "promouvoir l'esprit de collaboration, le partage des connaissances et le travail de groupe auprès des étudiants de l'USTHB et à l’extérieur". Au même moment, Mozilla lance un appel pour trouver des représentants en Algérie. La passionnée du Web saisit l’opportunité et devient en 2011 une des quatre représentantes du navigateur américain en Algérie dont la communauté s’élève à une vingtaine de contributeurs sur l’ensemble du territoire national. "On essaye d’amener un maximum de contributeurs en codes, documentations, etc., sur la Toile et par l’organisation de workshop. Je participe aussi à des congrès internationaux de Mozilla et à des Mozillacamp où je présente le travail de la communauté algérienne", détaille Majda Nafissa Rahal. "Tout cela volontairement", précise-t-elle.

L’aventure entrepreneuriale

Après plusieurs années à côtoyer la communauté web algérienne, la jeune "geekette" au visage enfantin, décide d’y contribuer plus activement en créant une société d’événementiel autour du numérique et des nouvelles technologies. Avec la complicité de deux jeunes compères informaticiens, Rached et Chouaïb, elle fonde en 2013 l’entreprise Otaco event. "Otaco, veut dire geek en japonais", précise la nouvelle chef d’entreprise. "On a organisé le Geek Ftour lors du dernier Ramadan". Une première en Algérie qui a permis à près de 200 bloggeurs et mordus du Web de se rencontrer et tisser des liens autres que virtuels. Ces rendez-vous, en chair et en os, sont importants pour la communauté web en Algérie, confirme Majda Nafissa Rahal. "Cela permet d’avoir de l’inspiration, de fortifier son réseau, de former des partenariats et on finit par s’associer pour lancer des startups ou participer à des concours autour des TIC", poursuit la fondatrice d’Otaco qui travaille actuellement à l’organisation d’un événement autour des applications mobiles "pour accompagner le virage de la 3G".

Mais l’entrepreneuriat ne constitue pas l’activité principale de Majda. L’affable jeune fille est étudiante, toujours à l’USTHB où elle poursuit un master en intelligence artificielle. Ses premiers pas d’entrepreneure lui ont, cependant, donné envie de poursuivre dans cette voie-là. "En rentrant à l’université, j’avais en tête de faire un doctorat, mais depuis que j’ai goûté au monde de la start-up, j’ai changé d’avis", confie-t-elle. "Créer mon propre emploi m’intéresse plus, pour l’instant, que faire de la recherche à l’université». C’est ainsi qu’elle se projette dans l’avenir : "Je lancerai probablement une autre start-up ou je verrais comment évolue Otaco event". Si tel est le cas, Majda deviendra une exception. Rares sont, en effet, les étudiants de sa spécialité qui embrassent une carrière algérienne.