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Razzi Hammadi, président du groupe d'amitié France-Mali: «Une situation d'urgence incontournable»

par Pierre Morville

Razzi Hammadi en né en 1979, d'un père algérien et d'une mère tunisienne. Il est un très jeune député de la Seine Saint-Denis et président du groupe d'amitié France-Mali

Le Quotidien d'Oran.: la France a reçu un appui international significatif mais elle agit seule. De qui peut-elle attendre un soutien plus engagé dans son intervention militaire ?

Razzi Hammadi: La MISMA se met en place avec la participation de la plupart des pays membres de la CEDEAO. L'Algérie coopère par la surveillance de ses frontières et à ouvert son espace aérien à nos avions. Les Etats-Unis, l'Angleterre l'Allemagne ont apporté une aide logistique. Mais ce qui importe le plus, est le respect de la résolution 2085 de l'ONU. L'isolement est apparent, comme l'a démontré lundi, la tenue du Conseil de sécurité ou une grande majorité des membres ont apporté leur appui à l'initiative française. Il fallait en effet tout faire pour éviter que Bamako ne tombe dans les mains des groupes islamistes extrémistes.

Q.O.: On a pourtant noté le grand silence de Madame Merckel?

R.H: Il faut dans cette affaire tenir compte d'une certaine tradition allemande de réticence vis-à-vis de toute intervention militaire, et plus particulièrement en Afrique. Toutefois, le ministre allemand des Affaires étrangères et celui de la Défense ont confirmé ces jours derniers leur apport tant sur le plan logistique que médical.

Q.O.: François Hollande est actuellement en visite dans les pays du Golfe. Pensez-vous qu'il pourra à cette occasion infléchir la position de pays comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar dont on dit qu'ils avaient apporté un soutien aux mouvements du Nord-Mali ?

R.H: Ce sont des rumeurs et elles n'ont pas été confirmées. La France ne peut pas fonder son action internationale sur la base de rumeurs. Par ailleurs, le calendrier du déplacement de François Hollande était prévu de longue date?

Q.O.: Jusqu'à la fin décembre, on pouvait espérer que l'option diplomatique puisse prévaloir. Comment expliquez-vous cette brusque aggravation ?

R.H: L'offensive des troupes islamistes d'Ansar Eddine, du Munja, de l'Aqmi ont créé une situation d'urgence incontournable. Il fallait tout faire pour que Bamako ne tombe pas sous le joug des troupes fondamentalistes.

Par ailleurs, il est important de souligner que l'un des plus importants mouvements Touaregs du Nord-Mali, le MLNA s'est dissocié courant décembre d'une émancipation du Nord-Mali mêlant extrémisme religieux et trafic de drogue. En réagissant rapidement, la France a peut-être recherché un effet de surprise mais elle reste sur le fond parfaitement en cohérence avec la résolution de l'ONU.

Q.O.: Vous êtes président de l'association du groupe d'amitié France-Mali et Montreuil, la principale ville de votre circonscription abrite une très importante communauté malienne. Quelles sont les réactions au sein de celle-ci ?

R.H: Montreuil compte en effet une communauté d'environ 10 000 citoyens maliens ou Français d'origine malienne. Nous avons reçu lundi soir, avec le ministre malien des affaires étrangères, M. Tieman Coulibaly, de nombreux représentants nationaux de cette communauté. Tous suivent l'actualité de très près et sont très inquiets pour leur famille ou amis restés au pays. Parmi les Montreuillois rencontrés, je n'ai pas entendu de voix soutenant les salafistes. Pour l'essentiel, les réactions sont mitigées. Le soulagement est palpable mais beaucoup émettent des craintes sur l'avenir. Il est vrai que dans les mois qui ont précédé, beaucoup de Maliens, au Mali comme en France, se sont sentis isolés, seuls au monde.