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Gaz de Schiste : Le jeu vaut-il la chandelle ?

par Z. Mehdaoui

Le débat sur l'extraction du gaz de Schiste est presque devenu à la mode ces dernières années. Alors que certains experts soutiennent que ce gaz, non conventionnel,est une alternative aux autres énergies fossiles, de plus en plus de voix s'élèvent, pour mettre en garde sur les conséquences dramatiques dans les nappes phréatiques du fait de l'extraction de ce gaz.

Entre 5.000 et 20.000 m3 d'eau sont nécessaires à cet effet, pour la fracturation d'une seule roche, afin d'extraire le gaz, a affirmé hier l'ancien PDG de Sonatrach, Nazim Zouioueche. Ce dernier, invité à une rencontre organisée au siège de «Maghreb émergent», par le réseau algérien des médias pour l'économie verte et l'environnement (RAMEVE), soutient que seul 5% de ce volume d'eau sont ensuite récupérables.

Autre accroc,le prix d'extraction du gaz de Schiste. Se basant sur l'expérience américaine, l'ancien patron de Sonatrach soutient que le coût est de 7 dollars le million de BTU, alors que le gaz naturel est vendu sur le marché à peine à trois dollars. En Pologne, où d'énormes réserves sont découvertes, le coût de revient de l'extraction de ce gaz, est estimé à 13 dollars le million de BTU.

Où est donc l'intérêt de l'Algérie dans tout cela ? Pour M Nazim Zouioueche il faut rester en mode veille, sachant que tôt ou tard l'Algérie,dont les besoins en énergie électrique augmentent chaque année, aura besoin du gaz de Schiste, afin de produire de l'électricité pour sa propre consommation.

«C'est la fracturation hydraulique de la roche qui pose le plus grand problème» estime l'ancien responsable de Sonatrach qui souligne qu'il n'existe pour l'heure aucune autre technologie.

M Zouioueche qui rappelle, que seuls les américains détiennent cette technologie, affirme que pour ce qui est de l'Algérie, le coût du forage et d'extraction de ce gaz sont beaucoup plus élevés sans parler des conséquences environnementales.

Le gaz de Schiste n'est pas seulement disponible au niveau du Sud-ouest mais également au nord du pays, ajoute l'ancien PDG de Sonatrach qui conseille d'estimer dès aujourd'hui nos capacités.

Il faut savoir que les USA ont foré jusqu'ici plus de 55 000 puits, pour extraire ce gaz non conventionnel. La technologie d'extraction du gaz à l'horizontal a existé depuis des décennies aux Etats unis mais n'a été révélée par ce pays qu'en 2008. Les premiers puits ont été réalisés par de petites compagnies américaines indépendantes puis subitement de grandes multinationales s'y intéressent.

Certains observateurs suspectent que ce regain d'intérêt pour le gaz de Schiste est en fait une simple campagne pour vendre une technologie détenue exclusivement par l'oncle Sam.

Pour l'ancien PDG de Sonatrach, la solution pour ce qui est du cas de l'Algérie est de développer le solaire hybride.

«L'énergie renouvelable, c'est la solution définitive» dira M Zouioueche, en expliquant qu'il faut dès maintenant développer le solaire pour les besoins intérieurs qui augmentent chaque année de 8% et pourraient même atteindre 13% avec le développement de l'industrie dans notre pays.