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Pourquoi la Syrie ?

par A. Benelhadj

Suite et fin

L'Islam turc offre une version intelligente et efficace, conciliant d'un côté le respect des traditions et des préceptes religieux et, de l'autre, une modernité sociale, politique et scientifique adaptée au monde d'aujourd'hui. La Turquie se pose en modèle qui ne renonce ni à l'identité, ni à la différence, à contre-jour du dilemme arabe, incapable d'offrir la moindre perspective : des sociétés coincées entre aliénation, catalepsie aride et intégrisme doctrinal. L'érection de la Turquie comme modèle ne relève pas de la génération spontanée. C'est à Istanbul en juillet 2011 que le terme a été utilisé pour la première fois, même si l'idée était dans l'air depuis longtemps. Des intellectuels arabes « avisés » vantent les vertus de ce régime à longueur de page de journaux au Maghreb et au Machrek.35

C'est Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, qui a posée la Turquie en modèle pour le monde arabe en mutation, appelant à son rôle croissant dans la région :

« La région, et les peuples du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord en particulier, veulent retirer les leçons de l'expérience de la Turquie. Il est vital qu'ils apprennent les leçons que la Turquie a apprises et qu'elle met en pratique tous les jours », a déclaré la secrétaire d'Etat lors d'une conférence de presse à Istanbul avec son homologue Ahmet Davutoglu. « L'histoire de la Turquie rappelle que le développement démocratique dépend de dirigeants responsables », a-t-elle ajouté, en hommage implicite à Atatürk, enterrant définitivement l'Empire Ottoman et, dans le même mouvement, les tentations et illusions islamistes: « Il est important que ces dirigeants responsables se fassent les mentors de la nouvelle génération de dirigeants dans ces pays ». (AFP, S. 16/07/2011 à 16:14)

Il est vrai que la Turquie était devenue, sous l'OTAN, depuis le séisme tunisien la « Mecque » de la contre-révolution, la plaque tournante où se réunissaient les stratèges occidentaux et proche-orientaux pour organiser la déstabilisation d'abord de la Libye et aujourd'hui de la Syrie ainsi que le contrôle des mouvements populaires en Tunisie et en Egypte. Pendant qu'en Turquie on installait une base logistique opérationnelle pour répondre sur le plan tactique, à Washington (et sans doute aussi « ailleurs »), s'ordonnait une réflexion globale sur l'analyse des phénomènes observés et la réplique à long terme qu'il convenait de leur apporter avec toujours, en première approximation, le même objectif : maintenir et développer les intérêts occidentaux dans la région.

Et pourtant, de toute évidence la Turquie sera peut-être le plus grand perdant du « printemps arabe » et pas seulement de la crise syrienne. En tenant compte d'abord de la géostratégie de l'énergie qui détermine pour une large part les événements dans cette région du monde depuis au moins un siècle.

GEOPOLITIQUE DU GAZ.

On peut écrire l'histoire du XXème siècle en retraçant celle du pétrole, des pays pétroliers et surtout celle des ingérences des transnationales des hydrocarbures dans la vie des nations. C'est que pétrole est la manière première essentielle qui, plus qu'une énergie, est à la base de presque tous les autres produits, de l'automobile et de l'organisation des paysages urbains, cadre de vie de la majorité des êtres humains de cette planète.

Le gazoduc Nabucco est un projet lancé en 2002 pour contrer la dépendance énergétique de l'Union Européenne à l'égard de la Russie36 . Une offensive similaire à celle que Reagan avait entreprise au début des années 1980 pour les mêmes raisons et ainsi priver l'URSS de liquidités et de technologies en tentant d'interdire (via le COCOM, et la loi Export Administration Act), la vente de turbines à gaz fabriquées en Europe, notamment par Alsthom Atlantique.

NABUCCO EST UN MORT-NE. POURQUOI ?

1.- La Russie a lancé un projet concurrent qui contourne la Turquie.

2.- Le gaz iranien qui devait alimenter le gazoduc est soumis à blocus, ce qui réduit sa valeur économique, d'autant plus que l'Azerbaïdjan se tourne vers Southern en 2009 et le Turkmenistan vers la Chine ;

La faillite probable de Nabucco fait deux victimes : la Turquie qui a de gros besoins en énergie et en devises, la Commission Européenne qui n'est pas parvenue à court-circuiter la Russie.

C'est l'axe Berlin-Moscou-Pékin, objectivement complémentaire, se consolide peu à peu au détriment de l'Axe Atlantique. Pour réduire ses contraintes géostratégiques et vendre directement son gaz à ses clients, la Russie a lancé les deux gazoduc pour alimenter l'Europe de l'Ouest : le North Stream et le South Stream. Le premier relie la Russie à l'Allemagne par la mer Baltique en évitant la Pologne, le second par la mer Noire évite l'Ukraine et la Turquie ainsi privée de revenus.

Les enjeux énergétiques sont de plus aiguisés par la découverte de gisements de gaz convoités aux frontières non encore définitivement de Chypre, d'Israël, de Ghaza, de Syrie et de Turquie.

Alors que les Critères de Copenhague lui ouvrent virtuellement les portes de l'Union Européenne à laquelle elle aspire, la Turquie continue de piétiner aux portes de celle-ci avec aucune perspective réelle d'admission, car elle est bloquée par Nicosie et la France qui a décidé sous Chirac de soumettre son entrée à un référendum qui ne lui laisse aucune chance, en l'état actuel d'une opinion publique française travaillée par de sourdes campagnes islamophobes. Une Turquie condamnée en outre pour « génocide » contre les Arméniens (1915/1916).

Etant donné le rôle que joue Ankara dans l'aide précieuse qu'elle apporte à son opposition, la Syrie en sens inverse a beau jeu à faciliter l'action des Kurdes qui entretiennent avec la Turquie un conflit chronique. Dix soldats turcs et une vingtaine de rebelles kurdes ont été tués dans de violents combats survenus dans la nuit début septembre dans le sud-est de la Turquie. Ankara qui a aussitôt accusé le PKK qui a démenti. Le PKK a multiplié ses attaques ces derniers mois contre les forces d'Ankara. En août, une attaque à la voiture piégée avait fait aussi dix morts.

Le conflit avec le PKK, considéré par Ankara comme une organisation terroriste, a déjà coûté quelque 45.000 vies dans des combats qui durent depuis 1984. Non seulement aucune solution politique pour mettre un terme à ce conflit n'apparaît en vue en Turquie, mais depuis l'effondrement du régime de S. Hussein, les Kurdes disposent d'atouts stratégiques dont ils n'ont jamais pu jouir dans l'histoire récente. Une région dotée d'une autonomie qui confine à une souveraineté et surtout les bases matérielles de leur liberté d'action : des ressources pétrolières considérables. Désormais, les Kurdes sont en position de rêver à un espace national à cheval ? pour l'essentiel - sur l'Irak, l'Iran, la Turquie et la Syrie. La déstabilisation de la Syrie aura sans aucun doute des conséquences incalculables sur la carte de géographie de la région et, naturellement, à ces bouleversements, il est peu probable que la Turquie échappe.

C'est dire à quel point, la chute du régime d'Assad n'est au fond que peu compatible avec les intérêts de ceux qui sont mobilisés à le renverser. La Turquie est de ce nombre.

LE JOUR D'APRES ?

Si le conflit syrien dure aussi longtemps ce n'est pas seulement parce que les armadas qui mouillent au large de la Syrie ne sont pas intervenues. Elles interviennent, y compris sur le sol syrien, il serait naïf de présumer le contraire, et pas uniquement via les légions islamistes mobilisées par l'Arabie et le Qatar. Et cela malgré l'obstruction à l'ONU de la Chine et la Russie, en dehors d'une mission formellement approuvée par les Nations Unies.

Nous l'avons vu, aucune médiation ne peut dissoudre le conflit par la concertation dans la mesure où personne ne veut négocier avec un chef d'État qu'ils somment de se démettre, en l'attente de son procès pour l'éliminer de manière expéditive comme S. Hussein ou, dans le feu de l'action, comme M. Kadhafi.

Le crépuscule de la médiation internationale laisse donc la place à la guerre : ce qui reste, selon v. Clausewitz, lorsque la politique se révèle incapable de trouver une solution aux antagonismes. Les politiques ? toujours en œuvre dans les coulisses ? reprendront langue publiquement plus tard lorsque les « autres moyens » auront épuisé leurs effets.

La guerre en Syrie participe du paysage géostratégique mondial post-guerre est-ouest. La disparition des blocs brouille le jeu et le rend illisible pour ceux qui étaient habitués à appréhender les conflits idéologiques à travers leur expression nationale territoriale.

La violence et le fracas des armes sont circonscrits dans un espace à deux dimensions posées aux limites :

- jusqu'à quel point l'aide extérieure apportée aux rebelles est-elle compatible avec le blocage au Conseil de Sécurité pour préserver le régime syrien et leurs intérêts ?37

- jusque-là quel point l'aide extérieure et la résistance intérieure de l'armée syrienne est-elle compatible avec l'investissement et les objectifs de ceux qui veulent abattre le régime de Assad ?

Qui, au voisinage d'une transition de phase catastrophique affectant son camp, le premier (quel que soit l'argument qu'il avancera pour le justifier) sera tenté de franchir sa limite ?

La Russie et la Chine accepteraient-elles que le Proche-Orient soit une zone d'influence exclusivement occidentale, avec tout ce que cela implique sur le plan géostratégique : les mers et océans, les principales routes commerciales, les ressources naturelles dont dépend une part importante de la prospérité chinoise, repoussant plus au nord ce qui reste de la puissance russe, vers le Caucase et les anciennes républiques socialistes soviétiques musulmanes ?

En attendant le gambit suivant.

L'opération syrienne est d'abord un investissement occidental considérable, financé il est vrai pour une large part par les monarchies et émirats de la région.

Les initiateurs de cette affaire consentiraient-ils facilement à ce que toutes ces dépenses, y compris en vies humaines (on compterait des combattants qataris, tunisiens, libyens?38 ) aient été mobilisés en vain ?

Un jeu de chat et de souris asymétrique et incertain, complexe et dangereux, car aucun protagoniste ne peut garantir qu'un conflit militaire une fois engagé se limitera à l'échelle projetée locale ou régionale?

Pour le camp des rebelles il importe que cette guerre soit tenue pour civile39 , le régime de Assad pour abominablement dictatorial, « oppressif et illégitime »40 , la Russie et la Chine pour cyniques et l'Occident pour comminatoire et respectueux des règlements internationaux, seulement disposé à aider un peuple à se libérer par ses propres moyens.

Il arrive que les guerres entre nations, aussi mortifères soient-elles, à défaut de redonner vie, consolident les hommes autour de la haine de leur ennemi. C'est encore plus vrai pour celles qui en sortent victorieuses.

Cela n'est pas le cas pour celles qui se sont déchirées, fut-ce avec la collaboration de tiers.41

Quel que soit le résultat de ce conflit, et quels qu'en soient les vainqueurs, on peut dire que ceux qui voulaient détruire la Syrie et qui en parlaient en terme de « jour d'après », ont déjà atteint leur objectif. À l'issu de ce conflit, de la Syrie diverse et paisible d'avant le « printemps » ne sera jamais plus tout à fait la même. Un coup terrible aura été porté à un fragile équilibre social et politique par lequel cohabitait une multitude de minorités qui administraient leurs différends sans faire couler le sang.

C'est peut-être pourquoi les minorités chrétiennes soutiennent le régime en place et que d'autres (pas toutes) en font autant au Liban42 .

C'est que tout le monde a vu la paix et la prospérité apportée par l'Amérique de Bush en Irak : rien de moins que la destruction d'un pays. Pour cela, Desmond Tutu l'archevêque noir sud-africain et prix Nobel de la paix estimait ce dimanche dans l'Observer britannique que les anciens dirigeants américain et britannique George Bush et Tony Blair devraient être jugés à la Haye pour la guerre en Irak, basée selon lui sur «un mensonge». 43

Cela s'est répété en Libye et entamé en Syrie : Les milliers de morts, les destructions des infrastructures et des habitations, les déplacements de population, la suspicion et les peurs intercommunautaires, la dégradation inévitable des niveaux de vie? marquent du sceau de l'irréversibilité l'histoire d'une nation. Cela exigera beaucoup de temps pour les effacer. L'histoire est une affaire d'historiens. Aux peuples qui ont vécu les horreurs de la guerre, il faut toujours un peu de légendes et de mythes et un peu d'amnésie salutaire pour fabriquer une société des nations et rendre la présence d'autrui et sa propre compagnie, sup portable?

POUR MEMOIRE

La Mésopotamie, là où le néolithique prit naissance, le plus vénérable lieu de passage de l'histoire humaine où se sont croisées langues et techniques, cultures et religions, hommes de sciences et marchands? a vu aussi passer les barbares et possède une expérience douloureuse de leurs œuvres.

Avant janvier 1991 et mars 2003, Baghdad fut rasée et sa population massacrée par les Mongols de Houlagou Khan en 1258, après un siège de 20 jours. Beyt el-Hikma fut pillé et son contenu jeté dans le Tigre : traités philosophiques, livres d'art, de poésie et d'histoire, ouvrages scientifiques et mathématiques ? une somme de savoirs accumulées au cours de plusieurs siècles, fruit de l'effort de nombreuses sociétés.

A l'issue du pillage, rapportent les chroniqueurs de l'époque, le Tigre charriait plus de sang et d'encre que d'eau.

POUR DES PRUNES?

Nous sommes à la moitié du XIIème siècle. Plus d'un siècle avant l'arrivée des hordes mongols. Lors de la deuxième croisade, Damas avait été ciblé par l'Ordre du Temple et Baudouin III de Jérusalem, ainsi pompeusement anobli. Les armées françaises de Louis II, les Francs opportunistes qui ont changé d'alliance ainsi que le reste des barons français et germaniques se joignirent à cette périlleuse campagne. L'Emirat de Damas devait être défait pour annihiler la résistance musulmane qui menaçait ? déjà - les intérêts européens au Proche-Orient.

Le siège de Damas commença le 24 juillet 1148 et fut levé quatre jours plus tard, en une défaite majeure des croisés signifiant la fin momentanée de leurs équipées44 .

Les Européens ne partirent pas bredouille. De leur déroute, ils ramenèrent dans un trophée : des boutures prestement cueillies dans les vergers entourant la capitale syrienne et une expression qui illustre depuis la déconvenue que les vaincus ? comme à leur habitude - prennent soin de garder secrète: « Ils étaient venus pour des prunes »?

Il est douteux que les Occidentaux aient retenu l'aménité et les vertus de la « bonne reine » de François 1er, partie très jeune, laissant son prénom à une variété délicieuse de ce fruit qui compense par sa délicatesse les circonstances de son arrivée en Europe.

Il est possible que les bédouins alentours à peine dégrossis par l'Islam, enrichis par les hasards de la géologie et les chutes de tables calculées des « Sept sœurs », ont oublié un nectar auquel ils n'on jamais goûté et n'aient donc rien pu retenir de l'époque où Damas éclairait le monde au commandement duquel il s'imaginent aujourd'hui invités à participer. «Je dois avouer que, même si çà m'écorche la langue, ce monsieur [Bachar El Assad] est aimé par son peuple». Antoine Sfeir (directeur des Cahiers de l'Orient).

Note :

35 C'est ainsi que de nombreux Algériens se découvrent un attrait particulier pour la généalogie : Le loisir habituel des classes bourgeoises incultes et vieillissantes. La frétillante découverte d'une ascendance turque tient d'une aristocratie de parvenu, comme il en fut sous la Restauration et le Second Empire français. Des modes semblables s'observaient en Egypte sous Farouk, à Alexandrie et au quartier cairote Zamalek, à San Isidro ou Miraflores (à Lima, Pérou)?. C'est à cette recherche éperdue de « modèles » qu'on reconnaît généralement les sociétés et civilisations en perte de repères et de substance. Le déclin est au bout de la perte de confiance en soi, le signe d'une incapacité structurelle à innover, à explorer et à créer. C'est pourquoi on voit apparaître ce comportement dans les pays où les PIB reposent sur les exportations et leur logique contrepartie commerciale et consommatoire de produits importés et non sur une valeur ajoutée industrieuse, fruit du développement d'un génie propre. Lorsque le respect de soi requiert un « mode d'emploi », aucun mode d'emploi ne pourra jamais y pourvoir.

36 La Russie est, en effet, le premier fournisseur de gaz naturel des Vingt-sept (avec 40% des importations, ce qui représente 19% de la consommation totale de gaz de l'Union européenne) et le deuxième fournisseur de pétrole (avec 20 % des importations et 16 % de la consommation totale). La Hongrie dépend à 80% du gaz russe. Selon l'Agence internationale de l'énergie, la demande européenne de gaz devrait augmenter de 50 % d'ici 2020 et, selon le ministère russe de l'énergie, la Russie pourrait fournir 70% du gaz importé par les pays européens (http://www.senat.fr).

37 La Turquie a cessé, le 27 août, d'accueillir des réfugiés, laissant des milliers d'entre eux bloqués à la frontière. Serait-ce l'esquisse de la zone-tampon sous protection militaire occidentale, projetée pour contourner l'interdiction d'intervenir en Syrie et proposée par Fabius à l'ONU le 30 août ?

38 Les statistiques compilant le nombre de victimes sont aléatoires pour des raisons techniques : en période de guerre, n'en déplaise aux autorités syriennes car il s'agit bien de cela, il est toujours très difficile de dresser une comptabilité exacte de ce genre. C'est d'autant plus difficile que le nombre de morts subis ou infligés est une information tactique qui participe de la guerre. Pour toutes ces raisons, nous n'en ferons pas état. Il sera toujours temps à l'issu du conflit de compter les morts et les blessés, toujours trop nombreux, qui ne seront qu'une facette des graves dommages qu'occasionnent les guerres.

39 « Quand vous avez des combats entre civils armés anti et pro-régime, c'est une guerre civile », a déclare benoîtement le président de l'OSDH (AFP, 06 septembre 2012, 23h21).

40 Pour reprendre les termes du président égyptien Mohamed Morsi, le J. 30 août au sommet des Non-Alignés à Téhéran. Dans le même esprit que ceux de l'ambassadrice des Etats-Unis Susan Rice en octobre 2011, lorsque pour la première fois depuis 2008, Russes et Chinois opposent leur veto à une résolution interventionniste : « le courageux peuple de Syrie peut désormais voir clairement qui, dans ce Conseil de sécurité, soutient leur soif de liberté et de droits de l'Homme, et qui ne le fait pas ». (Associated Press, mercredi 05/10/2011 à 13:28)

41 Les Français se rappellent des chouanneries, de la « Terreur », de l'épuration dans la France de la Libération ou l'Allemagne de l'« ennemi intérieur » d'après les Accords de Versailles, qui accoucha pour partie du IIIème Reich.

42 Lire l'entretien accordé par le général Jamil Sayyed directeur de la Sûreté générale libanaise au Figaro du dimanche 02/09/2012 à 22:08.

43 Mgr Tutu estime que MM. Blair et Bush ont ainsi « déstabilisé et polarisé le monde à un degré jamais atteint par aucun autre conflit dans l'histoire», «avec le spectre de la Syrie et de l'Iran devant nous ».

Il cite des chiffres selon lesquels leur décision a abouti à ce que, rien qu'en Irak, « 6,5 personnes meurent quotidiennement dans des attaques-suicides et des explosions de véhicule ». « Plus de 110.000 irakiens sont morts dans ce conflit depuis 2003, des millions ont été déplacés », et fin 2011, « près de 4.500 soldats américains avaient été tués et plus de 32.000 blessés », ajoute-t-il.

« Rien que pour ces faits, dans un monde cohérent, les responsables de ces souffrances et de ces pertes de vies humaines devraient suivre le même chemin que certains de leurs pairs africains et asiatiques qui ont eu à répondre de leurs actes (devant la cour internationale de Justice de) la Haye », soutient-il.

44 Pour en apprendre davantage, lire l'excellente synthèse de Amin Maalouf, chrétien libanais de grande culture, élu à l'Académie française le 14 juin dernier : Les croisades vues par les Arabes. Jean-Claude Lattès, J'ai lu histoire, 1983, 318 p.