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«Entre concentration et vacuité des lieux»: Alger, le Grand Sud et les Algériens du Sud

par  S. K.



Suite et fin

LE SUD: PLUS QU'UNE BOUFFEE D'OXYGENE

Ainsi, non seulement, l'Algérie développera une nouvelle capitale au sud qui verra la migration australe de sa population, mais cela diminuera la tension et l'exode vers Alger, devenue invivable, l'Algérie aura comme d'autres nations, une capitale administrative et politique et Alger comme capitale économique portuaire. Le port de Rotterdam au Pays-Bas, est un des plus grand au monde, mais le pays des moulins, plus petit que la wilaya d'Illizi, a sa capitale, Amsterdam, bien enfouie à l'intérieur. Egalement, pour le plus grand pays de l'hémisphère sud, Sidney demeure plus célèbre que la Capitale Canberra, qui elle, est bien «nichée» à 200 Km des côtes.

 A cet effet, pour le prochain découpage territorial, dont il a été question à plusieurs reprises, au lieu de songer à créer d'autres wilayas au nord, pour devenir presque des circonscriptions, les pouvoirs publics ne devraient-ils pas étudier la possibilité de créer de nouvelles wilayas au sud, du moment que certaines communes dépassent, en matière de superficie, le somptueux Luxembourg ou pour rester dans l'ambiance des dunes, le «puissant» Qatar ? Les communes de Touggourt, de Djanet ou d'Ain Salah, ont le statut pour être hissées en Wilaya, du moins sur la notion de la «surface».

LA MATIERE GRISE : ENTRE L'OR NOIR DES BASSINS ET LE CHLORURE BLANC DES CHOTTS

Territoire vide, abandonné, délaissé et ignoré, dont les habitants sont souvent marginalisés et oubliés, et dont certaines communes ne disposent même pas ou peu d'infrastructures de base ou de médecins spécialistes, les obligeant à parcourir des centaines de kilomètres pour une simple consultation (heureusement que des équipes médicales du nord, se déplacent, bénévolement, de temps à autres, aux régions sud pour soigner et assister les populations locales), pourtant c'est ce sud qui nourrit tout le pays. Nonobstant, pour le souvenir, chaque 13 février, on nous rappelle tristement les effets dévastateurs de l'opération «gerboise bleue» sur les populations de Reggane et des régions environnantes (malformations, enfants handicapés). Sachant que l'aide vient après la catastrophe et comme dit l?adage «A chaque malheur quelque chose est bon», à défaut d'investissements en dehors du Gaz naturel qui réchauffe et nourrit aussi l'Europe sans les nourrir, devrions nous dire, aujourd'hui, que le seul réconfort pour les habitants d'Ain Amenas, après le tragique événement qu'à connu leur ville, est qu'elle est devenue célèbre et surtout bien connue et médiatisée non seulement au niveau national mais à l'échelle... mondiale.

Nos concitoyens du sud méritent-ils un tel sort et un oubli aussi délibéré, alors que nos ingénieux aïeux sudistes, ont mis au point un système civilisateur, arithmétique et surtout social, dans la distribution et l'accès à l'eau basé sur l'équité des richesses hydriques et l'impartialité entre les agriculteurs dans l'irrigation de leurs terres: le système des Foggaras (qui a impressionné et suscité l'intérêt de nombreux savants occidentaux car plus technique par rapport aux systèmes mis en point auparavant par les persans et les chinois). Cette eau, qui rappelons le, encore une fois, sur le plan intérêts géostratégiques constituera la prochaine bataille planétaire. De même, les Mozabites, terme utilisé péjorativement au nord pour désigner un épicier ou un quincaillier, ne symbolisent-ils pas la réussite économique en Algérie ? Pour rappel, Commerçants à la probité proverbiale, discrets, ayant le flair du «bon» business par adaptation au contexte socio-économique national et mondial, les mozabites appliquèrent dés le 18eme siècle, les principes des échanges commerciaux, de l'économie et du Marketing enseignés de nos jours dans les grandes universités du monde. Sans oublier le patrimoine culturel et les arts dont regorge l'Ahaggar développés par les intuitifs Touaregs ; arts, qui malheureusement attirent beaucoup plus l'intérêt des occidentaux que celui de nos concitoyens, et qui selon des universitaires devraient nous renvoyer à des notions comme l'identité et le territoire.

DAROU GOUDROUN FI TIMIMOUN

Cet oubli n'est pas dû uniquement aux dirigeants Algériens, qui pour la majorité d'entre eux, civils ou militaires, ont eu à assumer des responsabilités au sud, et donc à faire face au climat et à la vacuité des lieux et surtout à y résider avec leurs familles pendant de longues années avant d'occuper les hautes fonctions à Alger, l'oubli est dû beaucoup plus au commun des Algériens, et à la prénotion de désert ancrée dans l'esprit de l'Algérien et véhiculée, en même temps, par le système. La métaphore de «traversée du désert» souvent reprise par les spécialistes des médias et de la presse pour désigner la déchéance d'un responsable revenu de loin aux affaires a, quand à elle, influé négativement sur l'Algérien. Quant au sommet des hautes fonctions de l'état, l'affectation d'un cadre vers une wilaya du sud, sonne beaucoup plus comme une sanction par rapport au collègue désigné à Annaba ou Oran, qui, semble être promu. Aussi, dans tous les domaines, en dehors des 48 plaques numérologiques des véhicules, l'Algérien partage son pays en 03 zones : Est, Centre et Ouest oubliant sa grande partie Sud, et heureux le jeune appelé du service national qui pistonné ou chanceux sera affecté dans une région du nord échappant à la fournaise et au néant Saharien, mais cela aurait été la seule occasion pour lui, ainsi que pour les jeunes exemptés de bonne grâce du devoir national, pourtant obligatoire, de bien connaître leur vaste pays. Toutefois, nos jeunes ont peut être raison de penser ainsi, puisqu'on leur a appris que ce «lieu» sert à y concentrer des criminels dans des camps. C'est, entre autres, ce préjugé, que l'état central semble percevoir sur le sud et qui est, par inadvertance, transmit à nos jeunes et non pas celui de Dubaï, de Dallas, de Ryad ou du grand désert de Victoria : ne dit-on pas que le désert n'existe que dans les esprits. Même les infrastructures mises par l'état à la disposition de jeunes médecins spécialistes, les en a dissuadés de s'y installer à cause de cette vacuité.

 Heureusement, qu'hormis la présence de notre armée dans ce grand sud, bien implantée en 03 grandes régions, seuls les radios régionales établies dans les wilayas du Sud, que chacun de nous grâce aux réseaux satellitaires peut écouter, nous rappellent qu'il existe bien une zone méridionale en Algérie. Dans ce même domaine lié à l'information, comme par hasard, après les événements de Tiguentourine, la télévision publique s'est brusquement réveillée de sa léthargie en se rendant compte qu'il y a une minorité qui vit dans cet Eldorado «Algérien» ; elle nous bombarde, ses derniers jours, de reportages sur l'octroi de crédits aux jeunes de Béchar, sur l'organisation d'une conférence à l'université de Ouargla, sur les activités d'une polyclinique à Tindouf et sur le revêtement des routes à Timimoun, nous rappelant le refrain d'antan, repris dans les stades par les jeunes algérois : darou goudroun fi Timimoun : (*ils ont bitumés les chaussées de Timimoun : gouaille chantée par les algérois durant les années 80 pour imiter le folklore Timimouni).

COURRIER DU SUD: QUAND LES «MIRAGES» DEVIENNENT OSTENSIBLES

Il faut au plus vite penser aux antipodes de l'Algérie, rationnellement, sérieusement et officiellement, et aux mécanismes de développement des infrastructures, des industries et surtout l'exploitation des vastes terres, dont les profondeurs regorgent d'eau, cela pour prévenir, dés à présent, l'après pétrole et pourquoi pas, à l'avenir, fournir à la place du Gaz naturel, des céréales à l'Europe; tout en laissant, comme c'est le cas de l'Odyssée d'Homère, le folklore Timimouni, l'enivrement du Tassili et du Hoggar ainsi que la vénération des Zaouïas d'Adrar et Temacine, aux agréments et à la? bénédiction. Sur ce sujet précis, pourquoi le choix ne sait jamais porté sur l'envoûtante ville de Ghardaïa ou la ville aux mille coupoles d'El Oued pour être désignées capitales de la culture arabe ou de la culture Islamique? Même pas ce titre symbolique, ô combien honorifique et pour qui personne n'aurait crié gare si c'était le cas. Et pour revenir au sport roi, de mémoire d'algériens, jamais, l'équipe nationale n'a eu le privilège d'évoluer dans une ville du sud, ne serait ce-que lors d'un match amical ou pour l'enthousiasme de nos jeunes concitoyens du sud.

Les événements tragiques d'In Amenas, doivent nous servir de leçons. La souveraineté nationale vient d'être effleurée; laissons de côté les émotions, il ne s'agit plus de traversée à visée commerciale par des caravanes de chameaux, comme il ne s'agit, non plus, de la passion des récits d'Antoine De Saint Exupéry relatant sa traversée du désert à bord de son avion à hélices, et le vécu de ses sensationnels mirages au Sahara. Aujourd'hui, la réalité est tout autre: la fatuité de l'énigmatique «voyou du désert», a pris la place de l'autorité morale reconnue et de la sagesse de l'Amenokal, les puissantes voitures tout terrain ont remplacées les sacrés camélidés, et les nuées d'avions hypersoniques ont succédés à leur «ascendant» bimoteur de même nationalité, qui leur a montré les couloirs du désert, sauf que les mirages perçus par le petit prince ne sont plus illusoires. (*Courrier du sud : une des principales œuvres de Saint Exupéry, après le «petit prince», relatant sa vie de pilote et ses séjours dans le désert, le livre a été publié en 1930). (Mirage : avion hypersonique français / phénomène optique, d'illusion se produisant au sud)

REHAUSSER LES DISCOURS: DU LYCEE A? L'ACROPOLE EN PASSANT PAR L'ACADEMIE

Notons qu'en Algérie, d'éminents experts communiquent depuis longtemps, qui par écrit dans la presse qui en discourant dans les différentes universités nous éclairant sur des sujets aussi sensibles d'intérêt national, dont l'intérêt du sud. De leur part, s'y référant à leurs analyses et conseils, les professionnels des médias ne cessent d'attirer l'attention de nos responsables, mais y a-t-il personne ou décideur, au sommet du palais, qui puisse seulement ouïr ?

Depuis l'attaque de Tiguentourine, ce lointain sud qui était un sujet académique est devenu, curieusement, sujet des débats et des discours politiques. Notons à cet effet que dans son approche sur l'application et la mise en pratique des discours et des dissertations, le disciple du fondateur de l'académie indique «qu'à chaque discours s'accorde une série de techniques et un temps particulier: * «le passé» pour le discours judiciaire «puisque c'est sur des faits accomplis que porte l'accusation ou la défense», le «présent» pour le démonstratif, «puisqu'il est question des actes passés, présents et des souhaits futurs» et enfin, le «futur» pour le délibératif «puisqu'on envisage les enjeux et conséquences futures de la décision objet du débat»*.

 Pour débattre du principe d'Aristote, juste par négation de ce qu'il a affirmé sur les notions de l'état, du temps, de la surface et du déplacement du «lieu», ce qui est juste et accrédité par la réflexologie philosophique, la prévoyance et la clairvoyance de toutes les autorités Algériennes sont de mise. Ainsi, il est bon de savoir que pour les états développés, les expériences servent à avancer, et les décideurs ont responsabilité de tenir compte des conseils de l'élite et des débats académiques. Pour cela, il faut d'abord que les responsables de l'exécutif, qui eux évoluent beaucoup plus sur le plan politique et administratif de l'Etat, puissent disposer de bons conseillers (chercheurs et académiques maitrisant leurs sujets et le domaine opérationnel) et non pas des recyclés venant, d'un secteur tout à fait différent, beaucoup plus pour le «bon» salaire et les autres avantages que pour apporter un plus aux hauts responsables. Il serait aussi judicieux de bien savoir que les nations développées, avant d'entamer les enjeux politiques, économiques et sociaux du futur et de les mettre en pratique par la suite, s'inspirent de l'histoire des civilisations, des sciences (exactes et humaines) et de? philosophie.

SAUVER L'ALGERIE PAR LE SUD

Pour le moment et dans l'attente de décisions tangibles, les responsables semblent, désormais, prendre conscience de la gravité de la situation, en témoignent les intenses visites des membres de l'exécutif, ses derniers jours, dans toutes les wilayas du grand sud ; mais est-ce suffisant ? S'agit-il d'une bonne volonté des autorités à réhabiliter le grand sud ou plutôt, comme de coutume, d'actions populistes spontanées liées à l'actualité, qui une fois le sirocco passée, l'évidence redevient à son état initial. En tout cas, il n'est jamais trop tard pour bien faire.

 Le «problème» du Sud, si on peut l'appeler ainsi, n'est ni d'ordre politique (la politique se fait au Nord, et on connaît bien que les gens du Sud, qui font rarement de la politique, n'en n'ont cure d'elle), ni d'ordre sécuritaire (puisque les territoires ont toujours été bien gardés par les 03 dispositifs du Sud, sauf que la conjoncture actuelle, après l'attaque de Tiguentourine, nécessite des mesures sécuritaires spéciales), il s'agit d'un problème d'ordre «Social» dû à une mauvaise gestion des territoires. Cette défaillance de gouvernance, est aujourd'hui, exploitée aussi bien de l'intérieur (par les récupérateurs) que par les puissances occidentales, dont les desseins dictés par le concept du «nouvel ordre mondial» sont : la nouvelle carte géographique et les nouveaux territoires.

Experts, décideurs et surtout conseillers, doivent se concerter sur ces volets stratégiques. Des conférences, un congrès national, des comités de réflexions, des assises sur le sud, voire même un référendum ou une décision suprême, peu importe la manière, il faut parer à la «vacuité» des territoires pour préserver l'intégrité de notre pays. Les principes du temps, du territoire et du corps étant capitales, aujourd'hui plus que jamais (étant donné que le Sud Algérien attise l'intérêt et l'appétit des grandes puissance mondiales), en plus de le sécuriser, il est du devoir des hautes autorités du pays de réfléchir et surtout d'anticiper pour sauver notre sud, si on ne veut pas qu'il soit, dans un futur proche, directement ou indirectement colonisé par?d'autres.

Bibliographie :

Lecture : histoire des Etats-Unis d'Amérique ? Corée du Sud, Afrique du Sud- encyclopédie universalis, édition Amazone. L'austral et le boréal.

Les 03 passages marqués du signe (*) ont été tirés du site Internet wikipedia, qui ne répertorie pas nominativement les auteurs des paragraphes, il donne uniquement la liste générale des auteurs ayant participé à la rédaction de l'article. Le ou les auteurs sont donc mentionnés sur le chapitre (notes et références) & dans le chapitre (bibliographie) du site Wikipedia. Lecture : histoire des Etats-Unis d'Amérique ? Corée du Sud, Afrique du Sud- encyclopédie universalis, le petit prince, courrier du sud, édition Amazone. L'austral et le boréal.

n Pour le gaz de schiste et pour la nappe Albienne (source « Le Monde ») : les réserves de gaz non conventionnel algériennes sont aussi importantes que celles des Etats-Unis. L'Algérie possèderait 17 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste, quatre fois plus que ses réserves de gaz conventionnel. Pour l'eau, l'Algérie possède la plus grande réserve d'eau douce dans le monde : « un océan d'eau douce sous le Sahara ». Le problème quelle ressource « souterraine » faudrait-il exploiter et quelle est la vraie ressource visée, autour de ses conflits, aussi bien par la France, les Etats-Unis que par les Chinois : le Gaz de schiste ou l'Eau ?