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Medelci : Bouteflika « va rentrer bientôt »

par Salem Ferdi

A défaut de montrer des images du Président Abdelaziz Bouteflika, ce qui serait la manière la moins contestable de faire taire les rumeurs, les responsables ont décidé d'occuper le terrain, d'Alger Addis-Abeba.

Après le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le président du Sénat Abdelkader Bensalah, c'est au tour du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci de sortir de sa léthargie médiatique pour essayer de rassurer une opinion algérienne, très perturbée par la multiplication «d'informations» contradictoires, que les réseaux ?Internet' amplifient de manière considérable, rendant totalement inopérante la communication «datée» des officiels algériens. D'Addis-Abeba où il participe au Sommet du cinquantenaire de l'Union africaine, Mourad Medelci a annoncé que le Président Bouteflika va «rentrer bientôt» en Algérie. Dans une déclaration à ?Radio France International' (RFI), M. Mourad Medelci a affirmé que les «nouvelles sont bonnes», en relevant que «les différentes chaînes (de télévision) le confirment». «Après les errements dus à quelques déclarations, autant fausses que malhabiles, la vérité a repris le dessus. L'état de santé du président, qui était déjà annoncé comme étant bon, se confirme aujourd'hui, fort heureusement. (?) Il va rentrer bientôt en Algérie, pour l'instant, il est encore en France, pour quelques jours de convalescence».

Après le Quai d'Orsay qui avait confirmé que le président algérien se trouvait en France, le ministère français de la Défense a indiqué, mardi, que M. Abdelaziz Bouteflika avait quitté l'hôpital Val-de-Grâce de Paris où il se trouvait, depuis le 27 avril dernier, après un mini-AVC. Selon le ministère français, le Président Bouteflika a été transféré dans un autre établissement militaire de la capitale française pour «y poursuivre sa convalescence». Le ministère de la Défense français n'a pas précisé le nom de l'établissement mais un membre du gouvernement français avait indiqué qu'il s'agissait des Invalides.

UNE «INFO-RUMEUR» DEFERLANTE

Le peu d'informations sérieuses, distillées au compte-gouttes, a servi à démentir des informations très alarmistes qui faisaient état d'un «coma profond» sans pour autant lever les interrogations sur l'état de santé du président et sur sa capacité à exercer ses fonctions. Les responsables algériens ont constaté que les «infos-rumeurs» relayées par les réseaux se sont transformées en déferlantes et ont dû monter au créneau pour essayer de les endiguer. Abdelmalek Sellal a lancé l'offensive, au lendemain de l'épisode de «Mon Journal» qui avait affirmé que le président avait été ramené à Alger dans un «coma profond», en relevant que «le pronostic vital» du président n'avait jamais été engagé. Mais il était clair que le «pronostic vital» de la communication officielle était, lui, bien engagé, la situation créée par l'évacuation du président, dans un hôpital étranger, ne pouvait être traitée avec de l'amateurisme. Le mot d'ordre est bien d'essayer d'occuper le terrain à défaut de pouvoir donner des informations visuelles qui feront taire - ou réduire - les spéculations.

LA PRUDENCE DE OULD KHELIFA

Mardi, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed Larbi Ould Khelifa, a choisi de s'attaquer à ceux qui évoquent la mise en œuvre de l'article 88 de la Constitution sur l'empêchement pour des raisons de santé et a critiqué «certaines parties qui veulent exploiter la maladie du président de la République» et les a appelé à «faire preuve d'un minimum d'éthique et de respect de l'autre».»Tout être humain peut être exposé à la maladie», a ajouté M. Ould Khelifa qui a tenu à saluer la position «louable» du Front des forces socialistes (FFS) et celles de certains partis qui ont fait preuve d'un haut sens d'éthique». Le FFS s'est, en effet, abstenu de s'impliquer sur le sujet, ses dirigeants estimant au fond que c'est l'Etat, en entier, qui est «malade». Larbi Ould Khelifa s'est abstenu de dire que le président sera «bientôt» en Algérie comme l'a fait Mourad Medelci. Il s'est contenté de dire prudemment que le président de la République «sera de retour en Algérie après son rétablissement».