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Cherche hommes désespérément

par Ali Brahimi

Selon les récents propos rassurants des spécialistes et commentateurs, en matière de fonctionnement des institutions, l'Algérie est dans le bon sens bien qu'il y a des notes discordantes dans la progression de ses institutions. En revanche, il y a des contradicteurs qui affirment qu'elle navigue à vue et se dirige tout droit en direction de l'inconnu voire les récifs.

Parmi ces deux ensembles qui se contredisent, continuellement, il existe des sous-ensembles qui, également, se positionnent selon leurs visées respectives et non celles de l'Algérie actuellement assaillie par des dires et les contredits des protagonistes et, qu'à la fin, se redisent et se renient. Ces agissements génèrent des rumeurs et les désinformations de toutes parts. En clair, cela fait dérouter pas mal de personnes. Afin de sortir de cette situation tourmentée, l'Algérie nécessite de la clarté et des hommes capables de se sacrifier pour qu'elle reste toujours debout, vigilante, et la tête haute

Cependant, il serait utile de rappeler que ces divergences ne datent pas d'aujourd'hui. Seulement, cette fois-ci, elles se sont intensifiées du fait qu'elles sont sous l'influence d'événements qui sortent de l'ordinaire. En d'autres termes, la population affiche son inquiétude malgré que certains groupes aient visiblement la tendance de faire dévier sinon atténuer, par tous les moyens, ces angoisses. En vérité, l'Algérie est confrontée à de sérieux problèmes et des dilemmes du fait qu'elle se retrouve, encore une fois, plus qu'avant, à la croisée des chemins.

Donc, contrairement à ceux qui disent qu'elle marche comme sur des roulettes, y compris en l'absence de boussole d'orientation, cela pourrait la mener aux accidents de parcours et qu'elle serait obligée de tout refaire ce qu'elle a déjà entrepris afin de se reformer et continuer le chemin qui lui reste à parcourir. Par voie de conséquence, les controverses extrémistes, du genre tout va bien ou tout va mal, risquent de nuirent sérieusement à la sécurité et la cohésion de l'Algérie.

 Néanmoins, ces débats, ce peut être une revitalisation qui pourrait guider l'Algérie à l'apaisement sous condition que ses enfants se débarrassent des règlements de compte du passé et les inimitiés et les insinuations du présent et surtout de faire barrage aux peurs et hésitations instillées par des groupes politiciens a la recherche effrénée de nouvelles alliances d'intérêts qui fêtent, à chaque occasion, sans vergogne, leur unième million de dollars mal acquis, pendant que des familles de dirigeants aisés soient-ils, qui ont donné leur jeunesse à l'Algérie, traversent des épreuves douloureuses

Au fait, comment peut-on être heureux du malheur des familles, riches ou pauvres, fautives ou non ? A l'évidence, l'Algérie a besoin de stabilité et de tous ses enfants intelligents et capables de fortifier l'unité du peuple et de l'orienter dans le bon sens et non le diviser, comme d'autres souhaitent le faire, et lui compliquer davantage l'existence en ces moments où l'Algérie traverse une période d'incertitudes et d'inquiétudes collectives.

Entre-temps, certains groupes s'immiscent dans l'intimité des gens brisées par les maladies de leurs proches. Il y a des fois que la vie privée des gens dépasse les obligations de celle publique y compris celle des dirigeants. Alors, comment peut-on afficher son insolence et sa vanité face aux désarrois des familles de ces personnalités ?

Vanité, tout n'est que vanité, disait le philosophe Marc Aurèle empereur de Rome. Il disait aussi : « Accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu, comme venant de là même d'où lui-même est venu. Et surtout, à attendre la mort avec une âme sereine sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant. Si donc pour ces éléments eux-mêmes, il n'y a rien de redoutable à ce que chacun se transforme continuellement en un autre, pourquoi craindrait-on la transformation de leur ensemble et sa dissolution ? C'est selon la nature ; et rien n'est mal de ce qui se fait selon la nature.

Certes, personne n'est éternel et ne détient pas la vérité absolue ni d'ailleurs d'aimer l'Algérie plus que les autres. Cependant, l'Algérie a besoin de tous ses enfants capables de l'aimer sincèrement et font des actes de bravoure et de solidarité notamment lorsqu'elle exige la communion de tous. A l'image des braves jeunes femmes martyres, de la révolution armée, Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired?, et tant d'autres hommes et femmes inconnus, qui ont donné les meilleures années de leur jeunesse à l'Algérie.

Warda El Djazaira (la rose d'Algérie), militante et chanteuse solidaire à tout moment avec l'Algérie, décédée au mois des roses (mai), a également aimé dignement et bravement Ya Dzaïr. Cette semaine, une de ces braves femmes, Madame Yasmina Mechakra, médecin et poétesse, est décédée après tant d'années de souffrances morales et physiques. Presque inconnue, elle a courageusement pu tenir tête aux adeptes du mépris de l'intelligence. Fatiguée, après tant d'efforts et de résistances, elle s'est cloîtrée dans le silence pour ne pas se soumettre à l'ignorance fléau de l'Algérie. Des ignares qui ont écrasé tant de femmes et d'hommes intelligents qui, de leur part, n'ont pas pu se débarrasser une fois pour toutes de leurs angoisses. En effet, l'Algérie a besoin de ses enfants qui n'ont pas peur d'affronter l'adversité et ne reculent devant rien pour la protéger contre ceux qui veulent qu'elle soit dans l'indignité et l'infidélité entre ses enfants.

A propos de la dignité et la fidélité face a l'adversité, le poète Alfred de Musset a été subjugué par le silence d'un loup encerclé et blessé à mort par des braconniers. C'est grâce au loup, qui a fait une diversion, afin que la louve et ses louveteaux puissent s'échapper. Observant les yeux du loup léchant son sang, il écrit un poème émouvant (nous aimons le répéter), en s'inspirant du courage du loup agonisant, dont nous citons un fragment : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse, gémir, pleurer, prier est également lâche, fais énergiquement ta longue et lourde tache dans la voie ou le sort a voulu t'appeler puis, après, comme moi, souffre et meurt sans parler »

Il existe aussi des hommes qui n'ont peur de rien, Diogène (v 404-323 av. J-C.), philosophe grec qui s'opposait de façon cynique à l'hypocrisie et la veulerie des gens de son époque, se promenait en plein jour dans les rues d'Athènes, une lanterne a la main, disant être à la recherche d'un Homme. Il avait eu un entretien avec Alexandre le Grand, qui aurait entamé la conversation en disant : « Je suis Alexandre le Grand », ce à quoi le philosophe aurait répondu : « Je suis Diogène le Cynique ». Alexandre lui ayant alors demandé ce qu'il désirait, le philosophe aurait répondu : « Que tu t'ôtes de mon soleil ». Son assurance a fait une telle impression sur Alexandre qu'il se serait éloigné en disant : « Si je n'étais pas Alexandre, j'aimerais être Diogène ». Il est hors de doute qu'il vaut mieux qu'on soit philosophe cynique qu'empereur vaniteux.

En principe, ces maximes assagiraient les gens et pourraient remettrent, dans le droit chemin, certains affairistes ambitieux du pouvoir politico financier. Hélas, ces incorrigibles groupes d'intérêts ne cessent d'avoir plus de foin dans les bottes, des passe-droits, se permettent de diffamer et propager des rumeurs?.et, surtout, d'avoir des privilèges les protégeant, pensent-ils a tort, contre les aléas de la vie. Entre-temps, plus qu'avant, l'Algérie a besoin en urgence qu'elle se ressaisit