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Le patron du groupe revient sur les scandales : Sonatrach est «entre de bonnes mains»

par Moncef Wafi

Après la déclaration de son ministre de tutelle et les avertissements présidentiels, c'est au tour du Président-directeur général de la Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, de se prononcer sur les derniers scandales de corruption liés à la gestion de la compagnie nationale des hydrocarbures. Lors de son passage, hier matin sur les ondes de la Radio chaîne 3, le PDG de Sonatrach a été un peu plus prolixe que Youcef Yousfi ou encore le Chef de l'Etat sur le sujet en les condamnant dans un premier temps. Mettant en exergue la solidité de la compagnie, il précisera que ces affaires restent «des agissements individuels que la Sonatrach combattra», épargnant par là le mode de gestion de la compagnie en voulant rassurer quelque part le reste de l'Algérie. «La société est entre de bonnes mains», dira-t-il, même si à l'avenir, et pour lutter contre toutes les formes de corruption et des pratiques frauduleuses, une batterie de mesures a été mise en place. Selon M. Zerguine, ces mesures passent forcément par renforcer le contrôle interne de la compagnie et superviser la passation des marchés.    La fonction audit a été ainsi confortée au sein du groupe, en la rendant indépendante des organigrammes usuels de Sonatrach, a précisé le PDG. M. Zerguine, qui s'exprimait à l'occasion du 42e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, est revenu sur l'attaque terroriste du 16 janvier dernier qui a visé le complexe gazier de Tiguentourine et plus précisément sur les mesures à prendre pour le renforcement de la sécurité des sites énergétiques isolés après un diagnostic de l'ensemble du dispositif qui avait permis de relever certaines insuffisances. Le PDG de la Sonatrach a évoqué, comme l'une des solutions préconisées, «l'armement du personnel sur les sites reculés». Aux lendemains de l'attaque du site gazier d'In Amenas, Tiguentourine, par un commando islamiste et la tentative de sabotage du gazoduc de Bouira, Sonatrach avait planché sur une nouvelle stratégie de défense de ses infrastructures. M. Zerguine avait annoncé, alors, à la Radio nationale que Sonatrach réfléchit sur de nouvelles mesures pour sécuriser ses sites pétroliers et gaziers. Cette réflexion sera en concert avec les services de sécurité, a-t-il ajouté. Rappelons que suite à la prise d'otages d'In Amenas, le Japon, qui a perdu dix de ses concitoyens employés sur place par la société nippone Japan gaz corporation, a évoqué le renforcement de la sécurité de ses travailleurs au même titre que certaines compagnies étrangères opérant en Algérie qui ont proposé d'assurer la sécurité de leurs travailleurs et équipements à l'intérieur des installations qu'elles exploitent. La réaction d'Alger ne s'est pas fait attendre puisque le ministre de l'Energie et des Mines s'est montré ferme en déclarant que pour l'Algérie «il n'est pas question d'accepter des forces de sécurité extérieures» pour sécuriser les installations pétrolières et gazières dans le sud du pays. «L'Algérie dispose des moyens nécessaires pour assurer la sécurité de ses installations énergétiques», dira-t-il en substance, ajoutant que la sécurité allait être renforcée. Par ailleurs, et abordant les autres aspects de la compagnie, son PDG a annoncé qu'elle prévoit de tripler le budget réservé à l'exploration en vue d'augmenter le potentiel énergétique national, que ce soit en ressources conventionnelles ou non conventionnelles. M. Zerguine, qui a souligné l'effort d'exploration consenti depuis quelques années, estime que les découvertes enregistrées restent «modestes» ne contribuant qu'à hauteur de 30% de la consommation domestique annuelle. Il a relevé, en outre, l'augmentation sensible de la consommation nationale du gaz qui n'est pas rationalisée, selon lui. «Notre production de gaz est de 80 milliards de m³, nous exportions 60 milliards de m³. Nos exportations de gaz sont en train de diminuer, c'est une réalité, car nous privilégions toujours la consommation nationale, mais nous considérons que la consommation nationale n'est pas rationalisée», a-t-il regretté. Quant aux capacités nationales de raffinage, il dira qu'elles seront augmentées pour faire face à la demande nationale en produits pétroliers. Ainsi et avec la réhabilitation de la raffinerie d'Arzew, les capacités nationales de raffinage seront portées à 27 millions de tonnes contre 22 millions de tonnes actuellement. Le PDG de la Sonatrach annoncera également la réalisation de 4 nouvelles raffineries de 5 millions de tonnes chacune et qui devront entrer en production à partir de 2016 et 2017. Une autre raffinerie de 10 millions de tonnes est en projection, a encore ajouté le premier responsable de la compagnie et également la réalisation d'un port en offshore. Par ailleurs, 48.000 tonnes d'urée produites par Sonatrach en association avec le groupe Orascom, sont mises sur le marché national avec des prix défiant toute concurrence. «Nous les offrons à nos paysans à 30.000 dinars la tonne contre plus de 50.000 dinars la tonne sur le marché», a souligné le PDG de la Sonatrach.