Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La crédibilité du baccalauréat n'est pas pour demain en Algérie

par Hakem Bachir *

Les résultats des quatre dernières années montrent la montée du nombre de bacheliers malgré la diminution du taux de réussite vu que le nombre de candidats ne cesse d'augmenter.

Le nombre de lauréats est en train de dépasser les 50%. L'explosion du nombre de candidats et du nombre de bacheliers se fera au bac 2015-2016 car ce nombre avoisinera les 350 000 bacheliers vu que le nombre de candidats avoisinera les 800 000.Les infrastructures universitaires seront insuffisantes pour accueillir tous ces universitaires. Ceci est le résultat de la jonction de la cinquième et sixième année primaire.

Dans cette étude, nous pouvons voir que le nombre de recalés au baccalauréat chaque année se compte en centaine de milliers de candidats ce qui énorme et que parmi ces candidats près de 30% abandonnent les études ce qui fait comme cette année 2013 un nombre de 93 911.

C'est pourquoi la refondation du système éducative est imminente pour éviter une telle déperdition car ces candidats étaient destinés à un autre avenir plus prometteur. Ces candidats pouvaient être pris en charge dés la fin de leur cursus au collège. Si les lycées techniques n'ont pas été démantelés et si la formation professionnelle avait joué son rôle.

Notre système éducatif est défaillant car après la crise vécue cette année dans les lycées et qui se poursuivra encore pendant deux ans pour atteindre l'université en 2016.

Le ministère de l'enseignement supérieur comme celui de l'éducation ne peuvent subvenir aux besoins de cette génération fruit de la réforme du système éducatif vu le manque d'infrastructures et d'encadrement car aucune planification n'a été jusqu'à ce jour faite et les décisions politiques occasionnelles et annuelles sont souvent prises pour calmer la tension sociale ou pour faire appel au populisme sans tenir compte du côté pédagogique qui est définitivement abandonné pour être remplacé par le politique car même les sanctions décidées par les pédagogues sur la tricherie générale de cette année est annulée par les politiciens.

En 2016 on aura plus de 400 000 étudiants en première année universitaire alors dès maintenant on doit penser non pas à une réforme mais à une vraie refondation de tout le système éducatif. De plus parmi ces 400 000 près de 200 000 ne termineront jamais leurs études alors qu'elles seront les solutions prévues ajoutés à la déperdition des années précédentes.

Dans tous les pays du monde des statistiques et des planifications sont faites et suivant celles-ci aucune improvisation n'est décidée.

Après le scandale du bac 2013, et après la nouvelle de revoir les sanctions prises encore une fois et comme d'habitude suite à la pression des parents et des élèves qui veulent instaurer l'impunité existante dans la société voilà que les enseignants sont de nouveau mis sur la touche et accusés d'avoir favorisé la fraude.

Nous savons qu'il y a un vide juridique pour la fraude générale car personne ne s'était figuré que des candidats pourraient arriver à ce stade.

Une des premières et graves erreurs a été faite par les chefs de centre et du ministère de laisser ces candidats poursuivre l'examen car ce genre de désobéissance et de non respect d'un examen nationale par le futur bachelier et cadre national est impardonnable.

La deuxième erreur est d'appliquer la sanction dans le flou ce qui a laissé chacun faire ses spéculations et laisser les fraudeurs espérer

La troisième erreur est d'avoir appliqué une nouvelle mention celle de tricheur.

La quatrième erreur a été faite par l'ONEC qui a regroupé les élèves du même lycée ensemble dans le même centre ce qui a favorisé la réaction violente des fraudeurs.

La cinquième erreur est celle de laisser des candidats examiner muni de cahiers, de portables, de sacs alors que sur la convocation les candidats savent qu'ils sont interdits.

La dernière erreur faite est coutumière ne pas prendre en compte le staff éducatif dans les décisions qui engagent toute la société. Même la société civile, les médias, les enseignants, les vrais parents d'élèves jaloux de l'avenir de leurs enfants n'ont pas été pris en considération ni dans la première décision de sanction ni dans la seconde d'alléger.

La réaction des fraudeurs était attendue car ils connaissaient la faiblesse de l'Etat dans ce cas de figure car ils l'ont déjà appliquée pour maintenir pendant des années le seuil des programmes et qui refusent toute sanction, ils veulent à tout prix appliquer l'impunité à tous les secteurs. Après avoir cru l'espace que l'Etat avait prit la décision de reprendre son autorité et le dessus sur la désobéissance d'adolescents au niveau de l'éducation qui mettaient en péril leur avenir et celui de leurs camarades.

Ce revirement de situation d'alléger les sanctions de la part de la tutelle doit poser au nouveau ministre de l'éducation un problème de conscience et d'obstruction dans ses décisions qui paraissaient courageuses lui qui annonçait la lutte pour un bac crédible et la fin du seuil des programmes.

Aujourd'hui, fini les rêves le bac restera politique, les élèves continueront à faire leur loi, le seuil des programmes a encore de beaux jours devant lui, la violence dans les établissements sera plus grande et le taux de réussite au bac atteindra bientôt 100% puisque la fraude est autorisée.

Un ministre est parti un autre est venu et le changement n'est pas pour demain ajouté à cela un premier ministre qui décide à la place des éducateurs de la sanction dans le secteur de l'éducation cela n'existe qu'en Algérie. Nous ne sommes pas surpris de lire dans les journaux la déclaration de Monsieur le premier ministre et d'annoncer que les tricheurs pourront refaire l'année car la fraude est un phénomène de société légalisée à tous les niveaux alors pourquoi pas au niveau de l'éducation.

Une question devrait être posée à Monsieur le Premier ministre:

Aujourd'hui après cette grave décision prise sans consultation de la société civile du pays, nous nous posons la question comment continuer à enseigner et apprendre à nos enfants ce qu'est le travail honnête, comment peut ?on empêcher les élèves de frauder, comment ce futur citoyen respectera son pays et quelle crédibilité aura le baccalauréat, l'enseignant algérien, l'Education algérienne et l'Algérien tout court dans le monde. Cette décision vient de légaliser la fraude dans le pays et met en danger l'avenir de tous les enfants de l'Algérie et aucun parent digne et jaloux de l'avenir de son pays ne peut se taire sans dénoncer ce scandale.

Alors pourquoi cette décision et comment ose t'on toucher à l'avenir des Algériens sans tenir compte des conséquences. Et pourquoi avoir parlé au début de sanctions pour en l'espace de trois jours faire un revirement et quel crédibilité a aujourd'hui le nouveau ministre de l'Education. Et comment peut ?on aujourd'hui éduquer les enfants

Nous aurons bien voulu voir un jour un ministre, un wali, un chef de daïra, un directeur d'académie, un entraineur sportif national, un député un président de parti ou un proviseur en Algérie faire une vraie démission car on avait fait obstruction à son travail mais ce fait appartient aux autres.

Dans tout ce scandale, on a fait appel à l'enseignant uniquement pour l'accabler ou pour l'accuser d'avoir favorisé la tricherie. Le ministère est parti pour prendre la décision seul de diminuer les sanctions vis à vis des candidats et poursuivre les enseignants le maillon faible du système et toute la société.

Ce que n'a pas fait le ministère dans ce fait unique dans les annales du baccalauréat dans le monde et qui pourra donner des idées à l'avenir pour les autres examens en Algérie et dans le monde car partout dans la planète on suit le dénouement de cette tricherie générale qui porte à la crédibilité du bac:

- Faire appel au staff avant la prise de décisions.

* Responsabiliser les parents d'élèves en les convoquant, tant pour les prévenir de la gravité de la situation que de la sanction prise

- Laisser les enseignants appliquer les sanctions cas par cas.

Prévenir de la réaction des candidats en étant stricts et en appliquant le pénal dans le cas de dépassements qui portent atteinte à la sécurité d'Etat et mettre fin, une fois pour toute à ces réactions non-responsables et non-légitimes.

- Eviter de manquer à l'honneur du candidat en affichant la mention tricheur.

Maintenant que les choses ne se sont pas faites ainsi et que l'Etat compte amenuiser la sanction pour éviter toute injustice du non fraudeur, le nouveau ministre ignore le staff éducatif comme d'habitude.

Nous pensons que pour ne pas faire d'injustice au candidat des jurys doivent être créé dans chaque établissement. Pour décider de maintenir la sanction, la diminuer ou l'enlever suivant la discipline et les résultats obtenus le long de son cursus scolaire. Il sera fait de même pour le candidat libre.

* Professeur de mathématiques