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Conflit israélo-arabe : Ce dont ont besoin les Palestiniens

par Ghania Oukazi

Les Nations unies ont fêté leur journée le 24 octobre dernier sans pour autant reconnaître leur incapacité à résoudre des conflits qui risquent d'exterminer des peuples entiers. Ghaza la martyre palestinienne se fait encore une fois bombarder par l'armée israélienne sous les regards de la communauté internationale. Pis, les Palestiniens sont encore une fois présentés comme étant un peuple qui a faim, soif et froid et qui a, par conséquence, besoin d'aides humanitaires.

Les citoyens du monde se préparent alors à leur faire acheminer des convois de victuailles, de vêtements et de médicaments pour les aider à survivre aux bombardements de l'armée la plus moderne et la plus criminelle au monde. Qu'ils soient arabes ou occidentaux, ces citoyens ont lancé leurs appels aux aides et se préparent à diriger leurs caravanes vers Rafah, aux frontières égyptiennes pour atteindre les populations ghazaouies. L'Algérie ne se fait pas prier pour en faire partie. Ceux des citoyens algériens, institutionnalisés ou pas, qui ont l'habitude de mener de telles activités, se préparent d'ores et déjà à s'organiser en une caravane d'aides pour les faire parvenir aux Palestiniens. Le convoi démarrera en principe le 8 décembre prochain et séjournera à Ghaza pendant trois jours. Les partis politiques se mettent comme toujours de la partie avec à leur tête le MSP et l'un de ses leaders, Abderrezak Mokri, qui a toujours pris à cœur ce genre de militantisme.

Il est impératif de toujours préciser, comme souvent noté dans ces colonnes, que la question palestinienne n'est pas une question humanitaire mais bien de décolonisation. Les Palestiniens vivent depuis 1948 une colonisation des plus abjectes. Israël est un Etat terroriste qui se moque des conventions internationales. Armé jusqu'aux dents par les puissants de ce monde, Israël bombarde et torture des Palestiniens qui n'ont depuis leur colonisation que la pierre de la fronde pour se défendre. Créée en remplacement de la Société des Nations qui n'a pas réussi à empêcher le monde d'entrer en guerre - la deuxième guerre mondiale -, l'Organisation des Nations unies a elle aussi failli à sa mission d'instaurer la paix et la sécurité pour les peuples. Son secrétaire général a fêté la journée des Nations unies dans un monde profondément désuni.

Il est inadmissible que ceux qui doivent «fabriquer» la paix des peuples, soient mis au pas par les détenteurs du veto. Mis à part donc la fronde et la pierre que leurs enfants jettent sur les blindés israéliens, les Palestiniens n'ont que les yeux pour pleurer leurs morts sous le silence complice du monde qu'on désigne indécemment de libre. Ce monde que représentent les pays occidentaux, réclame depuis plusieurs mois la destitution de Bachar El-Assad et affirme avoir armé ses opposants pour y arriver. C'est ce qui a été d'ailleurs fait avec les opposants de Saddam Hussein, de Hosni Moubarak, de Maâmara Kadhafi, de Zine El Abidine Ben Ali et autres de Abdallah Salah, le président du Yémen, sous le prétexte fallacieux de vouloir « démocratiser et libérer des peuples des régimes dictatoriaux». Le comble est que ces faiseurs de démocratie ont agi en toute impunité sous couvert de l'ONU. Ils ont réussi à émietter des sociétés entières sans pour autant mettre fin aux régimes dictatoriaux qui les dirigeaient.

Mieux encore, l'ONU a décidé de faire adopter la résolution 2071 pour obliger les Africains à prendre les armes et libérer le Nord-Mali. En parallèle, elle défend à qui voudrait penser le faire de donner des armes aux Palestiniens pour libérer leur terre. L'on s'interroge alors au nom de quelle morale les Palestiniens restent-ils éternellement maintenus à l'état végétatif alors que leur cause est de se libérer du joug colonial. Les seuls responsables qui ont l'audace de dire haut et fort que les Palestiniens ont besoin d'armes et non d'aides humanitaires, ce sont les Iraniens. C'est d'ailleurs pour casser cet esprit frondeur que les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, pour ne citer que ces pays, ont manœuvré pour faire admettre aux Etats arabes que l'Iran est leur seul ennemi.

Face à ces exactions légalisées, l'ONU s'allie même au monde occidental pour plaider la légitime défense en faveur d'Israël. Les nombreuses résolutions que Arafat alors responsable de l'OLP a réussi à arracher aux pays membres des Nations unies pour consacrer le droit à la vie à son peuple, n'ont jamais été exécutées. Face à ce désastre, les chefs des Etats arabes se confinent dans un mutisme désolant et humiliant. La peur d'être exécutés sur la place publique ou d'être renvoyés de leurs propres pays les oblige à se tenir dans une position d'aplaventrisme honteux.