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La pensée arabe entre poids du passé exigences modernes et souci d'authenticité

par Mohamed Ghriss *



«Les modernistes aussi bien que les traditionalistes ont lamentablement échoué !», c'est le constat sans équivoque que l'éminent philosophe libanais Ali Harb a dressé à propos de la scène intellectuelle arabe lors d'une conférence organisée dans le cadre des activités du 14e Salon International du Livre d'Alger en 2009.

Le philosophe qui s'était longuement consacré à l'étude de la question, déclarera notamment dans une interview à El Watan : «Les modernistes parlent de la crise de la modernité dans le monde arabe. Ils reprochent toujours aux autres d'en être la cause. La crise de la modernité se situe dans la pensée et la vision des modernistes eux-mêmes. La société arabe se modernise par elle-même dans tous les secteurs : entreprises, banques, bâtiments, télévisions, presse?sans théorie. Ceux qui ont perdu le pari sont les gens de la modernisation. Ils ont échoué parce qu'ils se sont comportés avec la modernité comme s'il s'agissait d'une religion. Ils l'ont sacralisée comme les traditionalistes l'ont fait pour le Texte. C'est la principale faillite. Ils ont transformé les concepts de démocratie, de rationalité et de liberté en une religion moderne et nouvelle. Les modernistes autant que les traditionalistes ont échoué. Les deux puisent leurs ressources dans une pensée unique, sélective, fermée, absolue et agressive. Le bilan est là: les modernistes sont à la marge (?)», et précisant plus loin, «(?) Pour moi, en tant que philosophe, la panne est dans les concepts, dans les idées, dans les théories. Il est important de revoir la manière de traiter avec la modernité. Cela doit se faire avec un esprit ouvert, un esprit synthétique, avec une logique créative. La devise idéologique utilisée autant par les modernistes que par les fondamentalistes a fait d'eux des dinosaures conceptuels et des dragons terroristes. Les deux groupes donnent priorité au Texte, à la fetwa, à la chariaà, au zaim, au guide au détriment de l'Etat, des lois, de l'intérêt public et de la vie commune. Pour moi, c'est le mal supérieur. Mal qui détruit les sociétés arabes. Le zaim passe avant l'intérêt public. L'imam passe avant l'intérêt national. Le hidjab passe avant l'Etat et la République (?)» (Cf. Entretien avec Fayçal Mettaoui dans El Watan du 2 novembre 2009).

Ces préoccupations sur les modernistes et traditionalistes dans le monde arabe, et leur échec souligné par le grand philosophe libanais, suscitent actuellement plus que jamais des interrogations fondamentales, tournant principalement autour des raisons majeures de ce revers persistant, de tout temps renouvelé!? Et c'est dans le but de cerner quelques raisons majeures à l'origine de ce statu quo figé arabe, que des efforts de réflexions, d'études et de recherches méritoires de nombre de penseurs du monde arabo- musulman, en général, sont entrepris, poursuivis et renouvelés, principalement depuis une certain 11 septembre 2001 et les nouvelles théories dérivantes du «choc des civilisations» et de «l'islamophobie»?

Dans le souci d'apporter, dans ce contexte, une modeste contribution, la présente réflexion tentera, - autant que faire se peut et sans prétention autre que d'être d'un utile apport- d'exposer quelques possibles éclairages sur ce thème récurent , en vue de cerner, avec le concours de réflexions étayées de certains grands penseurs, ce qui aurait été à l'origine de cette crise caractéristique de la modernité arabe, ou « panne qui se situerait au niveau des idées», pour reprendre Ali Harb. Et à ce propos, l'on ne peut que très bien comprendre ce que déplore le grand philosophe libanais lorsque parlant du savoir -faire des modernistes dans le monde arabe, il a notamment déclaré que ces derniers ont échoué parce qu'ils se sont comportés avec la modernité comme s'il s'agissait d'une religion, la sacralisant comme les traditionalistes l'ont fait pour le Texte, d'où la principale faillite, considérant que « les modernistes autant que les traditionalistes ont échoué. Les deux puisant leurs ressources dans une pensée unique, sélective, fermée, absolue et agressive. Le bilan est là : les modernistes sont à la marge (?)» (Cf. El Watan du 2 novembre 2009).

En d'autres termes ce sont ces sempiternels conflits oppositionnels d'autarcie et d'imposition doctrinale intellectuelle ou spirituelle, unilatéralistes, qui sont à l'origine de beaucoup de déviations, qui empêchent à chaque fois, indubitablement, la possibilité d'entrevoir l'éventualité d'une évolution autre, plus appropriée dans la scène intellectuelle arabe constamment en régression, du fait d'absence d'un minimum d'entente concertée cohérente. Concertations en vue d'éventualités d'échanges, de communications fructueuses, etc., parfaitement du domaine du possible, pourvu que les bonnes volontés soucieuses de décloisonnement intellectuel salutaire puissent se manifester. Même si- pour le signaler au passage- l'outil d'expression linguistique des divers intellectuels du monde arabo- musulman ou de ses diasporas éparses à travers le globe, s'avère divergent, l'essentiel étant que tous ces derniers puissent communiquer entre eux, sachant que c'est, surtout le courant d'appartenance théorique intellectuel sectaire, de référence ou idéologie doctrinaire fanatique d'affiliation qui sépare les esprits , indépendamment de leurs différences de classes, de langue, ou de zones territoriales, en général.

Or ce souci commun de stratégie de coopérations et d'efforts conjugués dans la perspective d'un objectif de développement multisectoriel collectif, entrepris par les élites éparses en chaque pays, et au niveau international autour de projets prenant en considération conjointe la richesse des diversités spécifiques de chaque communauté d'appartenance, c'est assurément ce qui fait défaut, comme on ne le sait que trop depuis belle lurette , aux intellectuels, modernistes ou traditionalistes, du monde arabe, préoccupés principalement par des questions de leadership sans partage, ou positions unilatérales ,reléguant conséquemment à l'arrière - plan, toutes priorités urgentes de développement concerté et de rapports démocratiques ou de «choura» salutaires. Chaque camp ou partie clanique demeurant dans ses positions, convaincus qu'ils sont de la justesse infaillible de leurs vues partisanes qui les mettent en droit de se réclamer ouvertement devant leurs ouailles et les autres, de leur leadership incontesté, situation caractéristique en divers domaines de la pensée intellectuelle, politique, socioéconomique, culturelle doctrinale, ou religieuse d'ordonnancement - exégétique législative rigoriste, etc., allant, à contre - courant de moult recommandations démocratiques et préceptes «chouratiques», défiant absolument tout bon sens par ces attitudes persistantes d'arrogance et d'aveugles considérations présomptueuses..

Ali Harb, n'a pas manqué de mentionner dans l'un de ses ouvrages consacrés à cet épineux problème des « illusions des élites» et schismes des intellectuels arabes, en général, en constantes stériles confrontation, ce qui suit : «(?) ils se combattent parce qu'ils considèrent leurs convictions absolument inébranlables, ce qui signifie qu'ils n'acceptent pas la variance et la divergence d'opinion dans les prise de position contradictoires. La raison pour laquelle je dis, souvent, aux protagonistes de ces débats conflictuels, avec un esprit de distanciation (?) : si vous ne vous acceptez pas, celui qui se trouve en dehors de votre règle de jeu, vous considérerait comme des groupes de musulmans suivant chacun sa voix, ce qui m'amène à dire aux partisans du courant nationaliste, islamiste ou marxiste, le pari est ailleurs, il consiste à renouveler le discours et à entreprendre une relecture du monde d'une lecture efficiente qui n'admet pas la reprise du logo traditionnel ou l'agrippement aux sempiternelles positions de thèses du sur- place improductif . Comme j'interviens dans le débat antagoniste entre l'islamiste et le marxiste pour leur dire que, nonobstant leurs divergences autour des concepts, ils ont beaucoup de points communs, puisque chacun d'eux pense avec une attitude extrémiste, chacun d'eux recourt à la logique de l'exclusion et stratégie du refus réciproque, et chacun d'eux entretient un projet tendant à embrigader les gens et à les dominer.» ( Cf. Ali Harb, «Awham An-noukhba?», (Les illusions des élites) éd. Centre Culturel Arabe, Beyrouth, 2004, extrait traduit de la p.187 par l'auteur de la présente réflexion.)

Ainsi l'intellectuel arabe, de surcroît, incapable de prendre conscience des vrais enjeux du défi à soulever du développement et de la modernisation, en concertation positive avec autrui, -concédant de part et d'autre des concessions, «en vue de conjuguer les efforts ensemble pour éteindre «l'incendie décivilisationnel» qui les menace tous», - persiste à se complaire dans des luttes de leadership unilatéraliste, sans partage, et alors même qu'en son propre être, même, et de quelque bord qu'il soit, est déchiré entre tradition et modernité.

SEQUELLES DU COLONIALISME ET TRAUMATISME DE LA MODERNITE

«Nous sommes frappés de dédoublement de la personnalité», comme le déclara le psychiatre Lotfi Bendiouis (auteur, entre autres, d'un essai «L'Occident et le monde arabo-musulman», éd. Dar El Gharb, Oran 2004) lors d'un entretien, poursuivant, «Une moitié de notre être est croyante, prie, jeune et va au pèlerinage. L'autre moitié frappe ses valeurs de nullité dans les banques, devant les tribunaux et dans les rues, dans les cinémas et théâtres, voire même chez lui, parmi les siens, devant la télévision. On est à contre - courant dans tous les domaines de l'évolution que l'on constate en Occident depuis la dernière guerre mondiale : démocratie contre autocratie, laïcité contre le «tout religieux», individu contre communauté. Et les écarts ne finissent pas de se creuser. On veut une chose et on fait une autre (?)», précisant par ailleurs, «Le communautarisme peut évidemment, exister à des degrés divers dans toute société. Le communautarisme était une force plus puissante dans la France médiévale qu'il ne l'est dans la France moderne, et il est, aujourd'hui, plus puissant au Moyen - Orient qu'en Europe. Mais l'individualisation et la différenciation sont une tendance lourde en Occident, dont la dynamique est encore en œuvre et a étayé, historiquement, aussi bien le capitalisme que la démocratie. Ainsi à l'inverse du monde arabe, l'individu en Occident s'est peu à peu différencié de la tribu, de la tradition de la famille, du sacré et de la religion», et, «se différencier, c'est se désamarrer, se démarquer de manière qu'il n'y ait plus de primauté du moi social sur le moi individuel. La différenciation a commandé au fil des temps, d'autres significations et valeurs : l'autonomie, les limites et la singularité individuelle. L'Occident a mis ce concept de l'autonomie du sujet au centre de ses préoccupations : l'homme devient autonome et maître de lui- même, contrairement à la tradition islamique ou l'individu n'est d'abord que l'humble serviteur de Dieu sur terre. Un point important doit être signalé et qui explique en partie le retard, disons l'échec du développement (?) les politiques économiques que les instances internationales, le FMI par exemple ou les firmes multinationales, proposent ou imposent à l'échelle internationale sont fondées sur l'idée que la différenciation et l'individualisation sont universelles ce qui est faux.

C'est d'ailleurs l'une des raisons majeures pour lesquelles les politiques économiques échouent car les élites des pays arabes miment un discours économique qui est en décalage avec la réalité de leurs sociétés. (?) En ce début du 21 è siècle, le débat «science -Coran» est presque dépassé. Les musulmans consomment la technologie occidentale sans percevoir les contradictions avec leur identité» culturelle. Ce qui est objet de débat aujourd'hui, c'est la compatibilité de l'Islam avec les «mœurs» occidentales. C'est sur la question de la femme de la laïcité, de la démocratie, etc., qu'on s'interroge désormais. La modernité a établi cette équation, selon laquelle, pour être moderne, il faut se comporter comme un homme ou une femme occidental(e) or certains musulmans ne veulent plus de cette notion de modernité, ils sont dans une approche non mimétique. La modernité oui, mais sans les valeurs que véhiculent l'Occident, c'est-à-dire sans séparation du politique et du religieux et sans dilution de l'Oumma (la communauté des croyants) dans des états - nations?»( in entretien réalisé par Amine Bouali dans La Voix de l'Oranie du 15/11/ 2003).

Ainsi, comme en conclut Lotfi Bendiouis, nous continuons à concevoir la modernité, non pas en termes de rupture mais de renouveau avec le passé ancestral, et les persistances néo-féodales du culte de la «ta'a» (obéissance aveugle) au détriment de la réflexion et de l'opinion individuelle («Aql: raison) encouragé dans les pétromonarchies et les pays du monde arabe, en général, ne font qu'accentuer davantage, aujourd'hui, la dualité , ou dichotomie modernité / tradition au lieu d'œuvrer d'arrache-pied à l'émergence d'un relatif équilibre salutaire, passant nécessairement par la promotion des sciences, de la culture et des arts ,etc., dans un climat propice de démocratie et de tolérance : la persistance de sous - cultures, blocages et tendances autoritaristes ,etc., en l'absence de tout travail de profondeur court - circuite constamment, tout projet d'émancipation et d'évolution socioculturelle , conjointement avec les valeurs déferlantes de la modernité , aboutissant , souvent, à de tout autres résultats et effets que ceux escomptés, en général.

D'UNE CERTAINE VISION EUROPEOCENTRISTE DE L'HISTOIRE

En rapport avec ce qui précède, le Dr Djamel Guerid, de l'université d'Oran, soulève dans ce contexte, une intéressante question dans son remarquable ouvrage «L'Exception Algérienne», ouvrage où , à l'issue d'un vaste tour d'horizon critique, argumentations à l'appui sur les péripéties du mal- développement en Algérie et les contradictions adjacentes de ses élites parties prenantes, des fameuses années soixante-dix de «l'industrie industrialisante», il parvient, en fin de compte, à certains constats analytiques fort édifiants .

Ainsi l 'universitaire mentionnant qu'aux lendemains de l'indépendance de l'Algérie, acquise au prix des lourds sacrifices que l'on sait , et après les ambitieux projets de développement du pays engagés sur tous les fronts , - comme par exemple, le projet très connu de l'industrie industrialisante qui s'était résolument assigné la modernisation sociale d'un milieu dévasté par les graves séquelles coloniales, - ce processus enclenché , au lieu d'aboutir à cette société développée véhément souhaitée, soi-disant progressiste semeuse de justice sociale et porteuse d'espoirs de toute une génération des années soixante-dix du dernier quart du siècle passé, qui a ainsi contre toute attente , abouti quelques années plus tard, à une crise majeure ,généralisée sur tous les plans . Au lieu des résultats escomptés , cette dynamique de développement tout azimuts est parvenue non pas à cette large reconfiguration sociale économiquement évoluée et prestigieusement moderne et prospère escomptée , mais plutôt à une situation de crise sociale multidimensionnelle , avec une sorte de «réactualisation» de certains pans de du modus ?vivendi traditionnel transplanté de la campagne à la ville en zone urbaine, («rurbaine» notent les sociologues), et donnant aussi l'émergence à ce type d' «ouvrier majeur», dont fait état Djamel Guerid, dans L'exception Algérienne où il note , d'une manière générale, à propos de la politique de l'industrie industrialisante en Algérie et ses implications socio-économiques que «contre toute attente, l'expérience déboucha , moins de deux décennies plus tard, sur une profonde crise économique, sociale, politique et culturelle», cette crise sans précédent, imposant au régime «au milieu des années 90, (?) des révisions stratégiques déchirantes et le contraint à passer «sous les fourches caudines» des institutions monétaires internationales(?)», ajoutant, «En cette période des fins des certitudes , un autre mythe venait de tomber: l'Algérie rentre dans le rang; elle est désormais «normalisée». (Cf. l'Exception Algérienne).

Autrement dit, c'est toute une stratégie de développement qui aboutit, en somme, à la débâcle, et pour cause? Les mésaventures du développement, éclaire l'universitaire tirant les enseignements, «sont aussi les mésaventures des théories qui ont permis les analyses sur le développement et sur les réalités sociales contemporaines en général. L'examen auquel il a été procédé, (?), de l'idée et de la pratique industrialistes du développement puis l'examen de la société majoritaire réellement produite par ce développement pose, bien sur, un problème sérieux à la théorie de développement, en fait, à la théorie tout court. C'est le problème des superlunettes posé par Wallerstein» (Cf. l'Exception Algérienne). Cet auteur pense que «nous vivons tous ?libéraux et marxistes, gens du centre et de la périphérie, bourgeois et prolétaires, noirs et blancs, - avec des superlunettes façonnées, pour l'essentiel par la révolution française et à la suite la révolution culturelle mondiale dont elle a été le point de départ. Ces superlunettes furent fabriquées sur la forge de la philosophie des Lumières et elles sont teintées de la quasi-certitude d'un progrès inévitable et prométhéen» (cf. Wallerstein I, Postface à Copans J., La longue marche de la modernité africaine, 2ème édition, Karthala, 1998, p.369.)

Le Dr Djamel Guerid qui a fait état de cette citation dans son ouvrage «L'exception algérienne» tirant au terme de son constat critique l'enseignement que «longtemps toutes puissantes ces superlunettes ne sont plus aujourd'hui «qu'une paire parmi quelques autres», par conséquent , et il en appelle de tous ses vœux , à entamer d'urgence, sans tarder une réflexion collective afin, dit-il, «de fabriquer un modèle de remplacement», ( voir L'exception algérienne, p.329, Casbah éditions, Alger 2006).

En d'autres termes l'universitaire attire l'attention de l'intellectuel Algérien et du monde arabo-musulman, en général, partisans du changement, sur la nécessité de reconsidérer les conceptions modernistes héritées d'une certaine vision occidentaliste classique du monde devenue obsolète, surtout, convient-il d'ajouter, à l'heure du nouveau paradigme de l'histoire contemporaine des sciences, techniques productives et nouvelles technologies de l'information et communications, et, entre autres, des métissages et cultures ouvertes transfrontières?

Plus clairement, les raisons de ces perpétuels revers essuyés, trouvent leur explication, selon ce que sous-entend notre universitaire, dans les conceptions erronées de nos intellectuels «modernistes» profondément imprégnés d'une certaine vision occidentaliste classique du monde , devenue inopérante dans le contexte évolutif du nouveau paradigme scientifique, technologique et culturel contemporain. « Les mésaventures du développement sont aussi les mésaventures des théories qui ont permis les analyses sur le développement et sur les réalités sociales contemporaines en général» nous dit Djamel Guerid qui après l'examen auquel il a été procédé , de l'idée et de la pratique industrialistes du développement puis l'examen de la société majoritaire réellement produite par ce développement, s'est heurté à un sérieux problème relatif à la théorie de développement , celui qu'il a eu le mérite de diagnostiquer sous nos cieux, « le problème des superlunettes posé par Wallerstein», énonçant ,pour le répéter encore une fois, «nous vivons tous ?libéraux et marxistes, gens du centre et de la périphérie, bourgeois et prolétaires , noirs et blancs, - avec des superlunettes façonnées , pour l'essentiel par la révolution française et à la suite la révolution culturelle mondiale dont elle a été le point de départ. Ces superlunettes furent fabriquées sur la forge de la philosophie des Lumières et elles sont teintées de la quasi-certitude d'un progrès inévitable et prométhéen» (cf. Wallerstein I, Postface à Copans J., La longue marche de la modernité africaine, 2ème édition, Karthala, 1998, p.369).

C'est pourquoi Djamel Guerid s'est empressé, au terme de son étude critique de prévenir que longtemps toutes puissantes ces superlunettes ne sont plus aujourd'hui «qu'une paire parmi quelques autres», aussi en appelle-t-il, en toute logique, à leur changement judicieux, c'est-à-dire, à l'entame d'urgence d'une réflexion collective, préconise-t-il, afin «de fabriquer un modèle de remplacement.»

AUX SOURCES DE LA CONCEPTION PROMETHEENNE DE L'EVOLUTION HISTORIQUE LINEAIRE

Et dans cette optique, compte tenu, dans l'abord de notre problématique de reconsidération des modes consacrés critiques en rapport avec les théories occidentales évoquées, notamment celles dérivant des conceptions modernistes héritées, et pour davantage de clarté, il serait utile, peut ?être, de nous replonger dans le passé de cette pensée classique occidentale , aux fins de nous permettre de s'étendre par la suite, sur de possibles autres approches qu'inspire la nouvelle pensée critique complexe dans les sciences sociales . Cette dernière caractérisée particulièrement par son axiologie multidirectionnelle, ouverte, présentant cet avantage d'une approche nouvelle, pluridimensionnelle, nettement décentrée, collant apparemment mieux aux réalités complexes des diverses conjonctures imbriquées de l'histoire, déterminées par leurs constantes mouvances mutationnelles ? interactionnelles, d'une manière générale. Approche tendant, par conséquent, à aller outre ce conditionnement intellectuel de la «vision de ces superlunettes» héritée, qui continue pas moins d'imprégner toujours les conceptions «modernistes» de nos esprits , attelés continuellement à l' idéologie persistante de la «ligne directrice prométhéenne ascensionnelle mythique permanente, découlant directement de la philosophie des Lumières». En jetant un bref regard rétrospectif sur les soubassements théoriques sous-tendant les origines de cette philosophie des Lumières qui a brillé de mille feux en ses temps et au-delà, on aura l'opportunité, peut-être, de se faire éventuellement une idée sur ce qui a caractérisé, au juste, ces préceptes cartésiens rigoristes d'un progrès prométhéen ascendant, perçu comme universel, permanent, inexorable, conception qui est à la base de cette vision occidentaliste autocentrée, conditionnant une approche, on ne peut plus, «européocentriste» , pas si «universaliste» qu'elle parait l'être !

Datant des siècles des Lumières, donc, cette vision classique de ces dites superlunettes conditionnantes, inaugura en son temps, partout en Occident et par- delà le monde par la suite, un regard tout à fait neuf, prolongeant, ce qui avait notamment été entamé, lors de l'avènement de la Renaissance Européenne au XVI è siècle, en matière d'approche sociologique nouvelle de la communauté humaine. Ce regard autre, plein d'intérêt aux autres cultures, se développa et s'accentua surtout à partir du siècle des Lumières (aux 18è et 19è siècles précisément) avec l'émergence d'une tradition d'approche de l'évolution historique d'un point de vue laïque, se basant notamment sur les principes de la rationalité critique. .Tendance particulièrement révolutionnaire à l'époque, durant laquelle s'est distingué l'éminent penseur et homme de lettres français Voltaire, (et son compatriote le philosophe et législateur Montesquieu), qui a pu passer de la vision antérieure de l'histoire, considérée d'un point de vue cloisonné, ethnocentrique, à une vision plus large prenant en ligne de compte l'histoire de l'espèce humaine tout entière, d'une manière générale. .

Cependant, cette tendance dans son aspiration à prendre ses distances vis-à-vis de la vision traditionnelle, n'a pu se défaire des inclinaisons et jugements de valeurs inhérents à son milieu culturel ambiant. Mais au 19eme siècle, le mouvement du Romantisme florissant s'était attelé à mettre en exergue tout ce qui différencie une civilisation d'une autre, préférant ne pas adhérer à l'hypothèse des penseurs du 18eme siècle qui considéraient que l'ensemble des sociétés humaines dépendait d'un unique cours évolutif. Et partant, il clamera que l'espèce humaine se différencie en chaque lieu et en chaque période, de par ses multiples aspects et particularités divergentes. Les deux philosophes allemands Johan Von Herder et George Filheil Frederik Hegel ont particulièrement insisté sur les différences observables des gens de civilisations différentes, inaugurant les fondements des études comparatives des civilisations. Puis, il est apparu, à la suite des découvertes des restes des civilisations antiques ensevelies, que la civilisation n'est pas ce progrès évolutif suivant un cours continu comme une ligne droite du passé vers l'avenir, mais est plutôt sujette à des involutions et des régression. Et c'est ainsi que depuis la moitié du 19è siècle, le discours sur la communauté sociale ou la société a pris le pas sur celui de la civilisation?

On s'est rendu compte que les cultures et les civilisations sont multiples et diverses, mais l'hypothèse de la civilisation, d'une manière générale, suivant une ligne d'évolution progressive continue, n'a pas pour autant disparu. Ainsi, l'exposé dans le domaine des sciences sociales, de l' évolution historique supposée de l'humanité ,par étapes graduelles successives d'un Morgan ou Auguste Comte, soit la référence constante à cette ligne de progression continue, a fortement été contesté par nombre de penseurs , par la suite, dont le penseur contemporain Arthur Koestler, qui à propos de l'histoire de la science notamment , faisait remarquer , à juste titre, qu' «on avait pris l'habitude de se représenter son cours comme un cheminement régulier, comme une courbe ascendante continue, chaque époque ajoutant une parcelle de savoir à l'héritage du passé afin d'édifier pierre après pierre , toujours plus haut ,le temple de la connaissance . En d'autres termes : la civilisation quitte l'enfance magique et mythologique, passe par tous les stades de l'adolescence et parvient à la froide et rationnelle maturité. En réalité, l'histoire des sciences et des techniques le montre assez bien : le progrès n'est pas continu. La philosophie de la nature a évolué par bonds entrecoupés de fausses pistes, de culs de sacs, de retours en arrière, de périodes de cécité et de crises d'amnésie. Les grandes découvertes qui en ont fixé le cours furent quelquefois des trouvailles inattendues de chercheurs poursuivant de tout autres lièvres (?)» (Cf. Arthur Koestler, Les somnambules, éditions Calmann- Lévy, Paris 1986.)

DE LA DEMARCHE ANTHROPOLOGIQUE DU DECENTREMENT DU REGARD

Par ailleurs, la conception linéaire classique , remise en cause dans le domaine des sciences sociales, l'a été également ,de façon toute particulière, dans le monde des arts et lettres, comme l'entend, à ce propos, l'avis de l'universitaire Latino-américaine, Maria Christina Batalha: «S´il est vrai qu´au XVIII e siècle prédominent les idées des philosophes des Lumières axées sur la raison, le progrès et le bonheur, en opposition aux ténèbres du fanatisme et de l´archaïsme dans la politique et dans les sciences, il est également vrai que cet ensemble d´idéaux est loin d´être cohérent et homogène. (?)Sur le plan esthétique, on ne saurait nier que le rationalisme illustré s´est avéré un élément déclencheur de la remise en cause critique de toute une tradition littéraire, en en refusant les normes jusqu´alors inébranlables, et il a orienté la création artistique vers la quête de l´innovation de la forme et du sens de la production littéraire, ce qui a permis d´ouvrir le chemin à l´explosion romantique, notamment en Allemagne et, postérieurement en France».

 Et la spécialiste d'observer, «c´est donc grâce à ce foisonnement d´expériences littéraires nouvelles - et faisant écho à autant de paradoxes qui traversent le Siècle des Lumières - que surgit le récit fantastique. Celui-ci en incorpore les nouvelles ressources et les thématiques déjà présentes dans le roman gothique et, par le biais de combinatoires narratives inusitées, suscite un effet d´ ?étrangeté? qui déplace l´horizon d´attente du lecteur.(?)», poursuivant , « C'est donc dans le cadre de la contradiction et du questionnement que surgissent les premières manifestations d'une littérature qui revendique la liberté de l'imagination créatrice et amorce la tentative de ramener à la fiction toute une dimension de la vie humaine qui en avait été oubliée par l'imposition d'un canon à prédominance réaliste(?)», et notre universitaire de considérer «Incapable d'appréhender le monde ou d'amener une réponse satisfaisante au chaos que l'on tente d'ordonner , l'instrumental de la rationalité ne peut plus être requis et le concept de réel devient inefficace pour rendre compte du non - sens du monde.(?)A notre sens, le fantastique apparaît alors comme une réponse esthétique à la conscience de la discontinuité, au sentiment de fragmentation et aux paradoxes qui pèsent sur les grandes idées qui dominent le Siècle des Lumières et qui sont à la base du malaise qui traverse le siècle du Romantisme (?)», pour conclure plus loin , « Le fantastique s´avère alors une littérature qui met en scène le jeu entre la raison et la déraison, le naturel et le surnaturel, le possible et l´impossible»,et, «(?) devient, ainsi le lieu de la déconstruction critique de la représentation du réel et d´un monde qui tente de se présenter comme continu, linéaire et régi par de grands principes unificateurs (?)»( extrait de l' étude critique «La fiction fantastique : une littérature de la crise ou crise de la littérature», consultable sur site Internet ( http/// www.arabesques-editions.com) de l'universitaire Latino-américaine Maria Christina Batalha, Dr en littérature comparée «Universitade do Estado do Roi de Janeiro», UERJ- Brésil).»

D'une manière générale, la conception classique linéaire qui prévalait (et continue de l'être) en sciences sociales et divers autres domaines, reste tributaire d'une certaine vision autocentrée, liée à un sens univoque de la «civilisation humaine» ,et qui selon Claude Lévi-Strauss, demeure très répandue , à des degrés divers, dans l'ensemble des sociétés : visions, nous dit l'éminent anthropologue , qui sont particulièrement entachées de cette «attitude la plus ancienne , et qui repose sans doute, sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue» ,et, «consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles, morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions».Par exemple, la plupart des peuples «primitifs» considèrent que l'humanité cesse, à leurs frontières géographiques ou linguistiques (ils se désignent d'ailleurs souvent par un ethnonyme: «hommes» , «êtres humains» , etc., par opposition aux étrangers).De même, les sociétés dites «historiques» ont toujours eu du mal à penser l'humanité dans sa diversité culturelle, ainsi la civilisation Gréco-romaine qualifiait de «barbares» tous ceux qui n'appartenaient, pas à sa culture.

Dans tout les cas selon Claude Lévi- Strauss, le comportement ethnocentrique traduit un même mode de pensée: «On refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit» (Cf. Claude Lévy Strauss, Race et histoire, éditions Gallimard, Paris 1960).

Afin d'éviter la dérive de ce type d'interprétation selon sa propre vision du monde, F. Laplantine montre que «la démarche anthropologique entraîne une «révolution du regard», elle implique un décentrement radical, un éclatement de l'idée qu'il existe un «centre du monde» et, par la même, un élargissement du savoir et une mutation de soi-même». Considérer les phénomènes culturels comme objet d'étude scientifique oblige, par conséquent, l'anthropologue à adopter une posture de neutralité axiologique (notamment vis-à-vis de sa propre culture). (cf. François Laplantine, in Clefs pour l'anthropologie, éd. Seghers. Paris 1987).

A la lumière de ce qui vient d'être exposé, l'on ne comprend que trop bien les préoccupations d'un Djamel Guerid se montrant préventif contre le mode de vision persistante de ces toutes puissantes superlunettes qui ne sont ,pourtant, aujourd'hui plus «qu'une paire parmi quelques autres», appelant, , par conséquent, à leur changement judicieux, c'est-à-dire, à l'entame d'urgence, comme il le dit, d'une réflexion collective, afin «de fabriquer un modèle de remplacement».

Cette réflexion collective, à vrai dire, a débuté déjà, il y a une décennie, à certains niveaux régionaux maghrébo-arabes, initiée aussi bien par des francophones que des arabophones, ou bilingues, soucieux de cerner de près la problématique et de tenter de dégager de possibles perspectives de concertations et de convergences autour de stratégies de remédiassions relatives, tentatives, de l'avis d'observateurs avertis, considérées comme étant assez originales dans l'ensemble. Témoins en sont les échos retentissants dans la sphère arabe louant les efforts de renouvellement de la pensée arabo- musulmane , entrepris par les Ali Harb, ou le non moins célèbre, Mohamed Abed El Jabri, entre autres, dans leur tentative de contribution visant à dégager une pensée arabe moderne, à la fois authentique et ouverte sur l'universel, tendant à battre en brèche les traditionnels schismes idéologiques politiciens et doctrinaires religieux jusqu'au-boutiste, et à prendre relativement les distances vis-à-vis d'un certain mode de pensée européocentriste réductif.

LE DEFI A RELEVER DES ASPIRANTS AU PROGRES CIVILISATIONNEL MODERNE DANS LE MONDE ARABE

Ainsi, et à la lumière des considérations évoquées ci-dessus, beaucoup reste à faire en Algérie et dans le mode arabe, d'une manière générale, où, comme l'a affirmé le philosophe Ali Harb, les modernistes autant que les traditionalistes n'ont pu jouer un rôle efficient quelconque pour éviter l'échec «programmé». Et ce, en raison des stratégies étriquées, rigoristes et unilatéralistes de ces élites intellectuelles, toutes langues confondues, n'admettant dans la majorité des cas, que leurs thèses exclusives, rejetant toutes éventualités de concertations démocratiques pluralistes entre leurs diverses tendances, faisant de la sorte, le jeu des pouvoirs centraux oppresseurs, n'en demandant pas autant pour continuer à accentuer leurs divisions. Ainsi, en Algérie ( et dans le monde arabe en général) ces déplorables incommunicabilités tranchées entre tous ces modernistes ,tendance «plus démocrate que moi tu meurs», ces ultra nationalistes s'accaparant le fond commun d'une insurrection nationale anticoloniale de tout un peuple, ces représentants de la dite opposition qui ne se concertent même pas entre eux, pis encore se regardent en chiens de faïence, ou encore ces partisans de la «choura» musulmane limitée ne recourant ni au dialogue stratégique avec autrui, ni ne se référant même pas au «pluralisme juridique islamique» ou l'ouvertes sur l'Ijtihad réformiste, etc.,etc. Soit une somme de facteurs négatifs de désunions et d'impasses , concourant à bannir, en Algérie par exemple, tout ce qui est de nature à contester la mainmise idéologique courante ,entre autres, des éminences algériennes occidentalistes maximalistes déconnectées des réalités citoyennes nationales; des représentants parmi les élites organiques officielles opposées au multilinguisme et multiculturalisme; des «doctours» baathistes partisans du monopole panarabiste, des identitaristes ethnocentriques partisans de l'autonomie berbériste dissociée de l'Algérie - Mère, des «'Allama Machrékistes» extrémistes des exégèses religieuses sectaires allumant les feux «Haram» de la»fitna» entre musulmans d'une même communauté , etc.,etc., autant d'attitudes dissonantes prônées par toutes ces catégories ou factions d'intellectuels de divers horizons, se complaisant perpétuellement dans ce rôle négatif et totalement improductif qui ne fait qu'aggraver ,sur le plan évolutif, la dégradation sociale et le recul civilisationnel, d'une manière générale.

Et ce d'autant plus que toutes les parties sociales prenantes sont perdantes dans l'affaire, à moyen ou long terme, inévitablement. D'où l'urgence de remédier à cette situation empoisonnante d'incommunicabilité, source, en grande partie, de tous les maux, torts et travers alimentant ces barrières qui séparent continuellement les intellectuels entre eux. Surtout que l'observateur attentif qui se pencherait de près sur la réalité sociale environnante du monde arabe, pourrait aisément se rendre compte, plus d'une fois, que modernistes et traditionalistes, ne se présentent guère, ainsi, dans l'absolu, mais ils le sont de manière toute relative, partageant bien des points communs entre eux. Et qu'au lieu d'entreprendre l'effort de se tendre la main pour relever le défi du développement commun, dans leurs pays et envisager des plate ?formes d'entente démocratique, des contrat sociaux , des gouvernances d'unité nationale, selon les particularités zonales, etc., les intellectuels du monde arabe persistent, dans la majorité des cas, dans des combats d'arrière-garde, assistant ,généralement, de façon impuissante, au manège , d'une part des dirigeants politiciens accentuant leurs autoritarismes autarciques menaçant l'avenir des jeunes laissés pour compte de ces malchanceuses contrées, et d'autre part à celui des dites oppositions aux activismes caractérisés fréquemment par des apports stériles à la société civile , leurs leaders ,généralement militants des beaux discours de salons, demeurant la plupart du temps totalement coupés des citoyens qu'ils ne sollicitent qu'à l'occasion des grandes échéances électorales. Et bien entendu, la catégorie qui déçoit le plus, étant celle des intellectuels universitaires et producteurs de sens, ceux notamment dont on attend les apports les plus efficients dans ce contexte?

Il y a, certes, beaucoup d'obstacles et contraintes se dressant dans la voie des intellectuels, en plus de leurs divergences particulières, mais ceci ne devrait pas, cependant, constituer, en principe, une raison pour s'abstenir d'entreprendre toutes sortes d'initiatives concourant à réunir et communier les adeptes de la noble pensée émancipatrice dans le monde des sciences , des techniques, arts , cultures plurilingues , spiritualités tolérantes, etc. Autrement dit, toute une panacée qui se devrait d'être promue et encouragée , notamment à la faveur des vents nouveaux , locaux et universels, qui se lèvent à l'horizon, attisant les espoirs de modernisation, des communications - échanges multidimensionnels, via réseaux multimédias, cultures médiatiques du cyberespace ,etc. , propageant partout les appels à l'observation mondiale et régionale des droits et libertés de l'homme, droits de la femme ,de l'enfant et des personnes âgées , les tolérances réciproques, métissages culturels, démocraties participatives citoyennes, etc., suscitant réellement de grandes espérances de rejaillissements d'énergies nouvelles , susceptibles de briser les barrières de stagnation et les sempiternelles mésententes de la politique surannée des murs ennemis aberrément dressés entre les membres d'une même communauté , qui ont en partage, un avenir commun à construire: le voilà le terrain des confrontations d'idées et de savoirs compétitifs à engager démocratiquement et pacifiquement, la société civile et la culture, en général, n'en sortiraient que grandies par ces confluences de volontés responsables devant leurs consciences et l'Histoire.

* Auteur- journaliste culturel indépendant.