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Une marche a été organisée hier à Constantine: Disparition mystérieuse de deux enfants

par A. Zerzouri



Choc et consternation marquaient les expressions sur les visages des habitants de la nouvelle ville Ali Mendjeli, particulièrement les résidents de l'Unité de voisinage (UV) n°18, îlot 4, qui ont passé une nuit blanche (du 9 au 10 mars) suite à la disparition mystérieuse dans l'après-midi du samedi de deux enfants, âgés de 7 et 9 ans.

 Alertés par les parents avant la tombée de la nuit à propos de la disparition des deux enfants, les services de sécurité engageront dans la nuit même, mais pas avec une promptitude « souhaitée » par les habitants, un large ratissage dans les alentours des unités de voisinages 18, 19, 13 et 14. Aidés par les familles et les voisins des enfants disparus, ainsi que par la brigade canine, les recherches des services de sécurité n'aboutiront à aucun résultat positif.

 Chose qui a encore accentué l'inquiétude des familles des enfants « enlevés » et parmi les riverains des lieux en général. Cette inquiétude de la population riveraine a été exprimée hier matin lors d'une marche improvisée au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli. Près de 150 personnes ont investi la rue pour dénoncer le climat d'insécurité régnant au niveau de ces unités de voisinages récemment habitées lors des dernières opérations de relogement.

 « Nous voulons le retour des deux enfants et nous demandons une meilleure prise en charge en matière de sécurité », nous a déclaré hier l'un des habitants de l'UV 18 qui a participé à la marche en question et qui nous a confié que les habitants ont observé hier même un sit-in à 3 heures du matin devant le cabinet du wali. Les habitants qui nous ont contactés, hier, brosseront un tableau effrayant de ces nouveaux quartiers encerclés par des chantiers de construction de nouveaux bâtiments et où la délinquance sévit sur une grande échelle dans l'obscurité des nuits mal éclairées. Peu à peu, un climat de psychose s'est installé sur les lieux. « Nous avons peur pour nos enfants, plus personne ne laisse son appartement inoccupé, même pour quelques heures car les cambrioleurs rôdent aux alentours, et à cause d'un éclairage public défaillant, tout le monde évite de mettre un pied dehors dès la tombée de la nuit », se lamentent les habitants de cette unité de voisinage dont le topo ne diffère pas trop des autres unités limitrophes implantées dans la nature, au milieu d'un vaste espace en chantier.

A l'heure où nous mettons sous presse, aucune nouvelle des deux enfants qui ont été selon toute vraisemblance enlevés n'est parvenue aux parents qui vivent sur des charbons ardents. Car, selon des témoignages de leurs copains, un homme a demandé aux deux enfants qui jouaient dans les environs des bâtiments de lui indiquer la direction de l'UV 19, puis il leur a demandé de les prendre avec lui dans son véhicule pour mieux l'orienter, et ils ne donneront plus aucun signe de vie. Pour rappel, s'exprimant au cours d'une récente conférence de presse, le colonel Benaamane a indiqué que les crimes liés aux kidnappings ne «constituent pas un phénomène» et que dans 82% des cas l'enlèvement a pour motif «l'exploitation sexuelle» et «aucun cas de vol d'organes n'a été enregistré». Il a ajouté dans ce contexte que ces enlèvements n'étaient pas «commis par des groupes organisés» et qu'ils relevaient « d'actes isolés». Le même responsable a souligné que durant les cinq dernières années, 147 enlèvements d'enfants ont été recensés par les unités de la gendarmerie nationale tout en relevant que 53 cas parmi les 147 relevaient de «tentatives d'enlèvement», précisant que ce bilan a été enregistré au niveau de 42 wilayas. L'année 2012 a été celle durant laquelle le nombre de cas enregistrés est élevé avec 42 enlèvements d'enfants.