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Sommet européen : Renouvellement du bail de sept ans

par Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Finalement, l'adoption du cadre financier pluriannuel, 2014-2020, de l'UE a préservé le statu quo et remis aux aléas de l'évolution de la crise, les réformes économiques qui ont opposé les Etats durant plus de deux ans.

Après des mois de négociations, les chefs d'Etats et de gouvernements des 27 pays de l'Union européenne (UE) sont parvenus à un accord sur le cadre financier pluriannuel (2014-2020) de l'Union. Réunis, jeudi et vendredi matin, à Bruxelles, les premiers responsables de l'Europe savaient que le temps était compté : sans accord, l'Europe serait bloquée et la crise financière et économique prendrait des proportions incontrôlables. Aussi, l'accord global s'est construit sur une sorte de statu quo avec une seule «exclusivité» : un coup de pouce de 6 milliards d'euros pour la lutte contre le chômage des jeunes, jusqu'à l'année 2015, somme qui peut atteindre 8 milliards d'euros, à l'orée de l'année 2017. Rappelons que le budget total de l'UE pour le septennat 2014-2020 est de l'ordre de 960 milliards d'euros. Ce montant avait été contesté par le Parlement européen (PE), en février dernier, lors de son adoption par le Conseil européen (chefs d'Etats et de gouvernements). Le PE souhaitait l'augmenter substantiellement (de plus100 milliards) pour donner une impulsion à la croissance économique. Finalement, c'est la proposition du Conseil qui a prévalu. Bien sûr, mardi dernier, les premiers responsables des trois Institutions européennes, Commission, Conseil et PE, se sont présentées devant les journalistes accrédités à Bruxelles pour annoncer leur «accord», enfin trouvé. Comment ces responsables peuvent-ils revendiquer, chacun pour ce qui le concerne, d'avoir imposé sa proposition, alors que c'est celle du Conseil qui a été avalisée dans son entièreté ? La réponse se trouve dans l'enveloppe dégagée pour l'aide à l'emploi des jeunes : 2 milliards de rallonge en plus des 6 milliards retenus comme base de départ pour l'année 2014-2015. Lorsqu'on sait que le chômage touche plus de 26 millions d'Européens, taux qui atteint les 50% chez les jeunes, dans des pays comme l'Espagne, la Grèce ou l'Italie et frôle les 27%, ailleurs, comme en France ou en Belgique, il n'y a pas de quoi faire rêver les chômeurs, les jeunes en particulier.

Par ailleurs, le Sommet de Bruxelles n'a pas fait de grandes avancées dans les réformes de la Politique agricole commune (PAC), principal instrument de cohésion de l'Union. Les principaux bénéficiaires de la PAC ont gardé leurs «privilèges», malgré les débats houleux, parfois violents qui ont opposé les Etats durant l'année dernière. Ainsi, la Grande-Bretagne garde son rabais (ristourne de sa contribution budgétaire de l'ordre de 4, 5 milliards d'euros/an), alors que la France continue de bénéficier des 40% du budget global de la PAC. Signalons que le budget de la PAC représente, à lui seul, près de 70 % du budget global de l'Union. C'est dire la place stratégique du secteur agricole dans l'UE. Quelques aménagements ont été introduits, tels une meilleurs répartition des subventions aux petites et moyennes exploitations agricoles; un bonus pour l'environnement (terres arables en jachère) ? etc.

En gros, le statu quo a été maintenu. Il faut dire que des pays comme la Grèce, l'Espagne ou l'Italie, touchés plus conséquemment par les effets de la crise financière, économique et sociale, n'avaient pas trop le choix pour imposer de profondes réformes aux options budgétaires de l'Union. Ils sont sous contrôle budgétaire et dépendent des fonds de soutiens européens. C'est pourquoi, on l'aura remarqué, l'Allemagne s'est faite «discrète» lors de ce Sommet. L'essentiel de ce qu'elle voulait a été préservé : serrer le cadre financier pluriannuel pour plus de rigueur financière.

Notons enfin, que le Sommet de Bruxelles a entériné l'entrée, au 1er juillet prochain, de la Croatie dans la famille européenne et a ouvert de nouveaux chapitres de négociations avec la Serbie.