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DES PISTES POUR L’ECONOMIE AMERICAINE

par Akram Belkaid, Paris

Comment relancer l’économie américaine, la première du monde, même si elle commence à être talonnée de près par celle de la Chine ? Dans un article publié par Time, la journaliste Rana Foroohar fait le point sur les débats et pistes du moment (*). Le cœur du problème est le suivant : les Etats-Unis ont besoin d’une croissance annuelle de 3% pour créer suffisamment d’emplois et pour augmenter les recettes fiscales. Actuellement, le taux moyen constaté n’est que de 2%, cela dans une conjoncture marquée par un important déficit budgétaire et une augmentation constante de la dette.
 
PRODUCTIVITE, ATTRACTIVITE ET FISCALITE
 
Comme première solution, l’article avance l’idée de la nécessité de poursuivre les efforts en matière d’amélioration de la productivité. Pourtant, ce thème divise. A force de faire des gains de productivité, on aboutit à la baisse des effectifs, ce qui aggrave le chômage, notamment celui des non diplômés. Mais, dans le même temps, l’article esquisse une variante du discours habituel sur ce thème. Il s’agirait ainsi de faire en sorte de réduire le temps de travail du personnel (faire plus vite et mieux) pour permettre à ce dernier de consommer plus et d’avoir des loisirs, ce qui est une autre manière de faire tourner l’économie. On n’en est pas encore là, mais on peut se demander si l’Amérique ne va pas découvrir les vertus de la réduction du temps de travail à la française…
Une autre idée examinée par l’article est la réforme des lois américaines concernant l’investissement étranger. On le sait, le phare du libéralisme mondial n’est pas aussi ouvert qu’on ne le croit aux capitaux étrangers surtout quand ils proviennent de pays émergents -ou rivaux- et qu’ils visent des secteurs jugés stratégiques. On se souvient des déconvenues de Dubaï Port, candidat malheureux au rachat de plusieurs ports américains ainsi que des difficultés récurrentes que rencontrent les groupes pétroliers chinois pour acquérir des entreprises américaines notamment dans le secteur des hydrocarbures non conventionnels. Moins de contraintes et de formalisme, c’est la garantie que plusieurs milliards de dollars seront investis avec ce que cela entraîne comme emplois créés. Reste à convaincre un Congrès toujours susceptible de succomber aux sirènes protectionnistes.
Autre piste, celle de la simplification fiscale. Contrairement à une idée reçue, la fiscalité américaine n’a rien d’évident. C’est une jungle où se mêlent niches, abattements divers et autres exceptions. Le maquis est tel que la profession de conseiller fiscal est l’une de celles qui ne connaissent pas la crise. Cela entrave donc le «business» et crée de véritables obstacles à la création de petites et très petites entreprises. C’est cela aussi qui décourage les investisseurs étrangers qui préfèrent se rabattre vers des pays moins regardants et donc plus accueillants.
 
FORMATION ET ENTREPRISES, LA DIVERGENCE SUBSISTE
 
A la lecture de l’article en question, on réalise que, finalement, les Etats-Unis sont à la recherche d’une nouvelle révolution économique, à l’image de celle des nouvelles technologies dans les années 1990. C’est tellement vrai que l’on voit resurgir d’anciens débats que l’on croyait propres aux pays en développement. C’est le cas par exemple du décalage entre la formation universitaire et les attentes et besoins du monde de l’entreprise. C’est aussi le cas de l’absence d’information globale confrontant à un moment donné les compétences existantes et les offres d’emploi. Aux Etats-Unis, l’idée d’une agence nationale de lutte contre le chômage commence à faire son chemin -cela à l’heure où l’Union européenne envisage la création d’une agence européenne pour l’emploi-, mais nombreux sont ceux qui considèrent que l’Etat est inefficace dans ce genre d’activité et qu’il vaut mieux laisser le soin à des ONG voire à des entreprises privées de s’en occuper.
 
(*) How to grow, Time daté du 21 janvier 2013.