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Gestion des risques majeurs : Une coordination qui se fait attendre

par M. Nadir

Tous les instruments réglementaires destinés à la prévention des risques majeurs et la gestion des catastrophes sont en place, ne reste que l'installation de la Délégation nationale au risque majeur qui doit fédérer toutes les énergies et la synchronisation des actions: «Nous attendons toujours la mise en place de cette structure qui doit assurer la coordination intersectorielle entre les différents intervenants» a déploré Docteur Mohamed Belazougui, directeur au centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS), hier sur les ondes la radio nationale, en expliquant que «la prévention des catastrophes fait appel à beaucoup de disciplines et d'expertises qui doivent être coordonnées à un certain niveau.» D'ailleurs, la loi a prévu la création d'un comité national de coordination intersectorielle qui est rattaché à cet organe national: «L'ensemble des secteurs et organismes concernés doivent siéger et animer les différentes actions dans leurs domaines d'activités et adresser un rapport annuel au Gouvernement pour faire le point sur l'évolution des plans nationaux de prévention prévus par la loi et qui doivent être mis en place», a-t-il encore précisé en soulignant l'urgence de l'installation de ce chef d'orchestre dépendant du ministère de l'Intérieur : «On ne peut agir efficacement que dans un cadre coordonné.» Incapable de risquer une explication sur le retard mis dans l'installation de cette structure vitale pour la prévention des risques et la gestion des catastrophes, Mohamed Belazougui a toutefois signalé qu'il existait une «certaine coordination» pour les relations avec l'étranger puisque le ministère des Affaires étrangères préside un groupe produisant un rapport biannuel pour les nations unies : «Le rapport préliminaire est prêt , le rapport final est en préparation pour la réunion des nations à Genève, en mai. Mais sur le plan interne, il n'y a pas de coordination générale.»

Sur la question des risques sismiques, le directeur du CGS a reconnu que les recherches menées ont confirmé que les aléas sismiques sont plus importants que ce qui avait été déterminé par d'anciennes études : «Chaque fois qu'on fait appel à la géologie et la sismicité historique, on trouve que l'aléa sismique est plus fort que ce qui a été déterminé par l'étude 1978.» Cette étude qui avait servi à l'élaboration de la première carte de macro-zonage, intégrée dans le règlement parasismique en 1981, avait été menée à l'époque avec l'aide de l'université américaine de Stanford sur la base de la sismicité historique (catalogues des séismes avec les dégâts provoqués). Et de fait, des études menées par le CGS en 1998 ont conduit au reclassement d'Alger de la zone 2 à la zone 3, soit un cran de plus en terme de risque sismique: «En fait, a-t-il rappelé, la sismicité de toute la bande côtière allant d'Oran à Jijel se justifie par sa situation à la frontière des deux plaques Africaine et Eurasienne mais plus on se déplace vers les Hauts Plateaux, plus le risque diminue jusqu'à s'estomper au pied de l'Atlas Saharien.»

Ceci étant, et en termes de prévention de risques, une première phase des études de vulnérabilité des installations et bâtiments stratégiques (présidence, premier ministère, Intérieur, protection civile, hôpitaux...) a été lancée et a touché un certain nombre d'infrastructures importantes à Alger, Oran et Constantine pour s'assurer de leur capacité à supporter le choc : «Non seulement ces structures ne doivent pas s'effondrer et provoquer des victimes mais elles doivent demeurer fonctionnelles pour agir en cas de crise», a souligné Mohamed Belazougui en indiquant que ce type d'actions doit être étendu à l'ensemble des villes afin de déterminer si ces bâtiments stratégiques répondant aux exigences, doivent être renforcés ou simplement abandonnés et le personnel réaffecté dans des bâtisses plus sûres. Jusque-là, le siège de la wilaya d'Alger est la seule construction à avoir enregistré un début de renforcement il y a une quinzaine d'années...

En tout état de cause, Mohamed Belazougui a rappelé que tout ce qui se construit désormais doit répondre aux critères de résistance parasismique, la loi sur l'aménagement et l'urbanisme de 1990 et amendée en 2004 stipulant que toute construction sans permis devra être démolie par les pouvoirs publics au maximum dans le mois qui suit.