Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le «terrorisme wahhabite» en Syrie

par Y. Mérabet

Le salafisme c'est quoi ?Le salafisme qui prend des proportions alarmantes en Algérie est une mouvance fondamentaliste qui revendique le retour à d'un islam dur plein de châtiments. On dénombre dans notre pays deux autres catégories de mouvances tous deux dangereuses pour la paix sociale: le salafisme «activiste», qui croit à l'action politique, à l'œuvre depuis la création du «printemps arabe», et le salafisme «djihadiste» un partisan de la violence et de rééducation de la population algérienne. C'est dans nos mosquées, par leurs discours moralisateur, égalitaire et anticorruption qu'ils séduisent nos enfants chômeurs et les préparent au suicide. Le salafisme international est puissamment armé et financé par l'Arabie Saoudite et le Qatar. Voyant ce qui se passe en Syrie ?

QUAND LA SYRIE, AGONISE SOUS LE POIDS DU«TERRORISME WAHHABITE»

« Dieu protège-moi de mes amis, car mes ennemis je m'en charge»

Dans cet acharnement saoudien, émirati et qatari sur la Syrie meurtrie, se profile une phobie et une peur de voir leurs peuples réagir négativement à leurs actions contre la Syrie. La vérité est aujourd'hui là ! Une révolte non médiatisée par la presse arabe voir le jour en Arabie Saoudite. La population saoudite minoritairement chiite et «leurs terroristes islamistes Wahhabite» se retournent contre leurs dirigeants pour leur demander aussi la liberté et les réformes qu'elles voudraient imposer aux syriens. Le «printemps arabe» est aussi valide et valable dans le pays du «gardien des lieux saints de l'Islam». De tous les bouleversements apportés par «le printemps arabe », c'est l'agitation persistante dans la province orientale de l'Arabie saoudite, qui abrite une importante minorité chiite, et détient 90% des réserves pétrolières du pays, qui pourrait se révéler être le plus grand bouleversement dans les mois à venir. Quand le prophète Mohammed (QSSL) est mort en 632, les tensions intestinales sur qui devrait diriger la communauté islamique, ont émergé et ont persisté. D'une part, ceux qui étaient en faveur d'une succession ont promu la personne la plus qualifiée sur la base de la sagesse, de la bonne conduite, la dévotion et de la compétence. Ce groupe est connu sous le nom de sunnites.

Les chiites, pour leur part, pensaient que le pouvoir ne peut être exercé que par les membres de la famille du Prophète. Contrairement aux sunnites, ils voyaient la famille et la descendance du prophète Mohammed (QSSL) comme divinement inspirés et infaillibles. Disons qu'Ali était le gendre du Prophète Mohammed (QSSL), et le plus apte à la succession.

Aujourd'hui, la plupart des musulmans du monde sont des sunnites (environ 80%), même certains pays qui prétendent faire partie de la communauté islamique sunnite, le sont que partiellement, mais les chiites sont majoritaires en Iran, en Irak et au Bahreïn, et d'importantes concentrations de chiites vivent au Liban, Koweït, Qatar, Émirats arabes unis, Yémen et, peut-être plus important encore, en Arabie Saoudite.

Leur nombre est estimé à entre 1,5 et 2 millions de personnes, les chiites en Arabie saoudite représentent 10% de la population nationale, et ont connu une discrimination généralisée depuis la fondation du Royaume d'Arabie Saoudite à 1932.

En ce qui concerne le domaine religieux ils ont l'interdiction de pratiquer leur foi en public, ont des restrictions sur la construction de mosquées, et subissent parfois des attaques sur leurs centres d'apprentissage et autres lieux de rassemblement, pourtant tous les deux obéissent à dieu et à Mohammed (QSSL) ? Sur le plan politique, les chiites ont été empêchés d'agir en qualité ministres, sont exclus des forces armées et de la police tandis que la province de l'Est a été gouverné par une administration dominée par les musulmans sunnites (qui forment la majorité de 90% en Arabie Saoudite).

Socialement, ils sont considérés comme des hérétiques par une grande partie de la population, une attitude qui a été encouragée par les clercs ultraconservateurs appartenant à la branche wahhabite de l'islam sunnite qui domine en Arabie Saoudite.

Inspiré par le « Printemps arabe», les manifestants chiites se font de plus en plus entendre en exigeant que les autorités mettent un terme à leur position marginalisée. Les manifestations sporadiques ayant débuté pacifiquement en Février 2011 ont tourné à la violence, plus récemment, au début d'Août dans la ville orientale de Qatif après que des manifestants aient affronté la police. Une douzaine de personnes ont été tuées, ce bilan est relativement faible en rapport à la violence qui a eu lieu en Egypte en Libye, pour ne pas mentionner les massacres en cours en Syrie avec l'aide des sunnites arabes, le conflit pourrait dégénérer, ce qui pose de sérieux défis pour les autorités saoudiennes et l'économie mondiale. L'Arabie saoudite produit actuellement plus de 9 millions de barils de pétrole par jour (environ 12% de la production mondiale). Une perturbation même mineure verrait la flambée des prix du pétrole à des niveaux qui rendraient toute chance de reprise économique mondiale très difficile, voire impossible, à réaliser.

Comme avec les autres manifestations de tension entre sunnites et chiites au Moyen-Orient, rien de tout cela à voir avec de véritables différences religieuses, le fossé s'enracine plutôt du fait de préoccupations politiques.

La présence des chiites remet en cause les fondements wahhabites de l'Etat théocratique qui a servi d'identité obligatoire, reliant les dirigeants saoudiens à l'ensemble de la population. En tant que tel, céder aux demandes chiites menace l'ordre politique.

Le plus important est le facteur pétrole. L'Arabie saoudite est le premier exportateur mondial de pétrole.

L'Etat saoudien a réussi à soudoyer son peuple avec une variété d'avantages en échange de leur obéissance et a ainsi contribué à étouffer toute révolte potentielle au cours des années.

Après la chute de Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte, les dirigeants saoudiens ont annoncé un programme de dépenses de 130 milliards de dollars qui seraient utilisés pour augmenter les salaires des employés du gouvernement, premier employeur du pays et construire 500.000 logements pour les pauvres.

La demande de mettre fin à la discrimination chiite, au moins du point de vue des dirigeants saoudiens, est considérée comme une tentative déguisée pour contrôler la province de l'Est et son pétrole. Ce point de vue persiste malgré le fait que les récentes manifestations n'ont pas insisté sur le désir d'autonomie (même si certains militants chiites ont proposé des réformes dans le passé, comme une constitution et une assemblée législative de la province de l'Est).

Sans surprise, les autorités saoudiennes n'ont rien fait pour changer le statu quo et ont continué à investir des milliards dans l'équipement militaire, des avions de chasse et des chars, qui pourrait être utilisé pour réprimer une rébellion. Bien que l'opposition chiite soit faible, elle a également une carte en main potentiellement dévastatrice: l'accès aux réseaux d'oléoducs vitaux qui pourraient facilement être attaqués si leur sort reste inchangé. Si et quand cela arrivera, il y aura plus à perdre que la hausse du prix du pétrole.

Les dictateurs arabes sunnites continuent encore à souffler sur le feu de braises, après la Tunisie, l'Egypte, le Yémen, c'est maintenant le tour de la Syrie multiconfessionnelle, maintenant Un vent mauvais continue de souffler sur le pays des chams. C'est la Syrie qui est maintenant sous la bourrasque du vent sunnite. Le monde sait que Bachar El-Assad est la dernière charnière à faire sauter pour lancer le monde arabo-musulman dans une guerre punique contre les minoritaires de «l'Islam radical«. Nos cousins les juifs et les occidentaux ont soufflé sur les braises des révoltes arabes en Libye et en Egypte, sans que les sunnites sachent savoir ce qu'ils faisaient.

Ils ont agit par romantisme, sous l'effet d'une émotion. Du jour au lendemain ils ont tourné le dos et même pris les armes contre leurs frères musulmans et pouvoirs en place, qu'ils avaient pourtant courtisée durant des décennies. Il est toujours tentant de prendre le parti de ceux qui manifestent contre le régime autoritaire des sunnites , de ceux qui se révoltent contre les injustices et la pauvreté, de ceux qui mépris l'Islam radical et minoritaire. Partout, on trouve toujours une majorité pour contester le pouvoir. Il s'agit souvent d'une masse hétéroclite qui ne partage qu'un seul but commun: renverser le pouvoir. Mais après ? Il y a toujours un après, comme nous sommes en train de le constater en Tunisie, en Lybie et en Egypte où les islamistes ont hérité du pouvoir. Lors de toute révolte ou de toute révolution, il faut toujours se demander : qui est en embuscade ? A qui va profiter le vide du pouvoir ? Les islamistes sont eux mêmes parcourus par des courants plus ou moins intégristes, mais il y a toujours un grand danger de voir le religieux se mêler de politique.

Les mouvements religieux sont, en effet, toujours tentés par une idéologie dogmatique, incompatible avec la liberté. Il y a fort à craindre, qu'après avoir connu des régimes autoritaires laïcs, la Lybie, et surtout l'Egypte, héritent de régimes théocratiques qui tournent le dos à la modernité.

Les pouvoirs en place à Tunis, à Tripoli ou au Caire n'étaient pas parfaits, mais ils laissaient un peu d'air au peuple. Nous pouvons craindre que les islamistes, s'ils se laissent aveugler par leurs dogmes, asphyxient totalement les citoyens.

LE TRIOMPHE DU CROISSANT CHIITE AU MOYEN-ORIENT

Pour tenter de comprendre ce qui se passe à Damas, en Syrie, il est nécessaire de rappeler l'animosité, pour ne pas dire la haine, entre les deux grands courants qui traversent le monde musulman : d'une part les sunnites, très largement majoritaires, qui dominent l'Arabie Saoudite et l'Egypte ; d'autre part les chiites, majoritaires en Syrie, et qui représentent 90% des musulmans d'Iran. Le Hezbollah Libanais est aussi d'obédience chiite. Or, l'Iran et la Syrie sont des alliés stratégiques et politiques. Par conséquent, tout ce qui affaiblit la Syrie, affaiblit l'Iran! Nous assistons donc à une alliance de fait entre l'occident et les monarchies sunnites de L'Arabie Saoudite et du Golfe qui n'ont rien de démocratiques. Les uns et les autres rêvent d'abattre l'Iran.

Les media occidentaux relayent sans réfléchir les informations en provenance de la chaîne de télévision Al Jazeera au Qatar, lui aussi Sunnite. L'Afrique du Nord qui est d'obédience sunnite, elle aussi est complice avec l'Arabie Saoudite contre le croissant moyen-oriental chiite.

Ce qui se passe en Syrie n'est pas le combat du bien contre le mal, comme voudraient nous le faire croire les media occidentaux. Il s'agit d'une guerre civile, avec des arrières pensés religieuses, et manipulée de l'étranger par des apprentis sorciers. Nos media oublient de dire qu'au moins la moitié de la population Syrienne ne désire pas le départ du président Bachar El-Assad et a peur de ceux qui prendront le pouvoir. Il faut être singulièrement naïf pour croire que ceux qui en Syrie ont pris les armes contre le pouvoir veulent y installer la démocratie. Qui leurs procurent des armes ? Les islamistes sunnites sont en embuscades et cueilleront le pouvoir comme un fruit mûr. Les chrétiens, encore influents en Syrie, y seront persécutés?

A l'époque de l'Empire Ottoman, le meurtre d'un Persan chiite était plus méritoire que celui de 70 chrétiens ! Qui est derrière les rebelles Syriens?

Dès les débuts de la révolte en Syrie, les puissances occidentales faisant partie du NATO et les arabes du Golfe d'obédience sunnite conduisent une entreprise de déstabilisation de la Syrie. Plusieurs milliers de mercenaires se sont infiltrés dans le pays.  Recrutés par des officines de l'Arabie saoudite et du Qatar au sein des milieux extrémistes sunnites, ils sont venus renverser «l'usurpateur alaouite « Bachar el-Assad et imposer une dictature d'inspiration wahhabite. Ils disposent du matériel militaire le plus sophistiqué, incluant des systèmes de vision nocturne, des centraux de communication, et des robots de combat urbain. Soutenus en sous main par les puissances de l'OTAN, ils ont en outre accès aux renseignements militaires indispensables, notamment des images satellites des déplacements des troupes syriennes, et des interceptions téléphoniques. Cette opération est présentée mensongèrement au public occidental comme une révolution politique écrasée dans le sang par une dictature sans pitié. Bien sûr, ce mensonge n'est pas universellement accepté. La Russie, la Chine et les États américains membres de l'ALBA le récusent. Chacun dispose en effet d'expériences historiques qui leur permettent de comprendre rapidement ce qui est en jeu.

Les Russes pensent à la Tchétchénie, les Chinois au Xinkiang, et les Américains à Cuba et au Nicaragua. Dans tous ces cas, au-delà des apparences idéologiques ou religieuses, les méthodes de déstabilisation de la CIA étaient les mêmes. Groupe d'opposants au gouvernement syrien, appartenant à la nébuleuse communément appelée «armée syrienne libre».Le plus étrange dans cette situation est d'observer les médias occidentaux s'auto-persuader que les salafistes, les wahhabites et les combattants de la mouvance Al-Qaïda sont épris de démocratie, alors que ces derniers ne cessent d'appeler sur les chaînes satellitaires saoudiennes et qataries à égorger les hérétiques alaouites et les observateurs de la Ligue arabe. Peu importe qu'Abdelhakim Belhaj (numéro 2 d'Al Qaida et actuel gouverneur militaire de Tripoli, Libye) soit venu personnellement installer ses hommes au Nord de la Syrie, et qu'Ayman Al-Zawahiri (numéro 1 d'Al-Qaïda depuis la mort officielle d'Oussama ben Laden) ait appelé au jihad en Syrie, la presse occidentale poursuit son rêve romantique de révolution libérale.

Le plus ridicule, c'est d'entendre les médias occidentaux répéter servilement les imputations quotidiennes de la branche syrienne des Frères musulmans diffusant des dépêches sur les crimes du régime et ses victimes, sous la signature de l'Observatoire syrien des Droits de l'homme.

Et d'ailleurs, depuis quand cette confrérie de putschistes s'intéresse t-elle aux Droits de l'homme ? Ayman Al-Zawahiri, numéro 1 d'Al-Qaïda depuis la mort officielle d'Oussama ben Laden, a appelé au jihad aux côtés des Occidentaux pour faire tomber le régime Baassiste syrien.

Il aura suffi que les services secrets occidentaux mettent en scène un fantoche « Conseil national syrien», avec pour président un professeur de la Sorbonne et pour porte-parole la maîtresse de l'ancien patron de la DGSE, pour que des « terroristes» deviennent des « démocrates «. En un tour de main, le mensonge est devenu vérité médiatique. Les personnes enlevées, mutilées et assassinées par la Légion wahhabite sont devenues dans la presse des victimes du tyran. Les conscrits de toutes confessions qui défendent leur pays face à l'agression sectaire sont devenus des soldats alaouites opprimant leur peuple. La déstabilisation de la Syrie par des étrangers est devenue un épisode du « Printemps arabe». L'émir de Qatar et le roi d'Arabie saoudite, deux monarques absolus qui n'ont jamais organisé d'élections nationales dans leurs pays et embastillent les contestataires, sont devenus des chantres de la révolution et de la démocratie. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis, qui viennent de tuer 160 000 Libyens en violation du mandat qu'ils avaient reçu du Conseil de sécurité, sont devenus des philanthropes responsables de la protection des populations civiles. Etc.

Cependant la guerre de basse intensité que la presse occidentale et du Golfe dissimule derrière cette mascarade a pris fin avec le double veto russe et chinois du 4 février 2012. L'OTAN et ses alliés ont été sommés de cesser le feu et de se retirer, au risque d'assumer une guerre régionale, voire mondiale. Le président syrien Bashar al-Assad et le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov le 7 février à Damas.

Le 7 février, une importante délégation russe, incluant les plus hauts responsables du renseignement extérieur, est arrivée à Damas où elle a été accueillie par une foule en liesse, certaine que le retour de la Russie sur la scène internationale marquait la fin du cauchemar. La capitale, mais aussi Alep, la seconde ville du pays, pavoisaient aux couleurs blanc, bleu, rouge, et défilaient derrière des banderoles écrites en cyrillique. Au palais présidentiel, la délégation russe a rejoint des délégations d'autres États, notamment de la Turquie, de l'Iran et du Liban. Une série d'accords a été conclue pour le retour à la paix. La Syrie a restitué 49 instructeurs militaires faits prisonniers par l'armée syrienne. La Turquie est intervenue pour faire libérer les ingénieurs et les pèlerins iraniens enlevés, y compris ceux qui étaient détenus par les Français (au passage, le lieutenant Tlass qui les séquestrait pour le compte de la DGSE a été liquidé). La Turquie a cessé tout soutien à l' « Armée syrienne libre », a fermé ses installations (hormis celle située sur la base de l'OTAN à Incirlik), et a livré son chef, le colonel Riad el-Assad.

La Russie, qui s'est porté garante des accords, a été autorisée à réactiver l'ancienne base soviétique d'interception du mont Qassioum.

Le lendemain, le département d'État des États-Unis a informé l'opposition syrienne en exil qu'elle ne devait plus compter sur une aide militaire US.         Comprenant qu'ils ont trahi leur pays pour rien, les membres du Conseil national syrien sont partis en quête de nouveaux sponsors. L'un d'entre eux allant même jusqu'à écrire à Benjamin Netanyahu pour lui demander d'envahir la Syrie.

Déploiement de l'armée libanaise lors de son opération au nord du pays.

Après un délai de deux jours nécessaire à la mise en œuvre des accords, les armées nationales non seulement de la Syrie, mais aussi du Liban, ont donné l'assaut des bases de la Légion wahhabite. Au Nord du Liban, un gigantesque arsenal a été saisi à Tripoli et quatre officiers occidentaux ont été faits prisonniers dans le Akkar dans une école désaffectée de l'UNRWA transformée en QG militaire. En Syrie, le général Assef Chawkat en personne a commandé les opérations. Au moins 1 500 combattants ont été faits prisonniers, dont un colonel français du service technique de communication de la DGSE, et plus d'un millier de personnes ont été tuées. À ce stade, il n'est pas possible de déterminer parmi les victimes combien sont des mercenaires étrangers, combien sont des Syriens collaborant avec les forces étrangères, et combien sont des civils pris au piège de la ville en guerre ?