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Le wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane, se confie au « Le Quotidien d'Oran » : Les mille et un problèmes d'Oran

par Houari Saïdia

Environ quarante jours après son installation à la tête de la wilaya d'Oran, l'actuel wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane, a bien voulu se prêter au jeu des questions/réponses du ?Quotidien d'Oran', sur la situation et le devenir d'une wilaya appelée à être une métropole méditerranéenne.

Le Quotidien d'Oran: Cela fait aujourd'hui un mois et dix jours, depuis votre prise de fonctions à la tête de la wilaya d'Oran. C'est sans doute un intervalle très court dans le temps de la gouvernance territoriale, d'autant plus qu'il s'agit d'une ville métropole et par ailleurs capitale économique du pays. Néanmoins, votre diagnostic préliminaire vous a-t-il permis d'avoir une visibilité ?

Le wali d'Oran: Dès le départ, les caractéristiques de la wilaya étaient cernées, mais je ne pouvais pas me prononcer tant que je n'avais pas bouclé mon plan d'exploration de la wilaya, notamment le programme des sorties. L'idée initiale a été confirmée, dans la mesure où les problèmes d'Oran, qui sont, du reste, similaires à ceux des autres wilayas, se sont avérés, effectivement, plus accentués et de dimensions plus importantes, avec, toutefois, des spécificités que je citerai, tout à l'heure. Premièrement, le problème du logement qui vient en tête des préoccupations. Il y a, à Oran, une forte et constamment croissante demande de logements, accentuée par la présence d'un tissu d'habitats précaires et de bidonvilles qui viennent se greffer aux centres urbains, à l'image des Planteurs, Ras El-Aïn, El-Hassi, Chteïbo, Sidi El-Bachir?Donc, je résume : la première préoccupation majeure, c'est cette grosse demande de logements, accompagnée d'un besoin, tout aussi important, en équipements publics annexes. Ensuite, et c'est intimement lié aux logements, il y a le problème de viabilisation des centres d'habitats, pour ne pas dire des lotissements carrément. Je voudrais, à ce titre, vous citer le cas le plus illustratif de Chteïbo. Là, prévaut une situation de gros déficit, voire d'absence par endroits, de viabilisation. Or, cet état de fait ne concerne pas uniquement les zones dites périphériques de la wilaya, mais il est déploré, malheureusement, en plein centre des ensembles urbains, au cœur de la ville. Dans le groupement urbain d'Oran, des anciens centres d'habitats accusent un déficit considérable en viabilité. Et cela est, intimement, lié à l'amélioration du cadre de vie des citoyens, lequel est un défit qu'on retrouve dans toutes les déclarations du gouvernement. Troisième grand problème qui se dégage du diagnostic préliminaire opéré, préalablement, à toute action, c'est la régularisation du foncier. Partout où on s'est déplacé, on a été interpellé par des citoyens sur la régularisation du foncier sur lequel sont bâtis leurs habitations où ils résident depuis une dizaine, une vingtaine d'années, et plus parfois. Ils réclament, légitimement, qu'on leur régularise le foncier. Pourtant, le cadre juridique existe et il n'appartient aux autorités locales compétentes, à savoir la daïra et l'APC et les services techniques qu'appliquer la réglementation. Si, pour le logement, on pourrait dire qu'il y a insuffisance de programmes, manque d'assiettes foncières, etc., pour le processus de régularisation du foncier, le cadre légal existe et il suffit de l'appliquer. Les cas de non-régularisation sont bien cités par la réglementation, comme par exemple lorsqu'il s'agit de sites archéologiques ou sur le domaine forestier, relevant du régime public, qui est frappé par les trois fameuses ? inaliénabilité, imprescriptibilité et incessibilité. Mais en dehors de ces cas d'exception, tout est régularisable. Les différents textes et décrets, non seulement, autorisent les instances concernées à conforter le propriétaire dans son droit, mais ils l'obligent à le faire. Donc, résumons encore une fois : logement, viabilité, régularisation foncière.

Quatrième gros souci: les équipements publics. Il y a, en effet, un gros déficit à Oran, et ce, malgré les efforts importants consentis par les pouvoirs publics, dans ce registre. A ce propos, je tiens à dire qu'il ne faut pas débarquer comme ça, faire l'état des lieux et brosser un tableau noir. C'est trop facile. Il faut reconnaître, et les réalisations et les AP sont là pour en témoigner, qu'un effort considérable a été déployé pour équiper la wilaya d'Oran, en structures d'accompagnement. Néanmoins, un déficit en équipements subsiste, d'autant que la ville s'étend dans tous les sens, et je parlerai d'un manque en la matière dans la mesure où des programmes colossaux d'habitat sont lancés mais l'accompagnement en équipements n'est pas à la dimension de ces programmes. Il est en-deçà des normes. Car il ne suffit pas d'injecter un CEM pour dire qu'on a répondu aux besoins de la localité. Non, il faudra implanter la salle de soins, la poste, l'annexe administrative, la salle de sports, les aires de jeux, les espaces de détente et toutes les infrastructures nécessaires pour un cadre de vie décent et agréable. A Oran, il y a, également, la problématique du vieux bâti. Une grande partie de l'ancien parc immobilier de la ville est dans état de dégradation très avancé, constituant une menace pour les occupants surtout. Heureusement que la sonnette d'alarme a été tirée, à temps, et qu'il y a eu, enfin, cette prise de conscience. Vous savez, quand on travaille dans l'urgence pour faire face à certains problèmes pressants, on a tendance à reléguer les questions qui touchent à l'environnement, l'immobilier, l'urbanisme, etc. Ce n'est plus le cas depuis quelques années, puisque la prise de conscience se traduit à travers la mise en œuvre d'un programme de réhabilitation et de restauration du vieux bâti, hérité de l'ère coloniale. Cependant, les enveloppes allouées à ce programme restent en-deçà de l'étendue du parc existant. C'est un tissu qui nécessite une couverture financière plus consistante, à mon avis. Parallèlement, il y a un programme visant à classer le quartier de Sidi El-Houari comme patrimoine national. Quand un quartier -ou une agglomération- est classé patrimoine national, cela induira, forcément, des réhabilitations étudiées avec la participation de BET spécialisés, des enveloppes financières consistantes? Bref, ce statut vaut programme approprié.

A ces préoccupations majeures, s'ajoute, d'autre part, le problème du manque de viabilité et de raccordement aux VRD, et même aux sources d'énergie parfois, dans les zones industrielles et les zones d'activité de la wilaya. Pas plu tard que mercredi dernier, on a fait le point avec le directeur des PME-PMI, et il en ressort qu'aussi bien la ZI de Hassi Ameur que celle d'Es Sénia (les deux plus grandes des 5 ZI que compte Oran) qu'en dépit des montants dérisoires alloués au programme de mise à niveau de ces pôles, l'exécution n'est pas au rendez-vous?Voilà, à grand trait, un diagnostic préliminaire sur la wilaya d'Oran.

Q.O: La réalité de la wilaya d'Oran, telle que vous l'avez découverte, à travers vos multiples sorties, vos premiers coups d'œil sur la situation des différents secteurs, vos réunions avec le staff exécutif, vos premiers contacts avec la société civile, correspond-elle, plus ou moins, à l'image que vous en aviez ? Avez-vous été surpris, éventuellement, par un immense décalage entre l'image préconçue et la réalité crue ?

Le wali : Non, je n'ai pas été surpris, encore moins choqué, parce qu'en tant que commis de l'Etat on s'intéresse, constamment, à la situation à travers tout le pays. Nous sommes au fait de ce qui se passe un peu partout. Il faut rappeler que beaucoup de bonnes choses ont été réalisées, dernièrement dans la capitale de l'Ouest. A ce titre, bien que 117 opérations n'aient pas été lancées, force est de constater que ces 2 à 3 dernières années, il y a eu de grands projets redynamisés et lancés. La liste est longue pour être énoncée ici. Mais je prendrai, au pif, les cas de quatre hôpitaux de Gdyel, Oued Tlélat, El-Kerma et Sidi Chahmi, le Centre anti-cancer (CAC), l'Institut national de recherche en cancérologie, le Centre régional des grands brûlés, le stade qui fait partie du futur complexe olympique, entre autres. Pas mal de projets qui étaient dormants, en veilleuse ou en grosse souffrance, ont été revivifiés et relancés. Encore une fois, je dis que je ne suis pas surpris. A cette exception près, que je ne mesurais pas à sa juste dimension l'ampleur de l'habitat précaire. C'est, franchement, bien pire que la situation que j'imaginais. Le centre d'Oran importe toutes sortes de choses positives, mais il importe, en même temps, des choses négatives, l'exode rural, le chômage, la bidonvilisation et donc la clochardisation de la cité, le flux migratoire, les fléaux sociaux et tout ce qui va avec. Les gens qui viennent là pensent que c'est l'Eldorado qui les attend. Ils viennent s'y greffer, en périphérie dans la plupart des cas, avec la complicité de certains responsables, élus locaux et techniciens. Le fait que ces poches d'habitats précaires s'installent dans la banlieue d'Oran, cela a des explications. Mais notre détermination à lutter contre ce phénomène nuisible tire sa force de notre conviction qu'il ne sert à rien de ramener des programmes, de fixer des échéances et d'arracher des engagements, de tarabuster directeurs, promoteurs et entrepreneurs, de mettre, perpétuellement la pression sur eux, alors que par ailleurs le phénomène des constructions illicites prend des dimensions incontrôlables. Il y a, donc, en parallèle aux programmes d'habitat, une volonté infaillible de lutter contre l'habitat précaire, dans toutes ses formes.

Q.O: Justement, en parlant de constructions illicites, il n'est pas un secret que cette période préélectorale, comme cela est le cas, lors des échéances politiques, est au moins «théoriquement» un moment propice pour l'érection de maisons en zinc et parpaing. Ceux qui sont tentés par cette expérience tirent leur cran du «bruit» laissant entendre qu'il y aurait un mot d'ordre vertical de «calmer le jeu».

Le wali : Depuis qu'on est là, chaque fois où il y a tentative de début de construction illicite, des mesures sont aussitôt déclenchées : réquisition, dispositif, intervention. Ça se fait dans les 48 heures, voire dans les 24 heures. C'est un message fort que je lance, à travers ce canal, à toux ceux qui s'adonnent à ce méprisable commerce, pour leur dire que l'Etat n'a pas de gestion d'échéances et que la bonne gouvernance doit rester en-dehors des échéances. Je peux vous assurer, également, que si jamais je serais tenté de gagner la sympathie de ces bonhommes-là, je ne perdrai pas de vue que, ce faisant, je perdrai l'estime de toute la population oranaise. Donc, quand bien même pouvons-nous accréditer cette thèse -qui n'est pas vraie- d'une gestion conjoncturellement tolérante quant à ce phénomène, dictée par des considérations d'échéance, je trouverai mon compte en gagnant plusieurs centaines de milliers de gens plutôt que de faire plaisir à une poignée de bonhommes.

Q.O: Disposez-vous d'un recensement fiable des bidonvilles essaimés à travers le territoire de la wilaya ? Et, éventuellement, une quantification approximative de la population qui y réside ?

Le wali : Approximativement, ça tourne autour de 200 endroits répertoriés. Il faut, cependant, faire la part des choses entre un site qui abrite 4 ou 5 baraques et un autre qui en abrite des centaines. En fait, le nombre des occupants est flexible. Vous pouvez recenser 10 foyers, vous trouverez 25 ménages. Chaque site a son propre recensement. Maintenant, quand on fait le point avec les 9 chefs de daïra, l'un d'eux me dit par exemple, « j'en ai 4. Ils sont tous recensés ». Mais il faut savoir : qui a fait le recensement ? Qui a recensé qui ? A-t-on impliqué les services de sécurité, la Protection civile ? Car on ne peut pas déléguer la tâche de recensement à de simples agents. Ils sont influençables et donc pas crédibles. C'est le responsable lui-même qui doit recenser, cela ne diminue en rien de son notoriété. C'est pourquoi j'ai l'intention d'instruire mes chefs de daïras pour qu'ils fassent par eux-mêmes le recensement. Accompagnés du maire et des services de sécurité, ils devront sillonner leurs bidonvilles, ruelle par ruelle, coin par coin, maison par maison. Comme ça, le jour du relogement il n'y aura pas une contestation d'ampleur. Autre dispositif, tout à fait nouveau, que nous comptons mettre en place pour maîtriser le processus, le contrat pré-relogement. Je m'explique : au niveau de chaque site d'habitats précaires recensé, les autorités locales scelleront une sorte de pacte avec les représentants désignés par les habitants figurant sur la liste, qui comprendra une clause selon laquelle si on trouvait un seul «intrus» (nouveau débarqué qui y a élu domicile, un sous-ménage hébergé par le maître des lieux dans l'intervalle?) qui s'était greffé entre temps au site, c'est toute l'opération de relogement qui est annulée. Tant pis pour les voisins qui n'ont pas empêché, ou à tout le moins dénoncé, l'arrivant de la dernière heure ! De la sorte, vous verrez bien, ce sont les habitants, eux-mêmes, qui veilleront sur leurs remparts. D'une manière générale, on va synchroniser l'action de tout l'exécutif par rapport à ce programme, où la population sera, activement, impliquée. On n'attend que l'arrivée du nouveau chef de daïra d'Oran, qui ne saura tarder, en principe, étant donné que ce poste est vacant depuis le mouvement partiel opéré dans le corps, dernièrement, pour commencer le recensement et mettre en exécution le concept du contrat daïra/population s'y afférent. Mais, en fin de compte, qu'est-ce que le rôle d'un wali si ce n'est que de fédérer les bonnes synergies, en mettre en symbiose les forces vives de la ville.

Q.O: Vous venez de passer en revue, lors d'une réunion de l'exécutif, élargie à tous les acteurs concernés, les projets en souffrance dans tous les secteurs. Plus que le passif en soi, qui n'est ni lourd ni léger, et donc «globalement normal», ce sont plutôt les raisons invoquées par certains de vos directeurs de secteurs, pour justifier le retard accusé, qui sortent du normal, et du coup sont au-delà du tolérable. Et le segment Urbanisme vous a beaucoup fâché, en fait, au point où vous avez mis en sursis toute l'équipe.

Le wali : Avoir des opérations non lancées n'est pas un problème en soi, car dans notre gestion quotidienne, il y a parfois, compte tenu de la complexité des procédures de marché (attribution, avis d'appel d'offres, jugement?), de longues démarches et des contretemps qu'il faut faire avec. Tout cela fait qu'un projet « normal » prend en moyenne un délai de 8 mois, sinon plus. Par contre, si je me suis intéressé au secteur de l'Urbanisme et de la Construction, plus que tout autre segment, c'était pour la bonne raison que le travail de cette direction touche, directement, au cadre de vie du citoyen, notamment en ce qui a trait à la requalification urbaine. Ce sont les aspects qu'on ressente le plus et directement chez la population locale. lls sont également appréciés, jugés même, par les citoyens. C'est pourquoi donc je me suis penché sur les projets en souffrance à l'indicatif de cet organisme en particulier. J'ai mis en demeure, séance tenante, toute l'équipe en raison des retards cumulés, dans pas mal d'opérations. Je leur ai dit que ce ne sera pas le chef, à lui seul, qui paiera les pots cassés, mais tout le staff. Car, très souvent, si le secteur est bien apprécié, c'est toute l'équipe qui est récompensée, qui en reçoit les éloges, mais quand le secteur est défaillant, c'est le directeur, uniquement, qui est sanctionnée. Pour moi, tout le monde est responsable, tout le monde assume, tout le monde est sur un même pied d'égalité. Je suis sûr et certain, néanmoins, que les remarques que j'ai émises en plénière seront à même de pousser l'équipe concernée à se rattraper et à améliorer la situation en réglant les problèmes, si ce n'est dans leur totalité, du moins pour une bonne partie d'entre eux. Il y aura une avancée, j'en suis certain. En tout cas, je l'espère pour eux. J'évite toujours les choses philosophiques, les phraséologies techniques et administratives, les détails rébarbatifs, et je vais directement à l'essentiel : les dates, les échéances, les délais contractuels, etc. Je veille toujours au respect des délais impartis, aux engagements des uns et des autres, avec un souffle long et une détermination inimaginable. Le respect des échéances est primordial, car il y va de la gestion de la chose publique. On peut être indulgent chez-soi, dans sa vie personnelle, mais à partir du moment qu'on est responsable devant la population, il faut être intraitable, sans merci.

Q.O: Demain, le 10 décembre (cet interview a été réalisé lundi 9 décembre : NDLR), expire l'ultimatum que vous avez accordé aux entreprises réalisatrices, des étrangères pour la quasi-totalité, accusant un énorme retard dans le lancement des chantiers de logements sociaux, de type public locatif (LPL), soit un total de 54.000 unités qui n'a pas encore démarré du sol et dont 14.700 ayant fait l'objet de délivrance, fin 2012, de l'ODS aux réalisateurs concernés.

Le wali : Demain mercredi, en effet, je prendrai mon bâton du pèlerin et sillonnerai les sites éparpillés dans les quatre coins de la wilaya, point par point. Je m'y arrêterai le temps qu'il faut. Et si la journée ne suffit pas, je repasserai le lendemain et encore le surlendemain. J'ai prévenu que j'allais venir le 10 du mois, et j'irai, car je ne scande jamais des menaces en l'air. D'après le feed-back qui m'est parvenu, dans l'intervalle, il y aurait un branle-bas du combat dans les chantiers ciblés. Et c'est ça la finalité de ma démarche : remuer les choses, lancer les travaux, les faire avancer. La sanction, bien qu'elle soit incontournable parfois, n'est pas une fin en soi. La plupart des chantiers sont en pleine action, donc, d'après les échos. En revanche, il faut savoir qu'il existait, effectivement, par endroits, des contraintes qui se dressent devant les entreprises de réalisation. Par exemple, présence de quelques baraques, passage d'une ligne de haute tension, un site non raccordé à l'électricité, indispensable pour l'installation des groupes, le fonctionnement des grues, présences d'oliviers sur l'emprise en dépit du fait que le foncier ait fait l'objet de distraction, etc. Toutes ces contraintes ont été levées à la faveur de la réunion que j'ai eue, entre temps avec les patrons des entreprises étrangères concernées. Plus aucune excuse ne sera acceptée. Aux investisseurs étrangers, j'ai dit, clairement, que s'ils veulent obtenir d'autres marchés et gagner plus d'argent, ils n'ont qu'à honorer leurs engagements. Sinon, ça sera le premier et dernier marché.

Q.O: Revenons au problème n°1 de la wilaya, le logement. Où en sont les choses, notamment pour le social et l'histoire des pré-affectations. C'est quand la distribution au juste ?

Le wali : Ça sera dès l'achèvement des logements. A l'exception du cas des Planteurs, où nous préférons réceptionner un bon paquet d'unités, au bas mot quelque 2.000, disons, pour entamer le relogement, et ce sur le programme de 8.000 logements en cours de réalisation à Oued Tlélat. Actuellement, nous n'en avons que 1.600 unités fin prêtes. Concernant les titulaires de décisions de pré-affectation, qui sont répartis sur plusieurs vieux quartiers d'Oran, dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire, nous prévoyons de commencer la distribution vers la fin du premier trimestre de l'année prochaine et la poursuivre jusqu'à début de la saison estivale, soit, donc, durant le 1er semestre 2014.

A titre d'information, l'état récapitulatif des lancements et des livraisons relatif à la situation des programmes de réalisation de logements publics locatifs (LPL, social) fait état d'une consistance de 10.780 logements, dont 1.380 unités ont été lancées, durant le 4e trimestre de l'année en cours et dont le lancement du reste, 9.400 unités, est programmé pour le 1er trimestre 2014. Pour le calendrier des livraisons, qui concerne un parc beaucoup plus consistant, composé de 46.398 logements, il prévoit la livraison, avant la fin de l'année 2013, donc d'ici à fin décembre en cours, 1.246 logements seront livrés, 454 logements durant le 2e trimestre 2014, 6.124 logements durant le 4e trimestre 2014, 150 unités durant le 1er trimestre 2015, un quota de 13.572 logements durant le 2e trimestre 2015, 482 unités durant le 3e trimestre 2015 et, enfin, 24.400 unités durant le dernier trimestre de l'année 2015. Ceci concernant le social, s'agissant du LPA, il faut savoir que la daïra ne peut établir des listes de bénéficiaires qu'au nombre, parfaitement égal au quota de logements qui lui a été consacré. A ce titre, la daïra arrête les listes, les soumet au contrôle préalable du fichier CNL. Quand les résultats ne recèlent aucune incompatibilité ou empêchement, les listes sont transmises au DLEP. Celui-ci les vise et les remet aux promoteurs qui ont été retenus. Il ne faut pas oublier que les terrains du LPA ont fait l'objet d'un appel à candidature et que les promoteurs retenus ont gagné l'attribution du foncier sur la base d'un concours. Or, il se trouve que certains promoteurs ne trouvent pas leurs comptes, en estimant que le prix du logement plafonné à 280 millions de centimes ne les arrange pas, au motif qu'ils avaient acquis le terrain au prix fort. Bien que l'acquisition du foncier ait été faite avec un rabattement de 80% de la valeur vénale du terrain, il n'en demeure pas moins que cette catégorie de promoteurs affirme que même avec les 20%, le prix de vente du logement est en-deçà du prix de revient réel, à en croire leurs calculs. Or, il ne faudrait pas que ces charges soient répercutées sur l'acquéreur. Donc, on a bien précisé, lors d'une rencontre que nous avons tenue, dernièrement, en présence d'un nombre de souscripteurs LPA et de représentants de l'Union professionnelle des promoteurs, qu'il n'y aura que la réglementation qui sera appliquée. Aux acquéreurs, en particulier, nous avons dit que celui qui se plaint contre une augmentation quelconque imposée par son promoteur privé sur le prix arrêté et convenu, il n'aura qu'à l'ester en justice et nous, de notre part, on le soutiendra en se constituant partie civile à ses côtés. Par ailleurs, il y aurait des cas de citoyens dont les noms figuraient dans la liste établie par la daïra, mais une fois chez le promoteur ils ne trouveront plus leurs noms. Le promoteur leur rétorque que c'est « sa » liste et qu'il était libre d'y placer qui il voulait parmi son entourage. Vrai casse-tête. Il faut dire que mon prédécesseur s'était mis d'accord avec les promoteurs sur un quota de 15 à 20 noms qui leur revient de droit, et moi en tant que commis de l'Etat qui croit dur comme fer au principe de la continuité de l'Etat, que celui-ci est un et indivisible, j'ai joué le jeu et j'ai entériné l'accord conclu. Seulement, maintenant, il ne faut pas exagérer et dépasser les 20 logements accordés.

Q.O: A travers notre couverture médiatique des activités quotidiennes du chef de l'exécutif local, Zaâlane Abdelghani, nous avons remarqué que vous abordiez peu le dossier de la modernisation d'Oran pour en faire une métropole méditerranéenne, à l'horizon 2030, projet conçu et initié par l'actuel ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf. Est-ce que cette impression, vraie ou fausse, traduit-elle une relégation de ce « mégaprojet » au second plan par l'actuel wali, qui aurait une autre vision ?

Le wali : la modernisation d'Oran est un concept que chacun regarde à sa manière. Mais, non, bien au contraire, je suis plus que déterminé à faire en sorte qu'Oran se modernise et se hisse au rang des grandes métropoles. Oran a de fortes potentialités pour devenir, à la fois, un pôle historique, un pôle économique, un pôle scientifique, un pôle artistique et un pôle social. Il n'y a pas, à ma connaissance, un programme qui revêt le caractère de modernisation et qu'on a mis dans le tiroir. Au contraire, hier soir, j'étais en séance de présentation de l'étude du parc citadin d'Oran et j'étais déterminé, plus que toute autre personne, à lancer ce projet le plus tôt possible. Je m'attèle à lancer les projets phares, à l'image du Technoparc, projet déjà inscrit. Au lieu de rêver et de laisser de tels projets dormants baigner dans des milliards, il faut les exécuter, immédiatement et la modernisation viendra par elle-même, de facto. Bref, lançons d'abord ce qu'on a comme projets inscrits et le reste, quand il viendra, on s'en chargera. On réalise ce dont nous disposons et on laisse des batteries pour implanter d'autres structures modernes à venir. Le Technoparc, on commence à le concrétiser sur le terrain et on laissera volontiers une batterie pour l'implantation d'une tour signal, si jamais demain on aura quelqu'un qui veille bien investir dans ce projet.