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L'alliance germano-américaine

par Belhaouari Benkhedda *



C'est une histoire sinueuse, une histoire d'hégémonie et de dominance. Les Etats-Unis font la pluie et le beau temps dans les quatre coins de la planète.

Dans leur démarche impérialiste, les Américains ont toujours pu compter sur leurs alliés allemands. Pour comprendre le projet mondialiste, qui vise certainement tous les pays de la Méditerranée y compris l'Algérie, il est indispensable d'examiner de près l'Alliance germano-américaine.

WALL STREET ET L'ASCENSION DE HITLER

Dans son livre «Wall Street et l'Ascension de Hitler», le professeur Antony Sutton démontre clairement comment des banques de Wall Street et des grandes sociétés américaines ont soutenu la montée de Hitler au pouvoir. Le professeur britannique a écrit son livre en 1976 après avoir consulté une bonne partie des archives du procès de Nuremberg disponible à l'université Stanford. Antony Sutton est l'un des rares universitaires à avoir parlé courageusement des secrets de la deuxième guerre mondiale.

En fait, l'Allemagne n'aurait jamais pu faire la guerre en 1939 sans l'aide du cartel industriel allemand IG Farben. Entre 1927 et le début de la Seconde guerre mondiale, IG Farben a bénéficié de l'assistance technique américaine. Il y a eu des dizaines d'accords entre IG Farben et des entreprises américaines. Il faut savoir que l'Allemagne n'avait pas assez de ressources pétrolières. La collaboration avec Standard Oil de Rockefeller a permis à l'industrie allemande de fabriquer l'essence de synthèse à partir du charbon. Par ailleurs, les deux plus grands producteurs de chars et de camions en Allemagne étaient Ford et Opel, filiale de General Motors. Les bombardiers Focke-Wulf étaient produis par la firme ITT. C'est grâce aux prêts américains que l'industriel nazi a pu émerger. Le conseil d'administration de IG Chemical Corporation, une filiale américaine d'IG Farben, comptait parmi ses membres Paul Warburg, principal promoteur de la Réserve fédérale Américaine, d'origine allemande naturalisé américain. Un autre fait important est les subventions accordées par Wall Street au parti national-socialiste d'Hitler. Les travaux du professeur Antony Sutton démontrent que la SS (la Schutzstaffel) a reçu des sommes d'argent importantes de la part des sociétés situées à Wall Street.

La seconde guerre mondiale a mis les nations européennes en opposition. Elles sont sorties endettées et affaiblies de ce conflit. Ceci a eu pour effet d'affirmer la suprématie de l'oligarchie financière militaro-industrielle, germano-anglo-saxone.

LA PANEUROPE

La Paneurope a été fondée en 1926 par le comte Richard Coudenhove-Kalergi, fils d'un diplomate autrichien. Cette association indépendante a eu pour objectif de créer une union des États européens et de l'intégrer dans une gouvernance mondiale.

Dès sa création la Paneurope a bénéficié du soutien financier du banquier allemand Max Moritz Warburg, membre du conseil d'administration de IG Farben et directeur de la banque M.M. Warburg & CO. Max Moritz était le frère de Paul Warburg, patron de la Réserve fédérale Américaine. Entre les deux guerres mondiales, la Paneurope a trouvé beaucoup de sympathisants parmi la noblesse et la bourgeoisie européenne grâce aux frères Warburg.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Coudenhove-Kalergi a été soutenu par Winston Churchill. Dans un discours prononcé à Zürich, le 19 septembre 1946, le premier ministre britannique a affirmé : «Il nous faut édifier une sorte d'Etats-Unis d'Europe». Winston Churchill a même préfacé le livre de Coudenhove-Kalergi «J'ai choisi l'Europe» (voir l'article du professeur Pierre Hillard «Histoire du Nouvel ordre mondial», publié sur le site d'information Voltairenet.org).

Durant les années 1960, le général De Gaule n'avait pas le soutien de la classe politique pour dénoncer le projet de l'Union européenne. Sa contre-stratégie de transformer la construction européenne en un instrument servant les intérêts français a échoué (pour plus de détails, il recommandé de voir la conférence du professeur François Asselineau «Qui gouverne la France et l'Europe ?» disponible sur le site upr.fr).

En 1969, Georges Pompidou, ancien trésorier de la Paneurope, ancien directeur de la banque Rothschild, a été élu président de la République française, première puissance européenne à cette époque. Et la Paneurope a fait son chemin.

L'EUROPE SOUS DOMINATION ALLEMANDE

La construction européenne s'est faite sur le modèle allemand. En réalité, l'euro est un deutschemark déguisé. Les dirigeants allemands ont mis en place un euro fort pour pouvoir d'abord fabriquer des biens intermédiaires (composants industrielles) dans des pays dont les monnaies sont moins fortes et les salaires plus bas et, en second lieu, vendre des produits finis en Euro dans la zone européenne. L'Histoire industrielle de l'Allemagne est particulière. Depuis les années 1930, l'investissement dans les secteurs productifs était considérable, car l'arsenal militaire n'absorbait pas de gros budgets. Les dirigeants allemands ont presque toujours maintenu les salaires à un niveau bas, ce qui a parmi à l'Allemagne de rester économiquement compétitive. Les Allemands gardent un pas d'avance sur leurs voisins. Des pays comme la France ne peuvent pas gagner en compétitivité dans les conditions actuelles, car ils sont déficitaires. La déflation des salaires et la délocalisation des entreprises n'est pas une solution, puisque ces pays sont déjà rongés par le chômage et les classes moyenne sont en difficulté.

Les lois fondamentales de l'Union européenne ont été imposées par l'Allemagne. La première puissance économique et démographique du continent a délibérément poussé les Etats membres de l'Union européenne à aliéné leurs souverainetés aux traités européens. Le processus de la mise en place de la construction européenne a été largement soutenu par les Américains. Le président Bill Clinton, pour ne citer que lui, a reçu en 2000 le Prix Charlemagne accordé aux personnes œuvrant en faveur de la construction européenne. Le 27 février 2004, un accord a été conclu entre le président Bush et le chancelier Schröder : «l'Alliance germano-américaine pour le XXIe siècle». L'accord confirme que l'Allemagne ne veut pas d'une Europe indépendante des Etats-Unis. Pour les Allemands, l'alliance germano-américaine passe avant tout. Effectivement, cette alliance a de beaux jours devant elle.

Le 12 février 2013, les États-Unis et l'Union européenne ont lancé officiellement des négociations sur la création d'une zone de libre-échange transatlantique. Le projet doit théoriquement voir le jour la mi-2014. Il prendra probablement quelques mois de retard, mais une fois concrétisé, il affaiblira l'ensemble de l'Europe avant de la mettre sous la tutelle des Etats-Unis. L'idée d'unité transatlantique a été proclamée avant la seconde guerre mondiale par Coudenhove-Kalergi, fondateur de la Paneurope, et l'oligarchie qui le soutenait. En conclusion, les grandes décisions sont toujours prises par une minorité d'élite composée principalement de riches sans conscience, sans scrupule. Les peuples sont les derniers à être informés de ce qui se passe dans les hautes sphères. Et l'imposture continue.

* Enseignant universitaire