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La guerre au nom de l'oligarchie bancaire

par Belhaouari Benkhedda *

Beaucoup estiment que les droits de l'homme sons issus des Lumières, le mouvement philosophique qui a dominé le monde des idées en Europe au dix-huitième siècle.

Une idée reçue veut que l'humanisme ait été inventé par les philosophes des Lumière ! Pourtant la vérité est autre. En Occident, deux siècles avant les Lumières, ce sont des prêtres catholiques qui ont prêché le principe de l'égalité des droits de l'homme en s'opposant à la barbarie commise dans le contiennent américain et en prenant la défense des Indiens. Donc l'humanisme existait bien avant le dix-huitième siècle et ce sont des prêtres qui le défendaient. L'Eglise a été pendant longtemps injustement calomniée à cause de quelques exactions commises par des fanatiques religieux. Selon l'historienne Marion Sigaut, auteur du livre «Mourir à l'ombre des Lumières, l'énigme Damiens», publié aux Editions Actes Sud en 2010, l'Eglise n'a pas fait ce qu'on a prétendu à propos de l'inquisition (l'institution judiciaire chargée de lutter contre l'hérésie), et le Roi de France n'a pas été l'affreux monarque affamant le peuple. Une fois L'Eglise et le Roi ont été éliminés de la scéenne politique, les humanistes, millionnaires pour la plupart avaient la voie libre devant eux, ont décidé alors de s'approprié les richesses du monde au nom des droits de l'homme et de la raison, ou plus précisément au nom du capitalisme libéral. Concurremment, le peu d'humanistes sincères ont été marginalisés par la bourgeoisie dominante.

LA GUERRE AU NOM DES DROITS DE L'HOMME

En France, au dix-huitième siècle, les payants étaient organisés pour bien vivre, le savoir était accessible à tout le monde et le prix du pain était plafonné. Cela a continué jusqu'à la fin du siècle, période durant laquelle la misère à touché la paysannerie à cause des règles économiques libérales qui ont commencé à être appliquées. La misère s'est accentuée après la révolution française ; il faut le dire, les pauvres ont été écrasés au nom du capitalisme libéral. On veut faire croire aux gens que le libéralisme promue par les Lumières a permis une révolution industrielle.

En fait, le principal progrès enregistré alors est l'enrichissement d'une oligarchie bourgeoise sur le dos des enfants envoyés aux mines. Si le peuple a pu arracher quelques droits après la révolution, c'est uniquement grâce aux défenseurs des petits gens comme Maximilien Robespierre qui disait : «Partout où le peuple n'exerce pas son autorité, et ne manifeste pas la volonté par lui-même, mais par des représentants, si le corps représentatif n'est pas pur et presque identifié avec le peuple, la liberté est anéantie.»

Le peuple ne devait rien aux théoriciens millionnaires comme l'Abbé Sieyès qui disait : « Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. S'ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n'est pas une démocratie (et la France ne saurait l'être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » (Discours de l'Abbé Sieyès à l'Assemblée nationale, le 7 septembre 1789). Il est à noter que Maximilien Robespierre a été guillotiné en 1794 et que l'Abbé Sieyès a continué à occuper les postes politiques les plus prestigieux comme président du Sénat conservateur sous l'Empire.

En 1830, l'Algérie a été colonisée au nom de la supériorité de la civilisation européenne. Les Algériens devaient subir d'atroces injustices parce que le colonisateur a décidé ainsi. D'autres guerres ont fait des milliers de victimes au nom de l'humanité.

Au vingtième siècle, la deuxième guerre mondiale menée contre le nazisme s'est soldée par la création de l'Etat d'Israël au détriment de la Palestine. Récemment, l'Irak a été détruit au nom de la liberté et de la démocratie. Faire la guerre préventive, faire la guerre sans l'aimer, faire la guerre humanitaire sont autant d'impostures utilisées par le néocolonialisme.

LA GUERRE AU NOM DE L'OLIGARCHIE BANCAIRE

A qui profite le crime ? De tout le temps, la guerre a profité à une poigné de gens.

La colonisation de Algérie à peu profité au petit peuple français, mais a beaucoup profité aux élites et bourgeois français. La deuxième guerre mondiale a bénéficié exclusivement aux multinationales et banquiers américains. En Irak, après l'invasion du pays, Paul Bremer a été nommé administrateur par les Américains.

Quinze jours après son installation, il a commencé à vendre les richesses de l'Irak aux enchères. Les multinationales ont fait fortune, à titre d'exemple, la compagnie de service pétrolier Halliburton a reçu 20 milliards de dollars de contrats.

Depuis, un siècle, le monde est entré dans un labyrinthe orienté. Le 23 décembre 1913, la FED (Réserve fédérale américaine) a été crée. La Banque centrale américaine est en fait une banque privée composée de 12 banques non américaines (internationales), parmi lesquelles la Goldman Sachs, la JP. Morgan Bank, la Rothschild Bank et la Rockefeller Bank.

La FED a le monopole de la création de la monnaie de papier, si le gouvernement américain a besoin d'argent, il doit l'emprunter à la FED. Voilà un siècle que la politique des Etats-Unis est influencée par une oligarchie bancaire de la même manière que le FMI exerce son diktat sur les pays du Tiers-monde. A chaque fois que les Etats-Unis mènent une guerre, ils s'endettent et les banquiers s'enrichissent. Le pire, le dollar américain ne vaut même pas l'encre qui a servi pour écrire sa valeur nominale, car il n'est pas étalonné sur l'or. C'est absurde, le billet vert est imprimé à partir de rien.

Les banquiers investissent leurs gains en achetant des matières premières et des terres. A présent, ils sont devenus tellement riches qu'ils envisagent de gouverner le monde, bien sûr en brandissant des slogans palpables.

Leurs porte-parole nous disent : «La démocratie ne trouvera son accomplissement que lorsqu'elle sera une structure avec un gouvernement mondial, des gouvernements régionaux et des gouvernements locaux.» Autrement dit : «abandonnez vos principes et votre souveraineté nationale et laissez nous gérer le monde selon la loi de la jungle, celle du profit capitaliste.»

Il faut savoir que la balkanisation du Grand Moyen-Orient est une étape essentielle avant l'édification du gouvernement mondial. Afin d'affaiblir les Etats arabes, les mondialistes ont toujours eu besoin de la présence d'un flic.

Rappelons-le, en 1897, au congrès de Bâle, Théodore Herzl, le fondateur du mouvement sioniste a proposé une véritable alliance aux puissances coloniales de l'époque : «Pour l'Europe, nous formerons là-bas un élément du mur contre l'Asie ainsi que l'avant-poste de la civilisation contre la barbarie».

En 1917, les Etats-Unis ont accepté d'allouer des crédits au Royaume-Uni à condition qu'il facilite la création en Palestine d'un foyer national juif. Avoir des colons au milieu du monde arabe arrangeait ceux qui avaient une vision mondialiste des deux côtés. Plus tard, le Shah d'Iran a proposé la même chose aux maîtres du monde.

Aujourd'hui, tout nous laisse penser que le Roi du Qatar a formulé la même proposition. Au moment où Benyamin Netanyahou bombardait le Soudan, un pays arabe et musulman, Hamad bin Khalifa Al Thani était en visite à Gaza.

La chaîne Aljazeera ne voyait que son Roi, et nous n'avons pas entendu des dénonciations sérieuses de la part de Rejeb Tayeb Ardogane qui se veut le gardien des droits de l'homme au Grand Moyen-Orient. Il est dès lors légitime de se demander si ces professionnels de la politique ne se partagent pas les rôles au profit du même patron ?

* Universitaire