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Du Mont Royal à El Mouradia : Tout le bien, tout le mal...

par Abdelkader Djebbar : Montréal

Les jours passent et repassent. La neige tombe, s'accumule et fond. Mais elle revient. L'hiver est encore bien installé. Le thermomètre joue du yoyo entre les moins 39 et le point de congélation parfois. C'est le Québec qui se voile et se dévoile en cette grosse période de la Charte des valeurs québécoises avec tout ce que cela comporte comme «débat et des hauts» dépendamment de quel côté de la barrière on se trouve.

Ici, il n'y a pas que la politique provinciale qui, assez souvent, fait la une des quotidiens. Il y a aussi la politique nationale en Algérie qui fait et défait les débats, particulièrement au Petit Maghreb, jadis occupé principalement par les immigrants en provenance de la Botte qui se sont retrouvés à la Petite Italie et à Saint Léonard. Aujourd'hui, le Petit Maghreb, c'est le coin de nombreux Algériens de Montréal.

Dans ce quartier situé à l'extrême est de Montréal, de jour comme de soir ou encore de nuit, les discussions, ces derniers jours, vont bon train, ponctuées fréquemment par «mais d'où sort donc monsieur Amar Saâdani qui fait bouger l'Algérie entière, est-ouest, nord-sud. «Un tsunami» dit Naguib, la trentaine, au Canada depuis une quinzaine d'années ponctuées de temps à autre par quelques petites vacances dans un village de la Mitidja.

Pour Raouf, la quarantaine, cadre dans une compagnie canadienne, à Montréal depuis une vingtaine d'années, le débat est stérile. Du pipi dans le sable. Ça gonfle et ça se dégonfle et tout continue de baigner dans la corruption, selon ce que rapportent les nombreuses chaînes de télévision et les quotidiens d'outre-Méditerranée et d'outre-Atlantique.

Au fur et à mesure que les esprits s'échauffent en Algérie, ici à Montréal les langues font tache d'huile et poussent à l'inscription sur la liste des candidats potentiels à la présidentielle d'avril prochain, comme par exemple, Tarik Mihoubi qui se présente comme le candidat qui «veut dire Non à la Hogra qui est devenue un fléau dévastateur ravageant le tissu social algérien». Sa vision ? Une Algérie dans laquelle il y a une croissance économique forte et soutenue, la protection des droits politiques et civiques de l'individu, et des programmes sociaux efficaces dont l'assurance maladie universelle, ainsi qu'un programme de bien-être social garantissant qu'aucun Algérien ne sera laissé pour compte.

Tarik Mihoubi ne lésine pas sur les mots car il se voit déjà en haut de l'affiche pour introduire du nouveau dans la vie des Algériens. Kamel ne badine pas, lui non plus, et demande à Mihoubi : «Si vous nous disiez comment et avec qui? Sinon toutes ces promesses ne ressembleraient qu'à un catalogue de la Redoute». Dans ce même sens, Aicha ajoute : «Quel est votre programme, votre vision, vos ambitions ? Qu'allez-vous décider pour cette jeunesse fragilisée, perdue, ne croyant en plus rien ? Quel Etat voulez-vous instaurer en Algérie, je sais que vous êtes politicien, grand intellectuel, cool, moderniste.

Les réseaux sociaux regorgent d'interrogations de jeunes, mais pas de ceux de Montréal, par exemple, ou très peu. Qu'allez-vous faire pour les travailleurs, les petites retraites de moins de 80 dollars/mois ?

Nass el-Khir du Canada reconnaît que la tâche ne sera pas facile, mais, dit-il, «Algérie, Inchallah Rabi m3ak ! Ce n'est pas facile mais impossible n'est pas algérien». Ce qui n'est pas l'avis de Dhrifa Ad qui souligne qu'«il y a beaucoup de problèmes en Algérie et tout candidat qui promet de les régler tous ne dit pas la vérité. C'est quasi impossible ! Si vous pensez que l'Algérie va ressembler au Canada du jour au lendemain vous avez tort !» Et on repart à zéro ?