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Le duel Nezzar - Belkhadem et le reste

par Mohamed Ghriss



La bataille opposant au sein du parti FLN les partisans de Belkhadem au camp des redresseurs semble amorcer un autre virage à l'orée de la rentrée sociale qui s'annonce très tendue, apparemment.

Particulièrement à la faveur des accusations échangées entre le général en retraite Khaled Nezzar et le secrétaire général du FLN Abdelaziz Belkhadem, aubaine qui parait fournir l'opportunité à la mouvance des redresseurs pour faire résonner de plus belle leurs voix contestataires.

En se liguant pardi aux cotés du général retraité à qui ils signifient leur entière solidarité quoiqu'ils entendent par ce geste, saluer surtout l'initiative de la constitution d'une commission spéciale par le président Bouteflika chargée de la défense de l'ex haut cadre de la Défense nationale. Pour les redresseurs cette commission composée de diplomates, de cadres juristes et hommes politiques notoires, est appelée à défendre non pas l'honneur d'un individu ex cadre de la nation mais celui de la souveraineté de tout un pays et son armée populaire qui a eu à payer le prix fort pour sortir victorieux de l'hydre terroriste hantant actuellement des pays d'Occident hier si insensible aux tentacules du monstre qui s'agitaient pourtant à leurs abords.

Cependant, cette initiative de soutien des redresseurs au général Nezzar interpellé par une cour de Justice Suisse ( qui pour le signaler au passage se précipite quand il s'agit des autres mais qui localement n'a jamais daigné accorder un intérêt à la requête de nombre de nations civilisées exigeant la levée du secret bancaire sur les banques suisses noyées par l'argent blanchi en provenance de toutes parts suspectes du globe ?) beaucoup sont les observateurs qui la considèrent comme une manœuvre exploitant la guéguerre de mots entre Nezzar et Belkhadem pour propulser les schismes FLNistes au devant de la scène politique nationale.

Ainsi les redresseurs qui donnent raison au général en retraite quand il traite Belkhadem de «menteur», clarifiant que bien auparavant ils avaient constaté ce fait chez le leader de leur camp rival.

Inutile de dire que l'objectif des redresseurs tend plus que jamais qu'auparavant à rallier le maximum d'éléments autour d'eux pour faire barrage commun à Belkhadem lors des prochaines assemblées de militants du Parti qui promettent d'être très houleuses. Chaque camp mijotant son plan d'attaque pour la préservation bien sur de privilèges qui n'ont absolument rien à voir avec les intérêts suprêmes de la nation, chaque clan s'attelant depuis longue date à vouloir évincer l'autre. Ignorant que politiquement le Parti FLN est mort en fait, et de sa belle mort! Le mieux qui reste à faire pour ceux qui éprouvent encore quelque respect à son égard, c'est de laisser ce sigle des glorieux historiques de Novembre 1954 à l'Histoire et de refonder, par conséquent, un autre mouvement ou d'autres mouvements. Plutôt que de continuer à se chamailler ainsi sur un héritage qui ne leur appartient pas. La glorieuse Armée de Libération Nationale, l'ex ALN a déjà montré en quelque sorte l'exemple en transitant dès les lendemains de l'indépendance à l'institution renouvelée et modernisée de l'ANP, hissée ainsi au diapason de l'évolution des évènements.

A un moment donné on avait entendu parler de la nécessité de laisser le FLN à l'Histoire pour qu'il ne soit plus instrumentalisé par les politiciens et prédateurs de tous acabits: on avait entendu parler alors d'e l'idée d'un Front Démocratique des Libertés Nationales et par ailleurs d'un Front Populaire des Libertés Nationales, et même d'un FLN tout court mais «pluralisé» : un nouveau FLN actualisé en quelque sorte, s'épelant Front des Libertés Nationales et qui se proposait de libérer les esprits après que le l'historique FLN ait libéré la terre. Mais qu'est-il advenu depuis de ces idées audacieuses qui visiblement paraissaient se soucier davantage de l'avenir de la nation que de celui des politiciens- affairistes de la «chkara» visant le décrochement de sièges et privilèges parmi la nomenklatura des dirigeants et barons courtisans broutant dans les pâturages du sérail? En tout état de cause, et quoi qu'on en dise, il faut bien qu'un jour les prédateurs et politiciens du dimanche oeuvrant pour leur ego exclusif présentent la facture aux jeunes de ce pays qui las de scruter les vains horizons, paraissent de plus en plus déterminés à œuvrer et bâtir désormais chez soi, quitte à intégrer activement le champ des luttes sociales et s'impliquer dans le combat quotidien de la société civile qui est appelée à s'affirmer pour défendre et promouvoir les droits citoyens demeurant ignorés tant qu'ils ne font pas entendre eux aussi leur son de cloche dissonant.